La semaine dernière, Milo Lévy-Bruhl – suite à la venue sur les terres de la Nupes d’un Corbyn que Danielle Simonnet continuait de défendre malgré la complaisance de l’ancien patron du Labour vis-à-vis de l’antisémitisme – proposait une réflexion indispensable sur la nécessité de cesser de se voiler la face quant à la réalité d’un regain général de l’antisémitisme qui n’épargne pas la gauche. Il en appelait ainsi à un geste d’autocorrection collectif – dont la charte, soumise par Europe Écologie Les Verts, qui « englobe l’ensemble des grandes questions contemporaines liées à la lutte contre l’antisémitisme » – pourrait être la promesse. Cette semaine, Danny Trom interroge autrement, et de manière plus pessimiste sans doute, l’hégémonie de LFI sur la gauche. Il le fait sous l’angle de sa dénomination – la France Insoumise – qui déroge à une tradition historique où l’espace social était pensé à travers des paires en tension : capitalistes/prolétaires ; bourgeois/ouvriers, etc. Or, la France Insoumise s’adresse aux « gens », insoumis ou encore soumis… Pour Danny Trom, le nom même La France Insoumise inclinerait structurellement au complotisme : « On s’interroge souvent sur le sens du mot populisme. La réponse est sous la main : transformer des relations d’interdépendance objectives en guerre de tous, de tous les gens, ceux insoumis et ceux encore soumis, contre l’un dominateur. »
Sobibor devrait avoir un nouveau mémorial cet automne, presque dix ans après que le projet des architectes Piotr Michalewicz et Marcin Urbanek ainsi que de l’artiste-historien Łukasz Mieszkowski ait été sélectionné. C’est ce dernier qui confie cette semaine à K. un texte inédit dans lequel il revient sur les enjeux de ce nouveau monument : Quel parcours organiser au sein du site ? Quelle expérience faire vivre au visiteur ? Łukasz Mieszkowski, en plus des plans et images qu’il propose, livre une revue de ses inspirations, des questionnements et des controverses auxquelles il a dû répondre. Sa théorie pourrait se résumer ainsi, dans ses propres mots : « protéger les morts et prendre soin des vivants ». Il s’agissait pour lui de substituer à « l’architecture de l’effroi » – qui a inspiré la construction de nombreux espaces mémoriels au cours des dernières décennies – une architecture mélancolique de la perte sèche. Après avoir publié ces dernières semaines un article autour de la préface du Recueil Auschwitz mais aussi un reportage sur l’impossible mémorial de la Shoah de Londres, K. continue avec ce texte son exploration européenne des documents mais aussi des difficiles routes de la mémorialisation au présent.
Montrer aujourd’hui le crime, hier exhiber les Juifs. Nommé en 1941 à la direction de l’institut d’anatomie de l’université de Strasbourg devenue Reichuniversität Straßburg, August Hirt y avait mis en place un projet de collection de « squelettes juifs ». Les expérimentations humaines criminelles dureront là-bas jusqu’en novembre 1944. En 2016, une Commission historique, internationale et indépendante a été mise en place, dont la mission était d’évaluer l’ensemble des collections médicales de l’université pour s’assurer qu’aucun reste humain provenant de victimes du nazisme n’y soit encore conservé, mais aussi de fournir des préconisations en termes de formation à l’éthique du personnel médical actuel et futur. Le rapport final de la Commission a été présenté à Strasbourg le 3 mai dernier. Maëlle Partouche a assisté à sa présentation. Elle revient sur ses conclusions et nous raconte l’histoire des abominations dont il rend compte.