# 101 / Edito

La Revue K. souhaite, à ceux qui en ont, une bonne semaine de congés et revient dès mercredi prochain avec du contenu inédit.

Cette semaine marque la première année de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À cette occasion, nous republions l’entretien que nous avait accordé Pinchas Goldschmidt en octobre dernier. Celui qui venait de renoncer à son poste de grand-rabbin de Moscou et, subissant des pressions pour soutenir la guerre, avait décidé de fuir définitivement la Russie, y évoquait son départ, comme celui de nombreux juifs russes. S’interrogeant sur l’avenir envisageable des communautés juives de l’Est frappées par la guerre, Pinchas Goldschmidt notait que « beaucoup des Juifs [d’Ukraine] qui ont quitté le pays n’y retourneront pas, même en cas de victoire ukrainienne. Beaucoup de Juifs russes également partis de leur pays ne reviendront pas non plus ». Quelques semaines après nous avoir accordé cet entretien, il exprimait à la fois son inquiétude à propos de la recrudescence d’actes antisémites en Russie, et appelait publiquement les Juifs russes à quitter le pays.

Le mois dernier, Bernie Sanders postait un tweet : « J’ai été heureux de rencontrer aujourd’hui l’ancien leader du Parti travailliste Jeremy Corbyn. J’ai hâte que nous travaillions ensemble pour construire une solidarité internationale en vue d’un avenir qui profite à tous. » Après avoir posé aux côtés de deux dirigeantes de la France Insoumise en France à l’occasion des dernières élections législatives, Jeremy Corbyn poursuit donc son tour du monde des dirigeants de gauche – qui oublient vraisemblablement son aveuglement opportuniste à propos de l’antisémitisme qui sévissait dans le Labour dont il était le chef. Pour contrarier cette cécité persistance et parce qu’il nous semble que la « solidarité internationale » évoquée par Sanders doit aussi inclure les militants juifs qui ont été harcelés au sein du Labour (au point que nombre d’entre eux aient abandonné leur engagement politique), nous republions la synthèse du rapport de la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme sur l’antisémitisme qui a conduit à l’exclusion de Corbyn du groupe travailliste du Parlement britannique.

Les manifestations organisées en Israël contre le nouveau gouvernement de Netanyahu rythment désormais la vie politique du pays et illustrent la polarisation grandissante de sa société entre sionistes religieux et laïcs. Au moyen d’une fiction dystopique, une série télévisée a porté ce clivage à son comble, en faisant l’hypothèse d’une division territoriale. Autonomies met ainsi en scène un Israël scindé en deux : une frontière séparant ici un État laïc avec Tel Aviv pour capitale d’une théocratie dirigée par un groupe religieux ultra-orthodoxe sur le territoire autonome de Jérusalem. Nous republions le texte dans lequel Noémie Issan-Benchimol analyse Autonomies en revenant notamment sur l’imaginaire de la guerre civile dans la conscience juive contemporaine.

Depuis cet été, Pinchas Goldschmidt n’est plus le grand-rabbin de Moscou, poste qu’il a occupé pendant près de trente ans. Né à Zurich, arrivé en Russie en 1988, à l’époque de Gorbatchev, pour travailler au rétablissement d’une vie juive au moment de la perestroïka, il a décidé de quitter son pays d’adoption après l’invasion de l’Ukraine, alors qu’il subissait des pressions pour soutenir la guerre. K. l’a rencontré à l’occasion de son passage à Paris pour une réunion de l’Institut pour la liberté religieuse et la sécurité en Europe (IFFSE) dont il est un des membres fondateurs, en tant que président de la Conférence des rabbins européens.

Il y a tout juste un an — le 29 octobre 2020 — Jeremy Corbyn était exclu du Labour qu’il avait dirigé de 2015 à 2020. Cette exclusion faisait suite aux réserves qu’il avait exprimées sur les conclusions du rapport de l’EHRC portant sur l’antisémitisme au sein du Labour remis à son successeur Keir Starmer. K. en présente ici une synthèse. Elle rend compte à la fois de ce que fut la réalité de l’antisémitisme au sein du Labour mais aussi de la manière dont, après la démission de Corbyn, les travaillistes surent le regarder en face.

Les séries ‘Unorthodox’ et ‘Shtisel’ sont des succès mondiaux qui ont fait entrer les haredim dans les foyers. Pour K., Noémie Issan-Benchimol évoque ‘Autonomies’ série dystopique qui imagine Israël scindé en deux : d’un côté, le territoire autonome de Jérusalem dirigé par un groupe religieux ultra-orthodoxe ; de l’autre, un État laïc avec Tel Aviv pour capitale ; d’un côté le pays sioniste et de l’autre le pays théologique.

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Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.