Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de quelques thématiques phares. Cette semaine : un dossier sur l’Allemagne avec des textes et reportages de Julia Christ, Lisa Vapné, Constantin Goschler et Barbara Honigmann.
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30 janvier 1933, le jour où l’humanité est morte
Le 30 janvier 1933, il y a quatre-vingt-dix ans, Hitler était nommé chancelier du Reich. Face à cet événement l’Europe entière attendait qu’une personne prenne la parole : Karl Kraus, juif viennois, pamphlétaire radical et polémiste universellement redouté qui avait fondé en 1899 Le Flambeau, journal dont il fut le rédacteur unique à partir de 1911 et aux flèches duquel peu de ses contemporains ont échappé. Or, Karl Kraus refuse de parler. Au lieu de commenter « l’événement » il s’acharne à faire comprendre à tous ceux qui veulent « en parler » pourquoi il n’y a plus rien à dire. Julia Christ revient sur le silence de celui qui jusque-là avait toujours trouvé quelque chose à dire et rend compte de sa signification pour l’histoire de l’Europe.
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Pourquoi les Juifs d’Allemagne parlent-ils russe ?
par Lisa Vapné – Paru le18 janvier 2023
200.000 Juifs soviétiques se sont installés en Allemagne depuis les années 1990. S’ils ont migré dans le pays des assassins, c’est en partie parce que l’Allemagne a mené une politique d’accueil très positive à leur égard, mais aussi parce que le judaïsme soviétique n’avait pas les mêmes représentations de ce pays que les Juifs de l’Europe de l’Ouest. Lisa Vapné nous raconte l’histoire de l’intégration complexe de ceux qui étaient d’abord désirés, puis ont déçu, et enfin jusqu’aujourd’hui se battent en grande partie pour être reconnus par leur propre communauté.
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L’Accord de « réparations » entre l’Allemagne et Israël (1952) : le mirage de la réconciliation
Constantin Goschler – paru le 21 septembre 2022
Il y a exactement soixante-dix ans, en septembre 1952, fut signé l’Accord de Luxembourg. Le gouvernement de la RFA accédait aux demandes du jeune État israélien et s’engageait à verser une indemnisation conséquente. Traditionnellement considéré comme une modalité de réparation après la Shoah, l’accord de Luxembourg est en réalité une transaction bien plus subtile qui ne fut pas considérée comme une réparation, ni comme une réconciliation. L’historien Constantin Goschler revient sur les tenants et les aboutissants de cet accord et sur le contexte géopolitique allemand et mondial qui l’éclaire.
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Jacob Wassermann : son parcours en tant qu’Allemand et Juif
Par Barbara Honigmann – Paru le 5 janvier 2022
« Éhontément juif », c’est ainsi que l’on pourrait, très littéralement, traduire le dernier livre en Allemand (inédit en français) publié par Barbara Honigmann : Unverschämt Jüdisch (Hanser, 2021). Le portrait de l’écrivain Jakob Wassermann (1873-1934) y figure en bonne place pour dire le malaise qu’a pu ressentir une génération, au début du XXe siècle, à l’idée d’être à la fois juive et allemande – ou de ne pas être vraiment ni l’un, ni l’autre. Wassermann disait croire en une symbiose possible des deux identités, tout en jugeant déplorable la condition du juif occidental de son époque, coupé de son passé. À travers la figure de l’auteur de Mon chemin comme Allemand et comme Juif (1921), le texte de Barbara Honigmann nous plonge au cœur d’une tension vécue comme une épreuve de force.
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