# 172 / Edito

Le RN, parti nationaliste, raciste et antisémite, est aux portes du pouvoir. Nous consacrons donc notre numéro de cette semaine à l’enjeu unique et indiscutable de ce second tour : la nécessité de s’opposer résolument à l’extrême droite. Si on en est arrivé là, c’est qu’il est parvenu, sans rien changer à sa matrice idéologique, à se faire passer aux yeux d’une partie conséquente des Français pour ce qu’il ne saurait être : une alternative politique crédible, un parti responsable et moderne. Au centre de cette opération bien connue de « dédiabolisation », se trouve l’idée que le RN se serait débarrassé de son antisémitisme. Désormais, le diable s’habille en philosémite. Le texte de Julia Christ s’interroge sur le contexte au sein duquel cette prétention d’être le « bouclier de Juifs » a pu apparaître fondée. Et donc sur les responsabilités qui doivent être prises pour que puisse s’articuler une opposition efficace à un antisémitisme qui sait désormais avancer masqué. Afin de dissiper l’illusion qui voudrait que le RN soit devenu le défenseur des juifs, et que ces derniers le rallient dès lors en grand nombre, nous publions un entretien croisé entre Johan Weisz – rédacteur en chef du média spécialiste de l’extrême droite Streetpress – et Jonathan Hayoun – co-auteur, avec Judith Cohen Solal d’une enquête (La main du diable : Comment l’extrême droite a voulu séduire les Juifs de France (Grasset, 2019)) sur l’évolution de son discours et de sa stratégie concernant les Juifs.

Sans rien changer à sa matrice idéologique, l’extrême droite a su faire du soupçon qui pesait sur elle une force – celle d’assumer ce qu’elle fait et de contrôler ce qu’elle dit –, aidée en cela par des adversaires qui, plutôt que d’assumer leur responsabilité politique, se réfugient dans des postures enfantines : « on ne savait pas… »

À écouter certains, le RN ne serait plus antisémite et les juifs voteraient en grande majorité Bardella. Retour sur, à la fois le sentiment de danger dans lequel vivent les juifs de France, et la stratégie de communication du parti de Marine Le Pen.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.