# 92 / Edito

K. republie cette semaine le long entretien en trois parties mené par Déborah Bucchi et Adrien Zirah avec Daniel Mendelsohn. Auteur d’une œuvre riche où se croisent diverses traditions (tradition grecque, tradition juive, tradition américaine) et où l’art du récit se mêle avec l’acuité de l’analyse savante, ce grand écrivain américain est devenu célèbre avec Les Disparus qui fut un best-seller mondial et un classique immédiat. Ce livre – l’histoire, racontée par un enfant de rescapés, de quelques membres d’une famille engloutis dans la Shoah (le sous-titre du livre anglais est « A Search for Six of Six Million ») – est devenu la matrice d’un genre en soi, cent fois répété depuis mais jamais égalé. Il faut dire que le livre construit un récit d’une ampleur exceptionnelle : à la fois odyssée d’un américain qui revient sur les lieux du crime européen ; enquête qui s’aventure dans le labyrinthe d’une biographie familiale ; auto-commentaire vertigineux sur les raisons d’un tel travail d’écriture ; une réflexion sur un chapitre de l’histoire qui puise aux sources de l’histoire universelle et notamment des grands textes hébraïques et de la Grèce antique. Car, rappelons-le, Daniel Mendelsohn est d’abord un helléniste, l’auteur d’une thèse sur Euripide, un universitaire qui vient de retraduire Homère en anglais. Un écrivain pour qui, immédiatement, histoire et mythes consonnent. Paru cet été en feuilleton, cet entretien méritait d’être publié en un seul bloc. Son premier épisode est consacré à la singularité d’un style aux influences multiples : juive, homosexuelle, américaine, et attaché à l’Europe. Identité, exil, mais aussi philologie: c’est à travers ces thèmes que se poursuit la réflexion autour de l’œuvre de Daniel Mendelsohn dans un deuxième épisode où pointent aussi les questions politiques les plus contemporaines. Enfin, dans la dernière partie de l’entretien, on verra le regard que porte l’écrivain sur notre époque en évoquant les années Trump, la floraison contemporaine de dirigeants populistes, la montée de l’antisémitisme aux Etats-Unis et en Europe, Israël comme dernier refuge pour les Juifs et la guerre en Ukraine – pays qu’il connait bien pour l’avoir sillonné lorsqu’il écrivait Les Disparus.

A partir de cette semaine, K. publie le premier épisode d’un long entretien avec Daniel Mendelsohn. Le grand écrivain américain, devenu célèbre avec Les Disparus, est l’auteur d’une œuvre riche où se croisent diverses traditions (tradition grecque, tradition juive, tradition américaine) et où l’art du récit se mêle avec l’acuité de l’analyse savante. Déborah Bucchi et Adrien Zirah, en introduction à l’entretien qu’ils ont mené, nous permettent de mieux percevoir la singularité et l’ambition d’une écriture où l’autofiction entre en dialogue avec les mythes les plus originaires.

Les romans de Daniel Mendelsohn sont associés au genre de l’autofiction. Toutefois, la richesse des sous-textes qui les irriguent, issus des traditions grecque et juive, complexifie le dispositif du récit de soi. À la représentation d’une identité multiple, juive, homosexuelle et américaine, attachée à l’Europe et aux cultures antiques, correspond par ailleurs la variété et la fluidité d’un style oral. Dans ce premier épisode, Daniel Mendelsohn revient sur sa manière d’écrire, sur son projet littéraire et sur le genre de son œuvre.

Le style d’écriture de Daniel Mendelsohn est fait d’un savant mélange entre les récits personnels et l’évocation d’œuvres littéraires classiques ; entre l’intime et l’intellectuel. D’où vient, chez Daniel Mendelsohn, cet attrait pour la philologie ? En quoi cela a-t-il à voir avec son histoire familiale faite de tragédies et d’exils, avec le fait d’être juif, et d’être homosexuel ? Telles sont les questions que Daniel Mendelsohn a bien voulu explorer avec nous dans ce deuxième épisode de notre entretien.

L’intime, chez Daniel Mendelsohn, est sans cesse percuté par les soubresauts d’une histoire violente et tragique. Quel regard, dès lors, porte-t-il sur l’époque inquiétante que nous vivons ? Des années Trump à la guerre en Ukraine, en passant par Israël, c’est le regard politique de l’écrivain que nous avons voulu interroger, pour terminer notre entretien.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.