La semaine prochaine, nous pourrions bien devoir affronter la réalité d’un nouveau mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Assurément, il s’agit là d’une perspective catastrophique pour les sociétés démocratiques. L’élection de Donald Trump qui, cette fois-ci se ferait en pleine connaissance de ce dont il est capable, acterait en effet le déclin de leurs idéaux et de leurs normes, et l’ascension des régimes nationalistes illibéraux. Mais que signifierait son élection pour les juifs ? On sait que Trump vacille entre des flagorneries à leur égard, fondées sur l’admiration de la force d’Israël, et des saillies antisémites particulièrement menaçantes, comme lorsqu’il déclare qu’en cas d’une défaite de son camp « les juifs y auront été pour beaucoup ». Ceux qui sont visés là, ce sont ces juifs qui ne sont pas prêts à renoncer aux idéaux démocratiques par ivresse de la puissance. Bruno Karsenti se propose d’analyser le phénomène Trump comme le révélateur d’un processus de clivage interne au monde juif, qui en reste pour l’instant à l’état de guerre larvée. Une victoire trumpiste pourrait alors précipiter ce déchirement et mettre en danger non seulement l’équilibre entre la diaspora et Israël, mais la légitimité même du projet sioniste.
Il est toujours risqué d’inviter un sociologue à dîner. Pour peu que vous le placiez dans un contexte où il se sent en décalage, il est bien possible que ses habitudes professionnelles prennent le dessus, et qu’il se mette à produire une analyse critique de l’éthos propre à votre milieu social. Cette semaine, c’est le petit monde universitaire et diplomatique français de Jérusalem qui fait les frais de son implacable regard. Il faut reconnaître qu’il y a de quoi s’étonner, entre l’orientalisme passéiste et la persistance de vieux schémas de pensée catholiques qui continuent d’irriguer l’universalisme des serviteurs de la République. Mais le plus étrange, remarque Danny Trom, c’est la manière dont, depuis Notre Dame de Jérusalem, l’État juif apparaît comme à peine une réalité, évidente mais tenue loin des regards.
Nous rendons cette semaine accessible un nouvel article sous forme de podKast. Vous pourrez désormais – alors que les manifestations propalestiniennes reprennent de plus belle à Sciences Po -, découvrir ou redécouvrir en version audio « Lettre à Sciences Po », le témoignage de Clara Lévy sur ses souvenirs rue Saint-Guillaume.