La morale peut-elle justifier la bêtise ? C’est bien ce que donne à craindre la récente adoption par l’EHESS d’une motion appelant à la « suspension des coopérations » avec les universités israéliennes, sans nommer clairement ce qui est pourtant visé : le boycott. Car si c’est la plus prestigieuse institution française de sciences sociales — à laquelle sont rattachés les universitaires de K. — qui se place à l’avant-garde du camp du boycott, au mépris de toute réflexion sur l’efficacité politique de ses actes, alors la bêtise docte et moralisatrice a de beaux jours devant elle. Heureusement, au sein de la gauche progressiste, la voix de la responsabilité politique et historique européenne ne s’est pas encore tue. Fin novembre, Raphaël Glucksmann et Daniel Cohn-Bendit l’ont fait entendre dans les colonnes du Monde, à l’occasion d’une tribune condamnant sans appel la forme de la guerre menée par Israël, et indiquant nettement le cap politique à tenir selon leurs auteurs. La rédaction de K. tenait à lui donner de l’écho, et nous publions donc l’interview qu’a accordé Daniel Cohn-Bendit à Julia Christ et Danny Trom. Il y est question de son rapport de juif européen « non-nationalisable » à Israël et au sionisme, de l’insupportable situation au Moyen-Orient et de ses échos paradoxaux chez nous, mais aussi des butées de la construction et de l’intégration européennes. Surtout, s’y fait entendre la nécessité de lutter contre cette bêtise dont la gauche sait se rendre victime, et dont la volonté de boycotter des institutions productrices de savoir, de réflexivité et de critique n’est que la dernière occurrence.
Après le succès de la soirée K. sur scène au théâtre de la Concorde, dédiée aux Derniers juifs de…, nous tenions à rendre accessibles les interventions y ayant eu lieu. Cette semaine, vous pourrez découvrir ou redécouvrir le texte de la prise de parole de Ruben Honigmann, venu évoquer cette étrange équivoque de l’hébreu, qui associe la fin et la suite, comme si de finir, les juifs n’en finissaient pas. Par ailleurs, c’est le texte le plus consulté de la revue depuis sa création, « Reste-t-il encore des juifs en Algérie ? », qui trouve une nouvelle vie, puisque vous pourrez désormais écouter la lecture qu’en a donnée Sarah Tick sur scène, le 5 décembre dernier, accompagnée de la musique du groupe Horse Raddish.
*
Après « K. sur scène », K. lance « K. sur Zoom » avec deux rencontres avant la fin de l’année (voir au bas de la newsletter pour vous inscrire). La rédaction de la revue tient à remercier celles et ceux qui contribuent à sa campagne de soutien pour son maintien et son développement en 2025.