K. propose cette semaine son nouveau podcast : Avishag Zafrani s’y entretient avec Yolande Zauberman – la réalisatrice de Moi Ivan, Toi Abraham (1993), Would you have sex with an arab ? (2011) et M (2018) – qui prépare actuellement un film sur Golda Meir et son supposé amant libano-palestinien. La conversation tourne autour d’Israël, des documentaires que Yolande Zauberman y a tournés. Dans Would You Have Sex with an Arab ?, filmé en grande partie au cœur de la vie nocturne de Tel-Aviv, centrant son propos sur le désir et l’intimité des personnages rencontrés au cours de sa déambulation, la cinéaste prenait le contre-pied de toutes les projections que nous avons sur le conflit à partir de la question a priori la moins politique qui soit. Peine perdue, la politique, l’histoire, la conflictualité fait retour dans un film qui donne l’image inédite d’un pays à la fois bien réel et comme rêvé.
Pays bien réel aussi, mais cette fois cauchemardé, la Pologne, celui des parents de Yolande Zauberman qui n’en parlaient plus la langue. La cinéaste s’y est quelquefois rendue pour préparer Moi Ivan, Toi Abraham. C’est en Pologne aussi que se rend le personnage de la nouvelle de Gilles Rozier, où il n’a plus aucun parent à visiter, mais qui lui occupe irrésistiblement l’esprit. La Pologne est un pays bien réel mais devenu spectral pour les Juifs d’Europe.
Le troisième texte de K. cette semaine recule d’une case vers l’ouest, en Allemagne, où Samuel Petit s’est entretenu avec Michael Blume, le Commissaire à la lutte contre l’antisémitisme du Land Bade-Wurtemberg. Stuttgart, la capitale de cet État du sud de l’Allemagne, est au cœur des débats outre-Rhin depuis le Printemps dernier, car c’est là que s’est formé le mouvement anti-confinement et anti-vaccin aux relents antisémites le plus virulent du pays, ‘Querdenken 711’. Michael Blume dresse un état des lieux de la situation en radiographiant les couches stratifiées d’antisémitisme, sans oublier celle, très prégnante en Allemagne, qui consiste à rapprocher l’État d’Israël de la politique nazie afin de « se décharger émotionnellement » en cherchant à soulager un sentiment de culpabilité.