Judéo-Espagnol
Les Juifs turcs étaient 100.000 au début du XXe siècle, ils ne sont plus que 10.000 aujourd’hui. L’une des dernières communautés juives du monde musulman, confrontée à de nouveaux défis, paraît en sursis aujourd’hui. François Azar revient sur l’histoire d’une minorité qui a traditionnellement cultivée la kayadez (la discrétion dans l’espace public) mais qui entend se rendre davantage visible dans la société turque.
La série The Club, diffusée sur Netflix, ébranle les récits officiels de la Turquie pour présenter une image plus complexe et réaliste de l’Istanbul juive des années cinquante. Alors que le tournage de la saison trois vient de se terminer, le journaliste turc Nesi Altaras revient sur les effets, pour les juifs stambouliotes, de ce programme inattendu, interprété dans une langue – le ladino – qu’il n’aurait jamais cru entendre dans une série destinée au grand public.
Les Judéo-Espagnols « d’Orient » – ceux de l’ex-empire ottoman (par opposition aux Judéo-Espagnols « d’Occident » qui se regroupèrent surtout au Maroc) – « se connaissent et reconnaissent les uns les autres, mais personne ne les connaît », comme nous l’explique Marie-Christine Bornes Varol, qui rappelle qu’en Turquie aujourd’hui, les Juifs ont pour devise « pour vivre heureux, vivons cachés ». Retour sur une histoire complexe, qui s’est déroulée sur un espace géographique et à travers un écheveau de langue tout aussi complexes. Une histoire de la survivance d’une micro-société éparse, dont la Turquie demeure un centre.
Enfant, Alain de Tolédo croyait qu’ « Espagnol » voulait dire « Juif ». Et puis il s’est aperçu que l’espagnol qu’il parlait chez lui n’était pas le même que celui qu’on lui enseignait à l’école… Dans son témoignage pour K., à travers l’évocation du destin de sa famille et de la prise de conscience progressive de l’histoire à laquelle il appartient, il raconte ce qui fait la singularité d’une langue et du groupe de ceux qui l’ont portée jusqu’à aujourd’hui.
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