Cette semaine, avant notre programmation d’été, et la première partie de notre entretien avec Daniel Mendelssohn, direction l’Allemagne. K. met un coup de projecteur sur une polémique inflammable, née autour de l’exposition d’art contemporain documenta fifteen, organisée comme tous les 5 ans depuis 1955 dans la ville de Cassel. Une toile ouvertement antisémite qui y était présentée a défrayé la chronique : alors que la ministre de la culture n’a pas voulu prendre position au nom de la liberté de l’art et le Zentralrat der Juden in Deutschland, le conseil central des juifs d’Allemagne a demandé sa démission. S’en est suivi un torrent de discussions et d’excuses autour de l’œuvre incriminée. Mais d’excuses à qui ? La philosophe Julia Christ revient sur ce feuilleton et nous permet de réfléchir, cas d’école à l’appui, sur un antisémitisme soluble dans le relativisme et l’art contemporain, un antisémitisme qui s’excuse auprès des bourreaux plutôt qu’auprès des victimes.
De victimes il est aussi question dans le second texte de cette semaine. Des victimes reconnues et protégées cette fois. « Ma maison natale, à Chaumargeais, est à votre disposition. (…) Vous pourrez faire de ce lieu ce que vous voudrez, pour vous et pour toutes les activités que vous voudrez y organiser. Nous sommes de cœur avec vous, dans votre résistance à la persécution. Bien entendu, vous n’aurez rien à payer pour votre séjour. » Voilà comment le docteur Paul Héritier s’adressait à André Chouraqui en 1942, l’invitant à venir se réfugier dans sa maison du plateau Vivarais-Lignon. La simplicité de ces quelques lignes symbolise parfaitement la générosité désintéressée d’un lieu et d’une communauté, fameuse pour l’aide décisive qu’elle a apporté aux persécutés du nazisme. Le Chambon-sur-Lignon est la seule commune française à avoir reçu – au nom de tout le Plateau Vivarais-Lignon – le titre de « Juste parmi les nations ». André Chouraqui et Albert Camus s’y sont réfugiés en 1942 et s’y sont croisés. Ils avaient en commun la Résistance et leur Algérie natale. Nathalie Heinich, dans un texte qu’elle lira le mois prochain à l’occasion de la « marche du souvenir » organisée tous les 10 août au Chambon-sur-Lignon fait leur portrait conjoint dans le contexte de ces années de guerre, pointant ce qui les rapproche et ce qui les sépare.
Notre troisième parution de la semaine est la reprise d’une nouvelle de l’écrivain israélien Moshe Sakal, auteur notamment du roman Yolanda (Stock). Dans son texte – L’écrivain qui a percuté son critique littéraire – il est question d’un auteur (ashkénaze), d’un critique littéraire (séfarade), d’une urologue fraichement immigrée de France – et d’un petit scorpion noir…