Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de six textes, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de quelques thématiques phares. Cette semaine, place à la littérature, avec quelques écrivains à l’honneur : Robert Menasse, Frantz Kafka, Albert Cohen, Lola Lafon, Katharina Volckmer, Yishaï Sarid et Joshua Cohen.
La fin de l’hiver de la famine
Robert Menasse – Paru le
« Le singe est venu nous apporter le repas », dit mon père. Puis, après un silence : « … et un livre. » Un de ces longs silences dont il était coutumier. « C’est mon premier souvenir conscient. » Et c’était aussi le mien. En effet, je n’avais pas d’autres souvenirs que ceux de mon père et de mes grands-parents : après ce qu’ils avaient vécu et ce qu’ils en avaient raconté, tout ce que j’avais connu, moi, n’avait jamais pu avoir de signification permanente. Et puis on m’avait toujours demandé d’être reconnaissant de ne jamais avoir eu à faire l’expérience de quoi que ce soit, vu que j’étais né après. Dans ma famille, « expérience » et « obligation » allaient de pair, mais avec de la chance, on pouvait y échapper.
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Lola Lafon : Chère Anne Frank
Avishag Zafrani – Paru le
Lola Lafon publie Quand tu écouteras cette chanson, pour la collection Ma nuit au musée des éditions Stock. Si les auteurs choisissent en général des musées d’art, l’écrivaine décide de se rendre à la maison Anne Frank. Ce choix singulier s’inscrit dans le prolongement des thèmes de Lola Lafon, de l’écoute de la parole des jeunes filles, ainsi dans La petite communiste qui ne souriait jamais (2014), ou encore Chavirer (2020). Mais il ouvre un chapitre nouveau dans son œuvre : celui de la judéité et de la Shoah, dont on apprend comment il a été occulté dans les relectures du Journal d’Anne Frank, et comment la nécessité d’y revenir a permis à l’écrivaine de dévoiler son histoire juive, longtemps tue. Rencontre et podcast avec Lola Lafon.
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Boucher le trou – Sur « Jewish Cock » de Katharina Volckmer
Julia Christ – Paru le
Jewish Cock, le premier roman de Katharina Volckmer, Allemande exilée à Londres, a ébloui la critique et le public anglophone. L’œuvre, qui raconte la tentative de transformation d’une femme sur le point de changer de sexe, interroge la possibilité d’un tel geste, non dans l’absolu, mais pour l’Allemande qu’est la femme en train de l’accomplir. Résolument provocateur, mélangeant fantasmes sexuels sur Hitler et aperçus aigus sur nos sociétés contemporaines, le roman a récemment été traduit en français[1]. Julia Christ nous donne sa lecture de la parabole satirique de Katharina Volckmer, où plane l’ombre de Philip Roth, Woody Allen et Thomas Bernhardt.
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Le Monstre de la Mémoire : Entretien avec Yishaï Sarid
Stéphane Bou – Paru le
Paru il y a un an, Le Monstre de la Mémoire (Actes Sud) est le quatrième livre de Yishaï Sarid, après deux romans policiers[1]et un roman d’anticipation dystopique. Dans ce dernier, Le troisième temple, il imaginait Tel-Aviv et Haïfa détruites, le projet de reconstruction du temple de Jérusalem et Israël devenir un royaume théocratique. Le Monstre de la Mémoire est un récit tout aussi provocateur et dérangeant qui questionne la relation des Israéliens à la mémoire de la Shoah et à l’Europe.
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Kafka-les-yeux-gris
Avishag Zafrani – Paru le
Le trait de Kafka est accessible à nouveau : des centaines de dessins nous parviennent en libre-accès depuis la bibliothèque nationale d’Israël, où les archives de Kafka sauvées par son ami Max Brod demeurent. Une déception, semble-t-il, il n’y a pas de texte inédit parmi les papiers retrouvés. En revanche, on insiste sur le nombre de dessins et d’illustrations, qui doivent alors revêtir un sens plus important que prévu…
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Albert Cohen, romancier de la totalité
Maxime Decout – Paru le
Albert Cohen est le plus souvent considéré comme un écrivain français, alors qu’il est né citoyen ottoman et fut naturalisé suisse. Il est l’auteur d’un chef-d’œuvre qui lui permet d’accéder à la célébrité sur le tard : Belle du Seigneur (1968). Il est mort le 17 octobre 1981, il y a quarante ans. Cet anniversaire est l’occasion de revenir dans K., grâce à Maxime Decout — l’auteur d’Albert Cohen. Les Fictions de la judéité — sur la figure de celui qui fut le représentant de l’Agence juive pour la Palestine avant de se consacrer essentiellement à son œuvre, où se mêlent un lyrisme et une invention narrative hors norme – sans compter une puissante réflexion sur la judéité et le judaïsme. En 1925, Albert Cohen fonde une éphémère mais fondamentale Revue juive (cinq numéros) dont nous reproduisons à la fin de ce texte la Déclaration d’intention initiale.
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Une Amérique qui doute : A propos des « Nétanyahou » de Joshua Cohen
Par Danny Trom – Paru le 9 novembre 2022
L’arrivée impromptue de la famille Nétanyahou un jour de l’hiver 1959 sous le toit de la famille de Ruben Blum fait vaciller la vie du jeune professeur d’histoire dans une université de province de l’Etat de New York. Mais comment comprendre cet événement explosif que le romancier américain Joshua Cohen met en scène sans nous en livrer la clé ?
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