# 237 / Edito

À la veille de Kippour, nous ouvrons le numéro par une courte fable introspective de Ruben Honigmann sur le don — et sur ce qu’il faut savoir créditer à l’autre pour entrer vraiment en relation. C’est une affaire de mendiants, de tsedaka méritée ou pas, et d’identité juive qui ne tient pas debout. En guise de morale, une question : à se prendre trop au sérieux, ne risque-t-on pas de faire pitié ?

Trop se prendre au sérieux est un travers qui accompagne parfois une qualité : l’attachement à la vérité et à la justice. Cette attitude adolescente consistant à décréter avoir raison envers et contre tous donne son élan à la nouvelle d’Elie Hirsch « Dommage collatéral », qui nous entraîne dans le monde d’une yeshiva new-yorkaise. Qu’arrive-t-il lorsqu’un jeune étudiant pétri d’idéal se heurte à la réalité, et à ses petites compromissions avec la vérité ?

Enfin, puisque certaines choses sont impardonnables et qu’il est nécessaire d’attirer l’attention sur l’injustice pour espérer la voir corrigée, nous publions un texte de Jan Grabowski et Katarzyna Grabowska, représentants de la nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah. En écho au texte de Elżbieta Janicka sur le négationnisme à la polonaise, ils sonnent l’alarme sur les manipulations et occultations de la mémoire commises de manière systématique par le gouvernement polonais au musée de Treblinka.

L’être juif relève-t-il d’un faire semblant, d’une mascarade ? Pris dans l’excentrique manège entre deux mendiants, Ruben Honigmann s’amuse à se laisser déstabiliser, jusqu’à faire boiter son identité.

Dans une yeshiva new-yorkaise, un jeune étudiant marqué par la guerre de Six Jours décrète que la loi talmudique prohibe tout dommage collatéral. Son ami, narrateur pas si innocent, relate les péripéties qui s’ensuivent, avec leur lot de conséquences inopinées. À travers cette nouvelle aux allures de roman de formation, initialement parue dans Tablet, Elie Hirsch nous initie au charme excentrique du monde de la yeshiva, sur fond de mésaventures adolescentes.

À Treblinka, la mémoire devient enjeu d’État : monuments et projets muséaux redessinent le passé au mépris des sources, jusqu’à promettre un « mur des noms » que que nulle archive ne permet d’établir avec exactitude. Jan Grabowski et Katarzyna Grabowska plaident pour une politique mémorielle transparente et fondée sur la rigueur historique.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.