Ber Kotlerman est né à Irkoutsk, en Union soviétique, en 1971. Il a grandi au Birobidjan, la « région autonome juive », fondée en mai 1934 aux confins de l’URSS, à la frontière chinoise, avec le yiddish pour langue officielle. « Son roman Koydervelsh[1], qui emmène le lecteur du Birobidjan à Tel Aviv, vient de paraître. Il s’agit de son quatrième livre de prose en yiddish : le premier, un recueil de nouvelles, a été publié à Tel Aviv, le deuxième, un thriller basé sur des responsa rabbiniques, a été publié à New York, et le troisième, une épopée familiale, à Buenos Aires. Cependant, tout ce qu’il écrit, dit-il, est d’une manière ou d’une autre lié à la région de son enfance, le Birobidjan. C’est le sujet de cet entretien avec Macha Fogel, réalisé en yiddish peu avant le 7 octobre.
Ber Kotlerman, que représente le Birobidjan pour vous aujourd’hui ?
J’aimerais paraphraser le grand poète hébreu Shaul Tchernichovsky et dire que je suis « une reproduction du paysage de mon enfance », mais ce ne serait pas tout à fait juste. Je suis quelqu’un qui met un miroir devant le visage du Birobidjan. Pour ce faire, je ne cesse d’y retourner mentalement, de déambuler dans ses rues et de regarder les passants, d’étudier son anatomie à la loupe. Surtout, j’essaye toujours de trouver ces fils invisibles qui relient le Birobidjan à quelque chose de plus grand, qui, comme l’a dit le poète russe Essénine, « se voie de loin ». Le Birobidjan est dans mes veines et je le ressens vivement lorsque quelqu’un s’en mêle impoliment ou, au contraire, s’enthousiasme pour l’idée sans comprendre pleinement la complexité de son histoire.
Qui sont vos parents ?
Mes parents ont grandi au Birobidjan, mais aucun d’eux n’y est né, ils sont nés après-guerre de familles évacuées. Mon père est né dans le sud-est de l’Ukraine et ma mère en Ouzbékistan. Ils ont fait leurs études à Irkoutsk, la grande ville sibérienne. C’est là que je suis né en noir et blanc dans les années 1970. Ma mère a étudié le français et l’allemand. Mon père a étudié dans un institut polytechnique et s’est spécialisé dans l’aviation. Après leurs études, ils sont retournés vivre au Birobidjan. Mon père a travaillé comme ingénieur et ma mère comme journaliste, pour le Birobidzhaner shtern, L’étoile du Birobidjan – le journal en yiddish de l’autonomie juive. De sorte que j’ai grandi parmi les derniers journalistes yiddish de cet organe.
Dans quel contexte vos grands-parents se sont-ils établis au Birobidjan ?
Mes grands-parents sont allés volontairement s’installer au Birobidjan. Voici leur histoire. Les parents de mon père ne parlaient pas bien le russe. Tous deux avaient été élevés dans le sud de l’Ukraine dans des écoles techniques agricoles intégralement en yiddish, comme il en existait à l’époque. Ils n’avaient pas eu l’occasion d’apprendre le russe. C’est précisément parce qu’il ne parlait pas le russe que mon grand-père ne fut pas envoyé au front lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Il fut bien enrôlé comme soldat, mais envoyé en Iran, avec les garnisons « asiatiques ». En Ukraine, sa femme et son fils furent enterrés vivants. À son retour, après la guerre, il a rencontré et épousé sa deuxième femme, ma grand-mère, près de Zaporizhzhia. Elle était veuve elle aussi. Son premier mari avait grandi en Amérique dans une famille d’émigrants de la Russie tsariste, ensuite retournée en Union soviétique. Pendant la guerre, il avait été caché par une famille ukrainienne, mais, dénoncé par des voisins, il fut tué. Sa femme, ma grand-mère, et leur fille, ma tante, ont survécu. Mes grands-parents eurent trois enfants ensemble, qu’ils élevèrent avec la fille du premier mariage de ma grand-mère, ma tante Tsilla, qui servit en quelque sorte de deuxième mère à ses jeunes frères et sœurs. Au départ, ils restèrent à Zaporizhzhia ; mon grand-père travaillait comme photographe. Mais un jour, quelqu’un lui aurait dit : « Dommage qu’on ne vous ait pas tous tués ». C’est alors qu’il aurait pris avec ma grand-mère, en 1949, la décision de partir pour le Birobidjan. C’était alors la toute fin du programme d’émigration vers l’oblast autonome juif – le projet fut gelé à la fin de cette année-là. Mes grands-parents, qui avaient été formés dans une école technique vétérinaire à s’occuper du bétail, commencèrent par travailler dans un kolkhoze moldave de l’oblast, à la frontière avec la Chine. Mon oncle est né là-bas. Mais c’était très dur pour eux. C’étaient les dernières années du stalinisme ; politiquement, c’était très difficile. Ils partirent pour la ville. Ils vécurent toute leur vie de petits emplois dans différentes usines, ils n’eurent pas de carrière professionnelle. Ils ne comprenaient pas très bien la vie soviétique.
Quel fut le parcours de vos grands-parents du côté maternel ?
Ils venaient d’Ukraine, eux aussi, mais ils furent évacués, avec leurs parents et avec des milliers d’autres citoyens soviétiques, après l’invasion allemande, vers Katta-Kurgan près de Samarkand. Ils s’étaient mariés très jeunes, à dix-sept ans. À dix-huit ans, mon grand-père fut mobilisé, mais cela coïncida avec la paix. Après la guerre, ils ne voulurent plus retourner en Ukraine. Un cousin éloigné, établi au Birobidjan, leur avait écrit que l’on n’y vivait pas mal et ils partirent s’y installer. Ma grand-mère était électricienne. Elle vécut le rêve soviétique, devint directrice d’équipe ; mais elle resta toute sa vie une fille d’évacués.
Vous avez grandi au Birobidjan avec vos parents, vos grands-parents, dont vous avez dit qu’ils ne parlaient, du côté de votre père, que le yiddish. Quelle langue parliez-vous avec eux ?
Ils me parlaient en yiddish et je répondais en russe. Je suivais à l’école l’enseignement facultatif de yiddish, auquel assistaient cinq ou six élèves un peu « bizarres » ; de sorte que je connaissais l’alphabet.
Vous avez également mentionné les « derniers journalistes yiddish » que fréquentait votre mère. Quel rôle jouèrent-ils dans votre éducation ?
Alors que j’étais collégien, un journaliste du Birobidzhaner shtern m’a demandé d’écrire quelque chose. J’aimais la biologie et j’ai rédigé en russe un article sur la pêche, qui fut traduit en yiddish. Je dois vous dire, à ce sujet, que mes grands-parents paternels refusèrent toujours de travailler comme correcteur pour ce journal. Ils ne voulaient pas travailler avec les « chaperons rouges », disaient-ils. Le journal était engagé. C’était de leur part une forme d’opposition passive. Quant à moi, j’entendais les journalistes discuter entre eux, et plus tard, je me souvins de leurs conversations. L’un de nos voisins était l’écrivain Bouzi Miller. Il avait passé six ans au Goulag. Il raccompagnait ma mère après le travail, et je les écoutais.
A quel âge votre intérêt pour la langue yiddish devint-il conscient ?
À dix-sept ans, je suis parti étudier à Moscou. Pour le voyage en avion, j’ai emporté un livre avec moi. Pendant les sept ou huit heures qui séparent Khabarovsk de Moscou, j’ai lu ce livre de notre voisin Bouzi Miller, écrit en yiddish. Il avait l’air ennuyeux et ne m’avait jamais donné envie. Il s’agissait d’une chronique du Birobidjan, Yedn dor zayns, À chaque génération son lot. Il racontait l’histoire de deux employés imaginaires de la fabrique où travaillait mon père, qui partaient en vacances pour Vladivostok (à 700km de la ville de Birobidjan, c’est-à-dire, à l’échelle sibérienne, tout près), dans un sanatorium où nous-mêmes passions deux semaines tous les étés. Ce cadre familier m’a intéressé. Le jeune employé interrogeait celui qui était plus âgé. En lisant ce récit, j’ai compris que je ne devais pas au hasard d’avoir grandi dans la ville de Birobidjan. En sortant de l’avion, j’étais un autre homme. J’avais compris que je faisais partie de l’Histoire. Ce livre n’appartient pas à la grande littérature, mais il m’a fait comprendre qu’il existait un secret. Mon premier récit écrit en yiddish et publié bien plus tard, en 2017, s’intitule Le secret des ours blancs ; en russe, cette expression évoque le Goulag. Mais en yiddish, ce titre contient mon propre secret, puisque je suis « Ber » – un ours.
À dix-sept ans, vous vous installez à Moscou pour étudier. Pourquoi êtes-vous parti si loin, et non à Irkoutsk par exemple, comme vos parents ?
Ce choix m’est venu de ma fréquentation des journalistes du Birobidzhaner shtern. J’étais attiré par les langues, la littérature, le journalisme, et l’université de Moscou était la meilleure. Mon ambition était portée par les premiers signes de l’effondrement de l’URSS. Moscou était alors une ville occidentale, quand la ville de Birobidjan restait une province, un trou dans lequel le temps s’écoulait lentement. C’était encore l’URSS. À Moscou, je découvris une nouvelle vie, même si je connus aussi des déceptions. Un jour, je me suis rendu à une exposition au centre culturel du VDNKh, organisée par l’Ambassade d’Israël. Je restai deux heures et je compris que toutes les personnes présentes étaient juives. À Birobidjan, voir un juif était naturel, comprenez-vous. Ce n’était pas le cas à Moscou. Je me suis alors demandé à quel monde j’appartenais. Des livres en hébreu étaient exposés. Comme elle me voyait les regarder, une femme me demanda si je savais lire. Je lui répondis que je reconnaissais les lettres, mais ne comprenais pas la langue. Jusqu’à l’âge de dix-huit ans, je ne m’étais pas intéressé à l’hébreu. Cette femme m’a offert une méthode d’apprentissage autonome russe-hébreu. Dans le métro, sur le chemin du retour, j’ai ouvert ce manuel destiné aux autodidactes. Dès que j’ai commencé la première leçon, j’ai compris que cette langue était la mienne. Le trajet durait quarante minutes ; à la fin du voyage, j’ai regardé les autres passagers qui lisaient tous un livre ou un journal en russe. J’ai compris que je n’appartenais pas à ce monde et que je devais partir pour Israël.
Après le voyage en avion qui vous avait découvert la réalité juive du Birobidjan, ce trajet en métro vous révèle la nécessité de gagner l’État d’Israël… Avez-vous réellement décidé aussitôt d’émigrer ?
J’ai terminé l’Université de Moscou de manière accélérée. Je me suis entretenu avec le directeur de mon programme, qui faisait véritablement partie de l’élite soviétique, mais qui était juif – même s’il ne le disait pas. Je lui ai dit que je voulais partir en Israël lorsque j’ai commencé ma troisième année. Il m’a demandé : « En es-tu sûr ? Tu pars pour un pays dans lequel tu ne seras rien. » Mais je me suis obstiné et je lui ai demandé de passer tous les examens des deux années qui me restaient en quelques mois, ce qu’il a accepté. J’ai donc obtenu mon Master en avance. Il m’a invité, l’été venu, à la cérémonie organisée pour les étudiants à la fin de leur cinquième année et m’a présenté comme le plus jeune d’entre eux. Il était très paternel envers moi. Dix ans plus tard, nous nous sommes revus… Nous avons parlé de Sholem Aleichem… Il était professeur de littérature anglaise, mais possédait bien son « pintele yid », sa flammèche juive.
Vous avez ensuite terminé vos études en Israël ?
J’ai continué mes études à l’Université de Bar-Ilan, où j’ai découvert Agnon et la littérature hébraïque. Mais j’ai rencontré, dans un ascenseur, un professeur de yiddish, Yosef Bar-El (il nous a malheureusement quittés il y a longtemps), qui m’a fait écrire un doctorat sur le statut du yiddish au Birobidjan.
Pouvez-vous nous résumer cette thèse ?
L’autonomie juive n’était que nominative, en réalité. Mais le pouvoir soviétique voulait protéger certains éléments culturels. Le journal dont je vous ai parlé était financé par Moscou, et non pas au niveau local. Il était utile au gouvernement ; dans le jeu de ce dernier, le yiddish avait une fonction. Dans la ville de Birobidjan, tout était écrit en deux langues, en russe et en yiddish, et ce dernier a de nouveau été enseigné de manière facultative à partir des années 1980. C’était une sorte de zoo dans lequel le yiddish jouait le rôle de bête curieuse. Bien sûr, au départ, dans les années 1930, l’oblast autonome juif avait représenté un rêve pour la culture yiddish. Des livres y étaient édités, un théâtre avait été construit, des plans avaient été tracés pour un opéra. Les Soviétiques auraient été capables de construire un théâtre dans l’Antarctique. Le premier essai que j’ai publié était d’ailleurs consacré au théâtre du Birobidjan, dont les productions jusqu’à la fin des années 1940 furent d’excellente qualité. La mémoire de cette époque a perduré.
Quelle est la mémoire du Birobidjan aujourd’hui, justement ?
L’image du Birobidjan est différente selon les pays. Je m’en suis notamment rendu compte lors d’une conférence de presse organisée par la journaliste Anne Nivat à Paris pour la publication de son livre La République juive de Staline (2013), à laquelle j’avais été invité. J’ai remarqué qu’en Argentine, on se rappelait le Birobidjan autrement. Il m’a par exemple semblé que les habitants juifs de la ville argentine de Moïsesville se sentaient encore une communion de destin avec ceux du Birobidjan. Mais au Birobidjan, on voit les choses autrement. En URSS, on ne réfléchissait pas au sujet du judaïsme. Nous n’apprenions rien sur notre histoire juive au collège. Nous ne savions pas pourquoi les noms des kolkhozes étaient juifs. Nous savions que des immigrés avaient peuplé l’oblast, mais nous ne savions pas pourquoi ils étaient venus justement ici. Sans les journalistes du Birobidzhaner shtern, je n’aurais rien su de manière directe. Je n’ai appris que plus tard pourquoi on trouvait tant de juifs à Khabarovsk, la grande ville sibérienne voisine, où l’on peut toujours aujourd’hui se faire servir, au restaurant, un plat juif. C’est un puzzle que j’ai résolu plus tard.
Quel rôle le souvenir du Birobidjan joue-t-il aujourd’hui dans votre vie, notamment professionnelle ?
Je m’occupe d’autres sujets dans ma vie académique, mais je n’oublie pas ce thème-là. J’ai étudié la vie au Birobidjan dans les années 1950. Il s’agit d’une histoire restée dans l’ombre, non officielle. Je vais bientôt publier un livre académique à ce sujet en hébreu. J’ai pu consulter la correspondance d’un ancien enseignant d’hébreu au sujet de cette vie quotidienne. Il y décrit les seder de la Pâque au Birobidjan, ou encore la façon dont des gens se rencontraient dans un petit cercle de connaisseurs de l’hébreu (ce qui est un paradoxe !). Être un hébraïste au Birobidjan, région donnée par les Soviétiques aux juifs avec pour langue officielle le yiddish, est original. On parle toujours des projets officiels menés au Birobidjan, mais le plus intéressant ce sont les gens qui y ont habité. Aujourd’hui, on voit cela comme une grande plaisanterie de Staline, mais des gens ont nourri un rêve avec cette région et ont souvent payé ce rêve de leur vie.
Et aujourd’hui, pour le pouvoir russe actuel, le Birobidjan est-il une plaisanterie ? Le nom de « Région autonome juive » n’a pas été rayé de la carte…
Encore aujourd’hui, le Birobidjan est en quelque sorte une carte maîtresse dans le jeu du pouvoir russe. Disons qu’il s’agit d’une carte qui peut toujours servir. Le gouverneur actuel du Birobidjan, Goldstein, a été nommé là-bas pour son nom. Qui sait ? Un jour, avoir un gouverneur juif d’une région juive pourrait être utile…
Etes-vous retourné récemment au Birobidjan ?
En 2007, j’ai organisé une école d’été au Birobidjan. Des yiddishistes du monde entier sont venus, des États-Unis au Japon… Nous étions une quarantaine. Je voulais créer une atmosphère juive. J’ai fait faire des affiches en yiddish au peintre employé par le cinéma. De nouveau, le yiddish a retenti dans la ville. Ce qui est intéressant est que l’infrastructure reste : les archives des années 1930 de la station électrique sont en yiddish, comme celles des collèges, de tous les bâtiments publics. Nous avons pu les consulter. Nous sommes allés à la rencontre de juifs dans des kolkhozes et nous avons aussi rencontré des membres de peuples autochtones. Cela a été l’un de mes meilleurs projets. A l’époque, l’atmosphère était très différente en Russie. Le gouverneur m’avait soutenu. En 2008, lorsque j’ai organisé une deuxième école d’été, l’ambiance avait changé. Une guerre était menée en Géorgie. Le régime se transformait. Par ailleurs, j’ai fondé le centre de langue et de culture yiddish à l’institut pédagogique de Birobidjan. J’aurais voulu soutenir des recherches sur la vie juive en Extrême-Orient. Des juifs ont vécu en Asie, de Singapour au Kamtchatka. Quelles langues parlaient-ils ? Le russe, le yiddish, l’anglais, l’hébreu, d’autres langues ? J’ai animé en 2011 une conférence sur les juifs en Extrême-Orient en Thaïlande, à Chiang Mai, dans une université catholique, en tant que professeur de ce centre. Après cette conférence, l’institut pédagogique du Birobidjan a obtenu un statut d’université et a pris le nom de Sholem Aleichem. J’ai beaucoup insisté pour que ce soit le cas auprès de son recteur, une personne d’origine juive, qui l’a obtenu de Dmitry Medvedev, à l’époque président de la Fédération de Russie. Je lui ai dit : « Nous disparaîtrons, mais le nom de Sholem Aleichem restera. » Malheureusement, le recteur de l’université est mort et tous nos projets ont été abandonnés. Son successeur est une technocrate russe. Je n’ai plus de relations avec le centre depuis le début de la guerre.
Comment voyez-vous l’avenir du yiddish ?
Je ne crois pas à une renaissance du yiddish parce qu’il n’est jamais mort. La question qui se pose en ce moment est celle de l’élargissement de cette langue. On en entend davantage parler dans les médias maintenant qu’il y a dix ans. Le yiddish est devenu une discipline universitaire en Europe ; il est soutenu grâce à la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires dans huit pays, en Hollande, en Pologne, ou en Suède – pays qui finance une radio, des séminaires, un centre d’études… En Israël, la situation est différente. Ce pays doit faire beaucoup plus pour assurer l’avenir du yiddish.
Propos recueillis par Macha Fogel.
Notes
1 | Chez l’éditeur suédois « Olniansky Tekst » |