Quand l’Allemagne se bat contre l’antisémitisme. Première partie.

Dans le cadre de notre série d’enquêtes sur l’antisémitisme européen en partenariat avec la DILCRAH, Monty Ott examine l’état de la lutte contre l’antisémitisme en Allemagne, où l’urgence des problématiques contemporaines se trouve colorée par la responsabilité allemande dans la Shoah. À l’aide de la philosophie d’Adorno, et alors que la violence antisémite se déploie depuis le 7 octobre, la première partie de son enquête interroge la place de l’État dans ce combat, et la nécessité d’une approche impliquant l’ensemble des sphères de la société.

 

La chancelière allemande Angela Merkel en visite à Yad Vashem, 2021. Source : Yad Vashem

 

« Face à de telles personnes, qui en principe sont plus sensibles à l’autorité, et qui laissent du reste difficilement ébranler leur foi en celle-ci, nous ne devons pas renoncer à l’autorité. À chaque fois qu’elles s’avancent sérieusement sur le terrain des manifestations d’antisémitisme, les moyens de coercition disponibles doivent être mis en œuvre sans état d’âme, non par volonté de punir ou de se venger d’elles, mais pour leur montrer que la seule chose qu’elles respectent, à savoir une autorité sociale effective, s’oppose pour l’instant encore à eux. Les argumentations utilisées à leur endroit doivent elles aussi être construites, sans pour autant s’écarter en rien de la vérité, de manière à atteindre des personnes dotées d’une telle structure de caractère. »[1]

Contexte

On pourrait penser que Theodor W. Adorno est passé à côté de son sujet lorsque, à l’invitation du Conseil de coordination des sociétés de coopération judéo-chrétienne pendant la première Conférence européenne des éducateurs en 1962, il a exhorté les participants à « mettre en œuvre sans état d’âme les moyens de coercition disponibles ». Non seulement parce que la conférence portait sur les « préjugés » et qu’Adorno a rapidement précisé que l’antisémitisme ne pouvait être qualifié de tel, mais aussi parce que la citation ci-dessus ne ressemble guère à une démarche pédagogique. Cependant, le philosophe a poursuivi une sorte de double stratégie, à la fois par l’autorité et par la pédagogie, pour combattre ce que Jean-Paul Sartre avait décrit dans ses Réflexions sur la question juive comme une « passion » et « une attitude globale que l’on adopte non seulement vis-à-vis des Juifs, mais vis-à-vis des hommes en général, de l’histoire et de la société »[2]. Adorno illustre cette double stratégie par une anecdote concernant un groupe de chauffeurs au service de l’armée américaine. Il les avait entendus tenir des propos antisémites et les avait fait arrêter sans hésitation. Cependant, il n’en resta pas là, mais conduisit les détenus au poste de police et, une fois sur place, poursuivit la discussion avec eux et leur opposa une contre-argumentation[3].

Ce n’est pas sans raison que la maison d’édition Suhrkamp a republié le compte-rendu de cette conférence, initialement paru dans une anthologie plutôt confidentielle, après le 7 octobre 2023. Les agissements perpétrés ce jour-là ont en effet une fois de plus attiré l’attention de nombreuses personnes sur la présence menaçante de la violence antisémite. Il ne s’agit pas seulement des massacres barbares et des violences sexuelles systématiques perpétrés par l’organisation terroriste islamiste palestinienne Hamas en Israël. Il s’agit du « message génocidaire »[4] que les Juifs du monde entier ont entendu. Lorsque le Hamas a appelé à un « Jour de Colère »[5], il a ouvertement proféré une menace d’élimination des communautés et de l’État juifs. Pourtant, certains Allemands n’ont pas attendu ledit appel pour manifester leur soutien au terrorisme du Hamas. Dès le 8 octobre, on pouvait lire sur les réseaux sociaux des commentaires positifs et des relativisations, alors que les effroyables massacres de cette organisation islamiste battaient encore leur plein. Tandis que les terroristes continuaient d’assassiner et de mutiler des civils dans le sud d’Israël, des artistes allemands brandissaient des pancartes « Free Palestine » et « From the River to the Sea » ou affirmaient cyniquement que les personnes dansant à proximité d’une « prison à ciel ouvert » ou d’un « camp de concentration » méritaient bien le traitement leur étant infligé. Des membres de Samidoun, une organisation considérée par les autorités comme une vitrine du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), classé comme groupe terroriste, sont même descendus dans les rues de Neukölln à Berlin pour applaudir et distribuer des bonbons. Tout cela bien avant que l’armée israélienne lance sa contre-offensive dans le but de libérer les otages et de détruire le Hamas, bien avant que, selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 40 000 personnes aient trouvé la mort au cours de l’opération militaire.

Le « message génocidaire » a été entendu par les Juifs du monde entier. Lorsque le Hamas a appelé à un « Jour de Colère », il a ouvertement proféré une menace d’élimination des communautés et de l’Etat juifs.

Les commentaires positifs sur les actes terroristes du Hamas et la menace d’un « Jour de Colère » visant directement les Juifs en Allemagne ont incité de nombreuses personnes à se rassembler pour des veillées devant les synagogues le 13 octobre. Ces rassemblements avaient aussi pour but de protéger physiquement les Juifs souhaitant se rendre dans ces lieux de culte pour prier[6].

Mais le 7 octobre 2023 et les événements qui ont suivi n’ont fait que rendre encore plus évident ce qui était apparent depuis des années : l’antisémitisme devient de plus en plus violent et décomplexé. La violence ouverte contre les Juifs depuis l’attaque terroriste du Hamas a été rendue possible par un climat social dans lequel le danger de l’antisémitisme est relativisé, voire nié, depuis des années. Elle a été rendue possible par un climat social dans lequel l’antisémitisme a été instrumentalisé dans les débats publics, par exemple dans le cadre de la concurrence entre les partis politiques ou en faveur d’un durcissement des politiques d’asile et de migration. Depuis le 9 octobre 2019, date de l’attentat terroriste perpétré par l’extrême droite contre la synagogue et le KiezDöner de Halle (Saale), le pronostic énoncé par la linguiste Monika Schwarz-Friesel dès 2020 s’est confirmé : « Les idées antijuives sont toujours venues du centre, des écrits de penseurs et de personnes éduquées, avant de gagner la rue ».

Façade du bâtiment de la synagogue de Halle qui a été attaquée le 9 octobre 2019.

Cette évolution doit être comprise dans le contexte d’une histoire allemande profondément marquée par l’antisémitisme, même après 1945. En effet, malgré la défaite militaire des nazis, les mentalités et stéréotypes antijuifs n’ont pas disparu pour autant. Les actes de violence envers les Juifs, allant du terrorisme aux meurtres, ont malheureusement perduré dans l’Allemagne d’après-guerre[7].

Néanmoins, la question peut être posée : La lutte contre l’antisémitisme incombe-t-elle à l’État allemand ? Ou bien cette tâche revient-elle plutôt à la société civile ? Existe-t-il même une interaction entre ces deux acteurs ?

Critiques et défis

La décision des responsables politiques de faire de la lutte contre l’antisémitisme une mission revenant à l’État ne recueille pas que des applaudissements. Plusieurs acteurs très différents ne ménagent pas leurs critiques, estimant que l’antisémitisme n’est plus un problème ou remettant en question les motifs d’une telle initiative.

Il est souvent fait référence au discours que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel (CDU) a prononcé devant le parlement israélien, la Knesset, en 2008[8], dans lequel elle a déclaré que « la responsabilité historique de l’Allemagne […] fait partie de la ‘Staatsräson’ [raison d’État] de mon pays. Cela signifie que la sécurité d’Israël n’est jamais négociable pour moi en ma qualité de chancelière de l’Allemagne »[Voir ici le discours d’Angela Merkel]. Cette affirmation de la relation germano-israélienne avec une référence spécifique à la responsabilité allemande dans la Shoah a été critiquée parce qu’elle tirerait des conclusions erronées de l’histoire de l’Allemagne : une solidarité irréfléchie avec Israël émergerait, brouillant les frontières entre critique politique et antisémitisme et altérant la compréhension de ce dernier. Pareille démarche ne profiterait qu’au gouvernement de droite en Israël, lequel brandit l’« accusation d’antisémitisme » comme stratégie visant à lui conférer l’immunité. La lutte de l’État contre l’antisémitisme lié à Israël devient ainsi l’objet d’un certain nombre de controverses. Une autre critique reproche à l’État de trop décentrer sa lutte contre l’antisémitisme, au détriment des personnes racialisées, afin de détourner l’attention du fait que ce fléau est avant tout un phénomène de droite. Il en résulte des restrictions excessives de la liberté d’expression et de la liberté artistique. L’Allemagne tenterait ainsi de racheter sa faute historique par cette lutte exagérée contre l’antisémitisme de gauche ou musulman et ferait fi de l’antisémitisme de la population majoritaire. La question a également été posée de savoir quelles mesures concrètes résulteraient de cette « raison d’État ». S’agit-il d’un positionnement abstrait ou d’une politique pouvant se traduire aussi par des mesures relevant du domaine militaire ? Et quelles sont les conséquences pour la politique intérieure ?

Le contexte politique allemand est resté profondément marqué par l’antisémitisme, même après 1945. En effet, malgré la défaite militaire des nazis, les mentalités et stéréotypes antijuifs n’ont pas disparu pour autant.

Tous ces débats se déroulent dans un contexte compliqué. Ils recoupent des continuités historiques de natures très diverses : postcoloniale et post-nazie, raciste et antisémite. Ils ne se déroulent pas dans le vide, mais se rattachent aux nombreuses lacunes du passé : absence de confrontation avec les crimes de la domination coloniale, du Porajmos[9] et de la Shoah. Toutefois, il convient de souligner que l’antisémitisme et le racisme produisent tous deux des réalités sociales marquées par la violence. À cet égard, l’État dans sa lutte contre l’antisémitisme est confronté au défi de remettre constamment en question ses propres fondements et motivations, tout en affirmant la nécessité de ce combat. Seule cette démarche permet de se prémunir contre une approche biaisée. Il est aujourd’hui avéré que la lutte contre l’antisémitisme est parfois politiquement exploitée, mais aussi que l’antisémitisme est souvent relativisé, ignoré et reproduit, notamment par les antisionistes.

La lutte étatique contre l’antisémitisme en tant que politique concrète est un phénomène relativement récent. Jusqu’à présent, les discours politiques se limitaient souvent à des concepts abstraits comme l’« éducation » et le « dialogue » pour combattre les « préjugés », sans proposer de mesures tangibles.

« Ne croyez pas que les antisémites se méprennent tout à fait sur l’absurdité de [leurs arguments]. Ils savent que leurs discours sont légers, contestables ; mais ils s’en amusent, c’est leur adversaire qui a le devoir d’user sérieusement des mots puisqu’il croit aux mots ; eux, ils ont le droit de jouer. Ils aiment même à jouer avec le discours car, en donnant des raisons bouffonnes, ils jettent le discrédit sur le sérieux de leur interlocuteur ; ils sont de mauvaise foi avec délices, car il s’agit pour eux, non pas de persuader par de bons arguments, mais d’intimider ou de désorienter. »[10]

Les images et les modes de pensée antisémites sont également reproduits involontairement aujourd’hui jusqu’à un certain point. Cela s’explique notamment par le fait que l’influence de l’antisémitisme sur cette société a été poussée à l’extrême sous le national-socialisme. Cependant, même avant le troisième Reich, l’antisémitisme était banalisé. En même temps, les gens sont très réticents à l’idée d’être traités d’antisémites.

En principe, l’éducation et le dialogue se justifient dans le cadre d’une stratégie globale de lutte contre l’antisémitisme. En effet, ils peuvent atteindre les personnes qui n’ont pas une vision antisémite fermée du monde[11]. Des connaissances de base sur l’antisémitisme peuvent être transmises et la capacité d’agir face à ce fléau mise en pratique. Il faut également tenir compte du fait que le dialogue — en particulier après le 7 octobre — est souvent perçu comme un fardeau par les participants juifs[12].

Lors d’une manifestation à Berlin, on peut lire sur une pancarte : « Stop à l’Holocauste », 2024

Sur ce point, l’exigence d’Adorno est juste : la lutte de l’État contre l’antisémitisme dépend d’une stratégie globale qui s’attaque à ce phénomène dans toutes les sphères de la société. L’État doit contribuer à ce combat en donnant aux gens les moyens de faire face à l’antisémitisme et, pour ce faire, interagir avec la société civile. Il doit notamment créer des espaces dans lesquels les modes de pensée antisémites et les stéréotypes inhérents à cette culture peuvent faire l’objet d’une réflexion.

Il doit utiliser ses pouvoirs là où la menace antisémite met en danger la vie et l’intégrité physique des Juifs. Comme le disait Adorno : non pas « non par volonté de punir ou de se venger », mais pour « montrer que la seule chose qu’elles respectent, à savoir une autorité sociale effective» défend les fondements de la démocratie. Il ne s’agit en aucun cas de plaider en faveur d’une politique « de la loi et l’ordre », mais plutôt d’une application de la législation en vigueur. Ainsi, plusieurs experts juridiques du Bundestag allemand, en particulier Kati Lang et Ulrike Lembke, ont souligné que nombre de condamnations injustifiées liées à l’antisémitisme ont pour cause un manque de formation complémentaire des magistrats et de transfert des connaissances entre ces derniers et les universitaires. Le fait est que la législation existante[13] prévoit déjà des sanctions contre l’antisémitisme, lesquelles demeurent pourtant insuffisamment appliquées dans la mesure où la police, le parquet et les tribunaux ne disposent pas des compétences suffisantes pour qualifier correctement les actes incriminés.

La lutte de l’État contre l’antisémitisme dépend d’une stratégie globale qui s’attaque à ce phénomène dans toutes les sphères de la société.

En fait, la mission de lutte contre l’antisémitisme est déjà inscrite dans la Constitution allemande. Pas explicitement — ce qui est regrettable — mais implicitement : la Loi fondamentale a été entièrement rédigée en 1949 en tant que « contre-projet au totalitarisme du régime national-socialiste », comme l’a clairement indiqué la Cour constitutionnelle fédérale dans sa décision Wunsiedel en 2009. Pour citer à nouveau Adorno, elle a été écrite pour que « Auschwitz ne se répète pas, que rien de semblable ne se reproduise »[14]. Samuel Salzborn, la personne-ressource de Berlin en matière d’antisémitisme, souligne cependant en ces termes les problèmes qui ont découlé de cette approche : « La Constitution et l’ordre juridique (pénal) de l’Allemagne fédérale reposent encore sur l’hypothèse que l’antisémitisme fait généralement partie d’une certaine vision du monde (post-nazie), à savoir que les groupes porteurs de cette idéologie proviennent principalement de milieux d’extrême droite. C’était et c’est toujours le cas : l’antisémitisme fait partie intégrante de la vision du monde nazie et d’extrême droite, mais il est également très clair que l’antisémitisme est de plus en plus souvent diffusé par le biais de ‘détours’. Ceci parce que les antisémites croient […] qu’il existe un ‘tabou’ en matière de communication entourant les déclarations antisémites publiques, mais aussi parce que les supports de projection de l’antisémitisme ont changé. Les formes dominantes dans l’histoire de l’après-guerre étaient la défense antisémite face à la culpabilité et l’hostilité envers Israël : deux idées formulées dans les milieux d’extrême droite, mais aussi dans de nombreux autres milieux qui ne se perçoivent pas comme étant d’extrême droite. »[15]

Mesures

Dans l’accord de coalition de 2021 du gouvernement fédéral, le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), l’Alliance 90/Les Verts et le FDP (littéralement « le Parti démocrate libre », un parti libéral) ont explicitement fait référence à la lutte contre l’antisémitisme et se sont engagés à appliquer les mesures suivantes :

« Nous renforçons les initiatives qui promeuvent la vie juive dans sa diversité et combattent toutes les formes d’antisémitisme, comme l’a décidé le Bundestag en se référant à la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). En collaboration avec les Länder, nous veillerons à la protection des Juifs et de leurs institutions. Il est honteux et regrettable que ces derniers doivent être gardés en permanence en Allemagne. Nous nous engageons en faveur de la prévention, de la sensibilisation, de l’éducation et de la formation, ainsi que d’une plus grande détermination dans la poursuite et la documentation des incidents antisémites. Nous renforcerons la structure du commissaire chargé de la lutte contre l’antisémitisme. […] La sécurité d’Israël est pour nous une affaire d’État […]. Nous nous opposerons fermement aux tentatives de condamner Israël pour des motifs antisémites, y compris au sein des Nations unies » [Voir l’accord de coalition de 2021].

TWEET : https://twitter.com/democ_de/status/1370813036903202825?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1370813036903202825%7Ctwgr%5E925278724f1bc7589e93c1561993664309603ba2%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fk-larevue.com%2Fen%2Fgermanys-antisemitism-part-2%2F

Contenu du tweet : Relativisation du nazisme à la manifestation Corona à Berlin – Environ 1000 personnes ont protesté sous le slogan #Enough contre les mesures contre le coronavirus du gouvernement. Une partie des manifestants a relativisé le national-socialisme et la Shoah.

Cet engagement est notable dans la mesure où la transformation de la lutte contre l’antisémitisme en un « objet institutionnalisé […] de l’action de l’État » n’a commencé qu’après le tournant du millénaire. Bien que les « confrontations dans le contexte parlementaire, juridique et médiatique » qui se sont alors fait jour aient été principalement « sélectives », elles représentent un succès des luttes des « institutions juives et non juives et des acteurs de la société civile »[16].

A suivre


Monty Ott

Monty Ott est un auteur de livres politiques et un consultant pour la lutte contre l’antisémitisme et la promotion de la vie juive au sein du bureau de Marlene Schönberger (Verts), membre du Bundestag allemand. Il travaille depuis plus de dix ans dans le domaine de l’éducation à la lutte contre l’antisémitisme. Au début de l’année 2023, il a publié, avec Ruben Gerczikow, « ‘Wir lassen uns nicht unterkriegen’ – Junge jüdische Politik in Deutschland » [Nous ne serons pas vaincus – La nouvelle politique juive en Allemagne] aux éditions Hentrich & Hentrich.

Notes

1 Adorno, Theodor W, « Pour combattre l’antisémitisme aujourd’hui » [1962], in Prismes. Théorie critique, Vol 5, Éditions la Tempête, Bordeaux, 2023, p.112.
2 Sartre, Jean-Paul : Réflexions sur la question juive, Paris (1946).
3 Adorno, Theodor W., « Pour combattre l’antisémitisme aujourd’hui » [1962], op.cit.
4 « Sie stellen den Israelis den Vernichtungstod in Aussicht », Faz, 25.10.2023
5 « Hamas-Aufruf zum „Tag des Zorns“: Verfassungsschutz warnt vor Anschlägen – Frankreich erhöht Alarmstufe« , Frankfurter Rundschau, 15/10/2023
6  »Bundespräsident besucht Berliner Synagoge: Mahnwache geplant », NTV, 12/10/23
7 Steinke, Ronen : « Terror gegen Juden. Wie antisemitische Gewalt erstarkt und der Staat versagt » [La terreur contre les Juifs. L’augmentation de la violence antisémite et la défaillance de l’État], Berlin 2020.
8 Dans un entretien avec Manfred Sapper et Volker Weichsel, l’historienne Tamara Or, spécialiste du judaïsme, commente : « C’est ici que se rejoignent les deux éléments qui forment le cœur des relations germano-israéliennes et qui, en même temps, séparent Israël et l’Allemagne : la mémoire de la Shoah et les enseignements historiques en découlant. Pour l’État allemand, la Shoah est inextricablement liée à la conscience de la responsabilité historique de l’Allemagne. C’est également en référence à la Shoah que l’État d’Israël prétend, depuis sa fondation, garantir la sécurité de tous les Juifs. Dans le contexte des relations germano-israéliennes, ces deux hypothèses de base sont liées : la responsabilité historique de l’Allemagne et la revendication de sécurité de l’État d’Israël. C’est ce qui ressort, par exemple, de la déclaration de la chancelière allemande selon laquelle la sécurité d’Israël relève, pour Berlin, de la raison d’État. Ce lien entre sécurité et responsabilité historique constitue la base même, le récit fondateur des relations germano-israéliennes, lesquelles sont donc essentiellement des relations ex negativo, un lien entre deux récits officiels résultant du génocide. » (Or, Tamara/Sapper, Manfred/Weichsel, Volker : « Das X-Syndrom und der Antisemitismus : Tamara Or über die deutsch-israelischen Beziehungen » [Le syndrome X et l’antisémitisme : Tamara Or sur les relations germano-israéliennes en Europe de l’Est], in Osteuropa, vol. 69, No. 9/11, Migration, Identität, Politik : Trans-inter-national : Russland, Israel, Deutschland (2019), p. 369-374, ici p. 369f).
9 Le Porajmos (également appelé Samudaripen) désigne le génocide des Roms et des Sintis perpétré par l’Allemagne nazie et ses alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
10 Sartre, Jean-Paul : « Réflexions sur la question juive » (1946), Folio Essai, Paris, p.22.
11 Citons de nouveau Adorno : « Je vous ai déjà dit que je n’attends pas grand-chose de l’établissement de prétendus contacts avec des individus chez qui le préjugé est déjà bien ancré. Leur réceptivité est déjà émoussée. » (Adorno, Theodor W., « Pour combattre l’antisémitisme aujourd’hui » [1962], op.cit., p.136.
12  »Antisemitismus durch Begegnung bekämpfen? Ja, aber… », Ruben Gerczikow et Monty Ott, Bell Tower, 2 février 2024.
13 Salzborn, quant à lui, souligne qu’il est nécessaire de « matérialiser les normes de lutte contre l’antisémitisme et de les compléter systématiquement par […] des normes permettant de lutter efficacement contre ce fléau. » (Salzborn, Samuel : Wehrlose Demokratie ? Antisemitismus und die Bedrohung der politischen Ordnung [Démocratie sans défense ? L’antisémitisme et la menace pour l’ordre politique], Leipzig, 2024, p. 17).
14 Theodor W. Adorno : Dialectique négative, 1966.
15 Salzborn, Samuel : Wehrlose Demokratie ? Antisemitismus und die Bedrohung der politischen Ordnung [Démocratie sans défense ? L’antisémitisme et la menace pour l’ordre politique], Leipzig, 2024, p. 18.
16 Salzborn, Samuel : « Wehrlose Demokratie? Antisemitismus und die Bedrohung der politischen Ordnung », op. cit., p. 20.

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