En 2014, le journaliste Anshel Pfeffer découvrait l’Ukraine et ce qui lui apparaissait alors comme une « nouvelle frontière juive ». Il est retourné dans le pays guerre en se demandant si les Juifs d’Ukraine avaient encore un avenir. Merci à l’excellente revue en ligne Sapir de nous avoir autorisés à traduire cet article, paru dans son dernier numéro (été 2022).
Ukraine, 2014
En 2014, je terminais un projet de reportage dans l’est de l’Ukraine, où j’avais passé quelques jours à traverser les poches ukrainiennes et séparatistes du Donbass. Deux jours avant mon arrivée, l’aéroport de Donetsk avait été détruit dans les combats. Plutôt que de renoncer à mon voyage, j’ai alors pris un train de nuit depuis Kiev. Cela s’est avéré être une mauvaise idée. Lorsque le train a été maintenu à l’arrêt dans une forêt, cinq heures durant, en raison de la présence présumée d’explosifs sur les rails, le rabbin de Mariupol, Mendy Cohen, a envoyé son chauffeur pour me récupérer.
Après ces premiers jours mouvementés, il me fallait trouver un moyen de rentrer à Kiev, et de là chez moi. Le seul itinéraire était un trajet de six heures, en voiture, qui passait par des routes secondaires, jusqu’à ce qui, à l’époque, s’appelait encore Dnipropetrovsk – la ville a officiellement été rebaptisée Dnipro en 2016. Dnipropetrovsk était la seule ville de l’est de l’Ukraine à disposer d’un aéroport fonctionnel avec des liaisons vers Kiev. Mon contact le plus fiable en Ukraine m’a dit : « Quand tu arriveras à Dnipro, passe la nuit dans l’hôtel juif. » J’ai pensé qu’il plaisantait. « Non, sérieusement, tu ne le regretteras pas », a-t-il insisté, et j’ai fait la réservation, malgré mes réticences et mes projections d’un établissement spartiate à l’odeur d’oignon frit.
Durant le long trajet jusqu’à Dnipro, je me suis endormi. Quand le chauffeur m’a réveillé à bon port, j’ai réussi à me traîner hors de la voiture avec mes sacs et je lui ai demandé où était l’hôtel juif.
« Juste derrière vous. » Je ne le voyais toujours pas.
« C’est juste là », a-t-il répété et il est parti, me laissant troublé d’être ainsi abandonné dans le froid de la soirée, devant ce qui ressemblait à un énorme immeuble de bureaux.
Je suis entré dans le hall principal, et comme je le ferai à chaque fois par la suite, j’ai immédiatement béni mon contact. Je venais d’entrer dans le plus grand et le plus opulent centre communautaire juif du monde : le Centre Menorah, fruit du travail du rabbin Shmuel Kaminetsky, financé par les milliardaires Gennadiy Bogolyubov et Igor Kolomoisky, tous deux nés et élevés à Dnipro à l’époque soviétique.
Le Centre Menorah, complexe massif, abritait une yeshiva, plusieurs écoles de jour et des jardins d’enfants, la plus grande bibliothèque de livres juifs d’Ukraine, un supermarché casher, un centre médical et un hôtel d’affaires cinq étoiles. C’était un étalage ostentatoire de l’immense richesse des oligarques juifs de la ville. C’était aussi une expression de confiance en la vitalité des Juifs ukrainiens, une communauté qui avait été mise de côté par tant d’autres Juifs. Mon seul regret fut alors de devoir prendre mon vol tôt le lendemain matin, avant d’avoir eu la chance d’explorer cette nouvelle frontière juive.
Huit ans plus tard, alors que l’invasion russe de l’Ukraine en était à son troisième mois, je suis retourné à Dnipro pour savoir si les Juifs d’Ukraine avaient encore un avenir.
2022 : Un périple dans une Ukraine en guerre
Cette fois-ci, mon voyage à travers l’Ukraine fut encore plus difficile. L’espace aérien était fermé. Et si les trains fonctionnaient encore vaillamment, ils étaient bondés de réfugiés et de blessés de guerre. Les horaires étaient erratiques. Mais le trajet de trois jours entre la frontière polonaise et Dnipro fut instructif.
La première nuit, je me suis arrêté à Lviv. C’était un vendredi et je suis allé à la synagogue Tsori Gilad.
Dans l’élégant bâtiment des années 1920, qui avait survécu aux périodes nazie et soviétique, deux hommes étaient présents : des réfugiés de l’Est déchiré par la guerre. Il n’était pas vraiment surprenant de ne pas trouver de minyan pour les prières du Shabbat ; après tout, le couvre-feu allait bientôt commencer. Ce qui était surprenant, c’étaient les montagnes de boîtes de matzohs et de soupe aux nouilles casher de pessah qui, avec une autre pile massive de fournitures médicales, remplissaient entièrement l’antichambre de la shul. Au cours des deux premiers mois de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les synagogues de Lviv, Kiev et Odessa sont devenues à la fois des stations de transit pour les réfugiés juifs et des centres logistiques pour les opérations d’aide. Lors de mon premier reportage sur la guerre, en mars dernier, j’avais déjà rencontré nombre de ces réfugiés venus des zones de guerre de l’Est. Ils s’arrêtaient brièvement dans l’une des synagogues pour un repas chaud et parfois pour quelques heures de sommeil, encore désorientés et incertains quant à leur intention de continuer vers Israël ou d’attendre plus près, en Pologne, Roumanie ou Moldavie.
Le dimanche, après une nuit à Kiev, peu avant le couvre-feu, j’ai atteint Dnipro, une ville d’un million d’habitants. J’imaginais que le Centre Menorah aurait subi la même transformation : de synagogue en camp de réfugiés. Mais l’hôtel du Centre Menorah était fermé et j’ai donc séjourné dans un autre hôtel à proximité.
J’ai appelé un contact local pour organiser une rencontre le lendemain matin. « Il y a trois minyanim à Menorah », m’a-t-il dit. « Mais ne t’inquiète pas, je fais la prière au dernier, à 9h30, donc tu n’as pas besoin de te lever trop tôt ». J’étais convaincu qu’il plaisantait. J’avais vu à quoi ressemblaient les shul ukrainiennes en temps de guerre, et Dnipro était beaucoup plus proche des lignes de front.
Une fois de plus, mes attentes ont été détrompées. Au matin, dans la synagogue principale du centre, une quarantaine d’hommes (et quelques femmes sur le côté) étaient en train de prier, comme si la guerre ne faisait pas rage à proximité. Nous aurions pu être dans une shul n’importe où dans le monde. Les restaurants casher du centre, l’hôpital et les bureaux étaient tous animés. À part un vieux garde en uniforme dans une cabine à l’entrée, il n’y avait pas de sécurité visible.
Avant de me répondre, des responsables de la communauté m’ont averti de leur besoin d’anonymisation, mais ils ont accepté de me donner des accès et de me parler librement, à condition que je ne prenne pas de photos, que je ne nomme aucun des membres ou employés avec lesquels je me suis entretenu et que je ne précise pas l’emplacement de leurs activités liées à la guerre. Derrière la façade des affaires habituelles de Menorah, ils ont organisé les convois qui ont transporté des milliers de Juifs de l’Est vers la sécurité, souvent sous le feu des armes. Ils ont fourni à ces réfugiés des produits de première nécessité tels que de la nourriture, des vêtements et toutes les autres choses essentielles à la vie. Ils ont géré une ligne d’assistance téléphonique 24 heures sur 24 et une salle d’opérations depuis laquelle ils localisent et aident à sortir les parents âgés des abris anti-bombes dans les villes dévastées.
« La dernière chose dont nous avons besoin en ce moment, c’est de publicité pour tout ce que nous faisons », m’explique un responsable de la communauté. « Il ne s’agit plus seulement de trouver un chauffeur de bus prêt à se rendre dans une zone bombardée et à emprunter des chemins de terre pour contourner les barrages routiers. Il y a beaucoup de négociations très délicates à mener des deux côtés, et nous n’allons pas mettre en péril les opérations de sauvetage ou notre communauté ici à Dnipro. »
Il ne manque pas d’organisations juives, en Israël ou en Occident, pour s’attribuer le mérite du sauvetage de Juifs. Pourtant, « La plupart d’entre elles n’ont aucune implication réelle ni aucune idée de la façon d’opérer ici », sourit un membre chevronné d’une agence israélienne qui travaille avec les communautés juives d’Ukraine depuis trois décennies. « Ils ne pourraient pas trouver Dnipro sur une carte. Mais nous espérons qu’ils paieront au moins la note, car ces opérations ne sont pas bon marché, et les philanthropes juifs locaux qui, d’habitude, paieraient sans sourciller, sont tous menacés de faillite. »
Une communauté rescapée
Peu des Juifs hors d’Ukraine connaissent l’existence de Dnipro, et encore moins qu’il s’agit de l’une des plus grandes communautés juives d’Europe. C’est Odessa et peut-être Kiev, avec leur riche histoire, qui font figure de centres de la vie juive, tout comme les sanctuaires de rabbins légendaires dans les villes d’Ouman et de Medzhybizh. Pourtant, Dnipro est devenue le visage du judaïsme ukrainien dans l’ère post-soviétique. Sur le million d’habitants de Dnipro, les responsables de la communauté estiment que 10 % sont juifs. « Mais probablement qu’un tiers de la ville a une sorte de lignée juive », ajoute l’un d’eux. Dès la fin du XIXe siècle, lorsque celle qu’on appelait alors Ekaterinoslav est devenue l’un des principaux centres industriels de l’empire tsariste, bon nombre des nouvelles usines construites dans la ville ont employé le prolétariat juif grandissant, lui offrant les rares opportunités de formation professionnelle qui lui étaient refusées dans d’autres villes. Il n’est donc pas surprenant que la ville soit devenue une plaque tournante du sionisme russe et du communisme juif. Lors des pogroms qui ont suivi la révolution ratée de 1905, un groupe d’autodéfense juif armé était déjà actif dans la ville. En 1926, les autorités soviétiques l’ont rebaptisée « Dnipropetrovs’k », mais la ville a rapidement acquis le surnom de Zhidopetrovs’k – le « Zhido » signifiant Juif ; surnom qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, plus de 100 000 Juifs vivaient à Dnipro. Quelque 18 000 d’entre eux ont été assassinés pendant l’occupation allemande. Mais la majeure partie de la population de la ville avait été évacuée vers l’Oural avant l’avancée allemande, et plus des trois quarts des Juifs ont survécu, revenant en 1943 lorsque la ville a été libérée. Dnipro a ensuite passé le reste de la période soviétique en tant que « ville fermée », abritant les usines de missiles de l’URSS ainsi qu’un grand nombre de scientifiques, d’ingénieurs et d’administrateurs juifs.
Au cours des sept décennies de régime soviétique, le nombre de synagogues s’est réduit à une seule et toutes les organisations juives ont été progressivement fermées par les autorités. Mais dans les derniers jours de l’Union soviétique, peu avant l’indépendance de l’Ukraine, des représentants de ce qui restait de la communauté ont contacté le fils du dernier rabbin de la ville, Levi Yitzchak Schneerson, et l’ont invité à revenir et à occuper le poste de son père.
Réorganisation et nouveaux projets communautaires
Ce fils, le rabbin Menachem Mendel Schneerson, avait passé sa jeunesse à Ekaterinoslav avant de partir pour Berlin, puis pour les États-Unis. Il avait 90 ans lorsqu’il fut sollicité. Aussi, préféra-t-il envoyer le rabbin Shmuel Kaminetsky à sa place. Kaminetsky a passé les trente-deux dernières années à charmer les hommes d’affaires juifs enrichis de Dnipro et à faire de la ville la locomotive juive de l’Ukraine. S’étant rendu compte que la plupart des Juifs de la ville, et notamment les nombreux enfants issus de mariages mixtes, ne deviendraient pas des membres actifs d’une communauté ultra-orthodoxe, il a travaillé avec toutes les organisations juives non religieuses, locales et internationales, qui souhaitaient s’investir dans la ville, en les accueillant dans les centres communautaires qu’il a construits.
Au fil des années, il a construit des réseaux d’éducation parallèles, allant de la maternelle à l’université. L’un de ces établissements offre une éducation libérale juive de haut niveau (son école primaire prétend être la plus grande école juive d’Europe), tandis qu’un autre, beaucoup plus petit, fonctionne selon le modèle Chabad-Haredi, avec un programme d’études de la Torah et la séparation des garçons et des filles. Kaminetsky est l’archétype du shaliach (émissaire) Chabad entreprenant, qui construit ses propres institutions tout en s’intégrant, lui et sa famille, dans la communauté et la culture locales.
Si le Centre Menorah est d’abord né du désir de construire un musée de la Shoah, Kaminetsky a pensé que l’horizon de la communauté devait être davantage tourné vers l’avenir et a présenté aux oligarques Igor Kolomoisky et Gennadiy Bogolyubov son grand projet : le plus grand centre communautaire juif du monde. Il a ouvert ses portes en 2012.
La communauté juive dans le mouvement d’indépendance ukrainien
Pendant les vingt-trois premières années de l’indépendance de l’Ukraine, la communauté juive s’est tenue à l’écart de la politique. L’expérience historique du nationalisme ukrainien n’avait pas été positive pour les Juifs – c’est le moins que l’on puisse dire – qui étaient presque tous russophones et ne se considéraient pas comme ukrainiens.
Les choses ont changé en 2014. La révolution de Maïdan de cette année-là a évincé un président favorable à Moscou. En représailles, Vladimir Poutine a envoyé son armée, d’abord pour annexer la Crimée, puis pour soutenir les séparatistes du Donbass. La machine médiatique du Kremlin, reprenant la propagande soviétique, a tenté de taxer le nouveau gouvernement ukrainien de fasciste, de néonazi et d’antisémite. Mais les Juifs ukrainiens ne se sont pas tournés vers le « protecteur » russe. Ils savaient que l’étendue de l’antisémitisme était loin d’être ce que Poutine prétendait. Une nouvelle génération avait grandi et prospéré dans une Ukraine indépendante et démocratique, où leur judéité n’étant plus un obstacle à leur réussite.
Pour la première fois, les Juifs se sentaient pleinement chez eux au sein du mouvement national ukrainien. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’à Dnipro, où le nouveau gouvernement de Petro Porochenko a nommé Kolomoisky, un juif ukrainien, au poste de gouverneur régional. Alors que les régions voisines de Donetsk et de Louhansk étaient envahies par les séparatistes, tous les regards s’étaient tournés vers Dnipro, la porte de l’Est et le cœur industriel de l’Ukraine. Kolomoisky a levé et équipé des milices locales et a promis de payer en liquide quiconque capturerait un séparatiste, mort ou vif.
Le franc-parler de Kolomoisky, qui possède un aquarium à requins dans son bureau de Dnipro, passait aussi par une célébration de son identité juive et ukrainienne. C’est ainsi que, dans un pays autrefois synonyme des pires pogroms, personne n’a été surpris lorsqu’un comédien et producteur juif nommé Volodymyr Zelensky, né dans une ville située au sud de Dnipro, a été élu président de l’Ukraine en 2019, sa campagne ayant notamment été financée par Kolomoisky.
Bien qu’elle soit beaucoup plus proche des lignes de front que Lviv ou Odessa, Dnipro se vit moins comme une ville en guerre. Alors qu’une grande partie de l’économie ukrainienne reste fermée, les magasins ont rouvert plus tôt à Dnipro que dans les autres villes. En haut de la rue du Centre Menorah, la construction d’un nouveau centre commercial appartenant à un membre de la communauté se poursuit sans trêve.
« Les gens ici se contentent de travailler. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas inquiets », déclare un membre du conseil d’administration de la communauté. « La survie de l’Ukraine dépend de la relance de l’économie, et il y a des milliards de dollars de marchandises bloquées dans cette ville qui ne peuvent pas être exportées à cause du blocus russe. »
Un membre du conseil d’administration fait signe à deux hommes qui boivent un café dans l’un des restaurants du Centre Menorah. « Tous deux valent des centaines de millions chacun, ou du moins valaient cela avant le 24 février. Leurs familles sont à l’étranger, mais ils n’ont pas évacué car ils doivent garder un œil sur les affaires ici. Et elles pourraient être anéanties en quelques mois. »
Qu’en est-il d’une stratégie de sortie ? « Beaucoup de membres de la communauté ont également la citoyenneté israélienne », explique l’un des administrateurs du Centre Menorah. « Ceux qui ne l’ont pas feront en sorte de l’obtenir dès que possible. Ces dernières années, de nombreux habitants de Dnipro qui avaient émigré en Israël sont revenus. Les prix étaient moins chers, le temps est plus agréable, et la vue du Dniepr manque à tous ceux qui sont nés ici. »
La communauté juive Ukrainienne dans la guerre
J’ai quitté Dnipro pour la deuxième fois, cette fois en voiture, car l’aéroport est bombardé. Le centre communautaire juif, tout comme les Juifs qui s’y trouvent, aura été le lieu le plus optimiste que j’ai visité en Ukraine depuis le début de la guerre. Mais je n’ai toujours pas de réponse claire à la question de savoir s’ils ont un avenir.
L’histoire de la renaissance juive en Ukraine au cours des trente dernières années n’a tout simplement aucun sens. Le fait qu’un si grand nombre de Juifs restent dans un pays où, de mémoire d’homme, leurs parents et grands-parents ont tant souffert, sous tous les régimes politiques – tsariste, bolchevique, nazi et nationaliste ukrainien – va à l’encontre des leçons de l’histoire. Et pourtant, à Dnipro, tout a un sens. C’est une ville qui a été construite par des Juifs. Une ville où les Juifs ne sont pas obsédés par leur histoire, car ils sont toujours occupés à la construire. Et où ils n’ont pas l’intention d’abandonner, du moins pas encore.
Je suis venu à Dnipro en me demandant si les Juifs d’Ukraine avaient un avenir. Il s’est avéré que c’était une mauvaise question. La bonne question est de savoir si l’Ukraine elle-même peut continuer à résister à l’assaut russe et l’emporter. Si l’Ukraine n’a pas d’autre avenir que celui d’une région déchirée par la guerre et composée d’enclaves séparatistes et nationalistes, alors il n’y a pas beaucoup d’avenir pour les Juifs et les non-Juifs. Mais si l’Ukraine survit et prospère en tant que nation indépendante, les Juifs d’Ukraine auront largement contribué à cette victoire. Et ils peuvent encore avoir un brillant avenir comme communauté juive la plus passionnante d’Europe.
Anshel Pfeffer
Anshel Pfeffer est correspondant et chroniqueur du Haaretz, correspondant en Israël pour The Economist, et l’auteur de ‘Bibi : The Turbulent Times of Benjamin Netanyahu’.
La revue K. remercie Sapir Journal, de nous avoir autorisés à traduire ce texte.