Vendredi 3 juin dernier, Danielle Simonnet, figure de la France Insoumise, se félicitait du soutien de Jeremy Corbyn, venu de Londres battre le pavé de la quinzième circonscription de Paris où elle se présente pour la NUPES aux futures élections législatives. Indignations légitimes de ceux qui n’ont pas la mémoire courte : ils se souviennent de la complaisance du Labour vis-à-vis de l’antisémitisme lorsque Corbyn en était le patron. Danielle Simonnet s’est insurgée : pour elle, Corbyn n’est que la « victime d’une grossière manipulation ». Milo Lévy-Bruhl – qui avec Adrien Zirah avaient déjà analysé dans K. le rapport de l’EHRC sur l’antisémitisme au sein du parti de gauche anglais – y revient cette semaine pour la bonne information de Danielle Simonnet. Il en profite pour réfléchir au destin d’une union de la gauche, sans aucun doute désirable aujourd’hui, à condition qu’une partie de ceux qui l’animent ne se voilent plus la face sur la réalité du regain de l’antisémitisme, y compris à gauche.
En France, le week-end politique a été marqué par l’accueil de Jeremy Corbyn dans la circonscription parisienne où se présente aux élections législatives la figure majeure de la France Insoumise dans la capitale, Danielle Simonnet. Après un évènement militant, Danielle Simonnet a partagé sur les réseaux sociaux des photos aux côtés de l’ancien leader du Labour, tout en disant ressentir « [b]eaucoup d’émotion et de fierté de recevoir ce soir Jeremy Corbyn, député de Londres, venu avec Danielle Obono en soutien à notre dynamique militante de la Nupes[1] et notre campagne d’union. » Le fait de placer une dynamique électorale sous le patronage de l’homme qui a conduit le Labour à la pire défaite de son histoire n’a vraisemblablement pas effrayé les Insoumis qui sont le pôle dominant de la nouvelle union électorale de la gauche et des écologistes en France. Les polémiques autour de la personne de Corbyn et de sa gestion de l’antisémitisme au sein du Labour non plus. Rappelons sommairement quelques faits : Corbyn a eu, personnellement, des fréquentations discutables et des comportements disons malencontreux – qu’il a parfois lui-même reconnus avant de s’en excuser (comme lors de son soutien à la fameuse fresque représentant des banquiers juifs contrôlant le monde qu’il n’avait d’abord pas considérée comme antisémite). Mais Corbyn a surtout été critiqué pour avoir négligé les problèmes de l’antisémitisme au sein du Labour. Il lui est arrivé, certes, de reconnaître que le Labour avait bien un problème avec l’antisémitisme. Mais les reconnaissances ponctuelles ont oscillé avec de nombreuses minimisations et un manque certain d’entrain à régler le problème qui a finalement été documenté par le rapport de l’EHRC, organisme britannique de défense des droits de l’homme indépendant. Ce rapport, qui a porté sur une partie seulement des affaires d’antisémitisme au sein du Labour, a donné une idée de l’ampleur du problème et surtout de la légèreté coupable de Corbyn dans sa gestion ; nous en avions proposé, il y a plusieurs mois déjà, la première synthèse en français. Au moment de la publication du rapport, Corbyn a réagi en affirmant que ses conclusions étaient exagérées. Énième minimisation qui lui avait valu une suspension du parti, finalement annulée, ainsi qu’une exclusion de son groupe parlementaire, toujours en cours. Voilà pour les faits. Une somme de littérature existe sur ce sujet, évidemment difficile à manier. Ce qui ne fait néanmoins aucun doute, et que Corbyn lui-même a reconnu à plusieurs reprises, c’est qu’il y avait bien des problèmes d’antisémitisme au sein du Labour. Pourtant, dans l’écho français qu’ils ont donné à cette affaire, les défenseurs Insoumis de Jeremy Corbyn ne s’en sont jamais tenus à ce fait. C’est notamment le cas du plus important d’entre eux, Jean-Luc Mélenchon himself.
La petite musique insoumise
En septembre 2018, Mélenchon balayait rapidement les affaires d’antisémitisme au sein du Labour : les membres juifs du Labour qui s’exprimaient anonymement pour dire leur malaise ne pouvaient être, écrivait-il sur son blog, que de « prétendus juifs » relayant une propagande orchestrée par Netanyahou et visant à agir comme un « rayon paralysant ». Mais, rassurait Mélenchon, ce « vieux film d’horreur éculé » n’aurait aucun effet, en dehors des « circonscriptions où la communauté juive peut avoir un rôle ». Un an plus tard, en décembre 2019, après la débâcle historique de Corbyn, les accusations d’antisémitisme au sein du Labour reviennent pourtant sous la plume d’un Mélenchon analyste de la défaite : « Corbyn a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud. Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages. (…) Je n’y céderai jamais pour ma part. Retraite à point, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du CRIF : c’est non. Et non c’est non. »
Il y a fort à parier que Mélenchon lui-même ne voit pas le problème qu’il y a à reprendre une rhétorique qui fait la part belle aux stéréotypes antisémites les plus éculés. « Génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du CRIF » renvoie à l’imaginaire du pouvoir des juifs arrogants (peuple qui se croit supérieur) donnant des ordres (c’est bien le sens d’oukases) à des politiques agenouillés (c’est bien le sens de génuflexions). On n’y reviendra pas ici, tout juste notera-t-on le talent de Jean-Luc Mélenchon dans le maniement, à son corps défendant sûrement, de la quasi-totalité des stéréotypes antisémites (« peuple supérieur » ; Christ placé sur la croix par ses coreligionnaires ; « le langage de la finance internationale » ; scénarios culturels du judaïsme voyant dans la « créolisation » une horreur, etc.). Chacune de ces sorties a généré son lot de controverses, nourrissant les accusations sur le supposé antisémitisme de Mélenchon ou a minima son indifférence à la question (les traces d’indifférence se sont encore récemment manifestées lorsque Mélenchon a placé l’assassinat terroriste de trois enfants juifs à Toulouse sur le même plan – celui du « grave incident » – que le passage à tabac de « Papy Voise »). Ce passif de Mélenchon est un point important à avoir en tête : si la venue de Corbyn – et la question du rapport de la France Insoumise à Corbyn – suscite tant de réactions, c’est qu’elle s’inscrit à l’intérieur d’un problème plus vaste qui concerne la France Insoumise, dont la promptitude à soutenir Corbyn (et à masquer des problèmes qu’il a pourtant lui-même reconnus) n’est qu’un élément.
Quelle forme prend le problème de l’antisémitisme au sein de la France Insoumise ? Il y a d’une part, ces sorties ambiguës de Mélenchon, qui gênent surtout par leur accumulation. Mais il y a, surtout, les réactions des Insoumis aux polémiques que ces sorties génèrent. Le registre argumentatif des Insoumis en général, et de Mélenchon en particulier, est toujours le même ; c’est celui que Mélenchon imposait déjà dans sa défense de Corbyn. Il repose sur trois axiomes. Premier axiome : l’antisémitisme à gauche n’existe pas. Il n’existe ni au Labour, ni à la France Insoumise, ni chez Corbyn, ni chez Mélenchon. Deuxième axiome : les accusations d’antisémitisme sont des manipulations orchestrées pour entraver la progression d’une gauche qui se rapproche du pouvoir ou pour interdire la critique d’Israël. Troisième axiome : Mélenchon et la France Insoumise sont à l’avant-garde de la lutte contre l’antisémitisme et les plus grands défenseurs des juifs. Telle est la petite musique qu’entonne Mélenchon et que reprennent en chœur les Insoumis à chaque dérapage de leur chef. Ces axiomes forment un système : les Insoumis étant les champions (autoproclamés) de la lutte contre l’antisémitisme, ils ne peuvent pas être antisémites et dès lors toute critique est une machination/manipulation. Puisque toute critique est une manipulation et que les Insoumis sont les champions de la lutte contre l’antisémitisme, c’est également à eux qu’il revient de dire qui est antisémite et qui ne l’est pas ; de dire là où il y a vraiment de l’antisémitisme (à droite et à l’extrême-droite) et là où l’antisémitisme est inventé (à la France Insoumise, à gauche en général et dans les mouvements sociaux). Ainsi, ils s’opposeront vertement à la réédition des pamphlets de Céline au nom de la lutte contre un antisémitisme qui ne sera néanmoins plus considéré que comme une honteuse manipulation politicienne quand il sera dénoncé par d’autres comme perçant de certaines franges de mouvements sociaux comme les Gilets Jaunes.
Il arrive pourtant que le chef d’orchestre Insoumis se prenne les pieds dans sa partition. Mélenchon a bien sûr identifié depuis longtemps les institutions qui sont, selon lui, à l’origine des manipulations : le grand rabbin d’Angleterre, le Likoud et, en France, le CRIF au « communautarisme agressif » (Mélenchon, 2017). Or, il s’avère que le CRIF s’est récemment attaqué à une autre personnalité politique : Éric Zemmour. Une attaque qui a fait bugger le leader de la France Insoumise. La logique de ce bug est très simple : puisque le CRIF accuse Mélenchon d’être antisémite alors que Mélenchon ne l’est pas, Zemmour ne peut pas être antisémite puisqu’il est accusé par le CRIF de l’être (s’il s’avérait que Zemmour était antisémite, ça voudrait dire que Mélenchon pourrait l’être aussi). Mélenchon, qui, autre conséquence de sa logique, est le seul à pouvoir dire qui est antisémite ou qui ne l’est pas, a donc commenté les attaques du CRIF contre le leader d’extrême-droite, et rendu sa sentence : ils se trompent, Zemmour n’est pas antisémite. Et puis, il a fait un pas supplémentaire. Celui auquel devait le mener le besoin de justifier une sentence qui n’a aucun fondement puisqu’il n’y a que dans la logique dans laquelle il s’est enferré qu’elle peut être fondée. Ce pas supplémentaire a consisté à dire que Zemmour n’était pas antisémite et qu’au contraire ce que le CRIF reprochait à Zemmour comme étant à la source de son antisémitisme était, en fait, conforme aux « scénarios culturels » du judaïsme. Évidemment nouvelle polémique, et nouvelles dénégations. Et, pour une fois, de timides excuses. Peut-être en se réécoutant Mélenchon, qui est un homme intelligent, a-t-il entendu l’implicite de sa déclaration, le point où sa logique s’effondre, ou devient diabolique, le point, dont il est proche, et qui ne lui laissera bientôt plus d’autre choix que de dire que les vrais antisémites sont les juifs.
Les clivages de la Nupes
C’est dans ce contexte d’enlisement de la rhétorique mélenchoniste que prend place le grand évènement politique de ces derniers mois – l’union de la gauche et des écologistes dans la Nupes – et le petit évènement de ce week-end. Reprenons-en le fil. Le tweet de Danielle Simonnet déclenche immédiatement son lot de réactions. Parmi ces dernières, celle de sa principale concurrente à gauche, l’ancienne députée de la circonscription à laquelle la candidature de Simonnet a été préférée dans le cadre de l’accord électoral. La candidate dissidente se fend donc d’un message : « Les masques tombent : inviter et afficher le soutien de Jeremy Corbyn, écarté du Labour et du groupe pour complaisance avec l’antisémitisme en Angleterre, après 1000 plaintes enregistrées par ce parti, est une honte dont est fière Danielle Simonnet. La gauche ne peut pas accepter cela ! ». Réponse immédiate de l’intéressée : « Honte à vous. Jeremy Corbyn n’a jamais tenu un seul propos antisémite mais a été victime d’une grossière manip’ parce qu’il incarnait l’aile gauche. Le labour a dû s’excuser et le réintégrer. Il y suffisamment de vrais antisémites à combattre pour s’en inventer d’autres. » La réponse est dans les canons de la rhétorique insoumise : déplacement de l’accusation ; réactivation de la thèse de la manipulation pour empêcher la gauche de gagner et, surtout, là où les autres inventent des antisémites, Danielle Simonnet, elle, se place dans le camp des vrais acteurs de la lutte contre les vrais antisémites. Récitation mélenchonienne maîtrisée à la lettre.
La réponse de Danielle Simonnet a, à son tour, suscité son lot de réactions, et c’est là que l’on s’approche de la question qui nous intéresse. Comment le contexte de la Nupes allait-il peser sur une séquence malheureusement trop bien connue ? Car les autres membres de cette alliance ne présentent pas, en effet, les mêmes dispositions vis-à-vis du regain d’antisémitisme que connait l’Europe en générale et la France en particulier. Indiquons pour notre lectorat non français que le pays a connu, ces dernières années, une explosion de l’antisémitisme : discours antisémites sur les réseaux sociaux, regain des théories du « complot juif », multiplication des actes antisémites et des assassinats de juifs (de Ilan Halimi à Mireille Knol en passant par les victimes de l’attentat de Toulouse, de l’Hyper Casher, etc.). Les écoles juives et les synagogues bénéficient depuis plusieurs années d’une protection policière ou militaire renforcée mais c’est jusque chez eux que, ces dernières années, des juifs ont été assassinés. Pour appréhender cette lame de fond antisémite, il suffit de se pencher sur les actualités de ces dernières semaines. Le journal Le Monde rapporte que le 3 juin dernier, le mari de la candidate Les Républicains dans la 1ere circonscription du Bas-Rhin était tabassé aux cris de « sale juif » dans un quartier populaire de la métropole strasbourgeoise où il collait des affiches. À la mi-mai, c’est René Hadjadj, un homme de 89 ans, qui était étranglé puis jeté depuis le 17ème étage de sa résidence par un voisin du quartier populaire de La Duchère, à Lyon. Dans le journal Libération, on lit que l’enquête pour « homicide volontaire » s’est élargie à « la circonstance aggravante d’acte commis à raison de l’appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » après la découverte des obsessions complotistes antisémites du suspect sur son profil twitter.
Parmi les différents membres de la Nupes donc, le Parti socialiste a, ces dernières années, fait preuve d’une indiscutable clarté face à cette résurgence de l’antisémitisme en France. Dans le cas qui nous occupe, c’est sa numéro deux, Corinne Narassiguin, soutien active de la Nupes, qui s’est fendue d’un tweet explicite en réponse à celui de Simonnet : « Solliciter et se féliciter du soutien d’un homme qui a été exclu du groupe parlementaire du Parti Travailliste britannique pour laxisme face à l’antisémitisme, ça ne fait certainement pas partie des valeurs communes sur lesquelles nous avons bâti l’accord Nupes. Bien au contraire. » Chanson habituelle de la France Insoumise d’un côté, réaction bienvenue du Parti Socialiste de l’autre : une certaine idée de la Nupes se dessine ici. Celle d’une alliance qui reste avant tout électorale et dans laquelle les clivages et les habitudes sont mis en sommeil, le temps des élections. Clivages prêts à se réveiller et qui se réveillent effectivement lorsqu’une action – considérée comme intolérable, c’est-à-dire non impliquée par la nécessaire solidarité électorale (ce que Blum aimait appeler un « cas de conscience ») – advient.
Vers une autocorrection collective ?
Mais la Nupes peut-elle ouvrir la voie à autre chose ? Pour entrevoir la possibilité de cet autre destin, il faut s’intéresser, au troisième acteur principal de l’alliance : Europe Écologie les Verts. Depuis octobre 2021, ce dernier a installé en son sein un groupe de travail « Lutte contre l’antisémitisme » pour « interroger les programmes de l’écologie politique aux échéances électorales du point de vue de la lutte contre l’antisémitisme ». Dans le cadre des élections législatives actuelles, le groupe, faisant une fois de plus le constat de « la progression continue de l’antisémitisme dans notre pays et partout dans le monde » a souhaité adresser aux 577 candidats investis par la Nupes une charte en 10 points qui « englobe l’ensemble des grandes questions contemporaines liées à la lutte contre l’antisémitisme. » Le premier point de cette charte consultable en ligne est un engagement à « prendre clairement position contre les propos et actes antisémites ou négationnistes, y compris s’ils devaient être le fait de membres de mon organisation politique. » À ce jour (lundi 6 juin) seuls une trentaine de candidats de la Nupes ont signé cette charte. Parmi les signataires, essentiellement des membres d’Europe Écologie les Verts. Ici, pourtant, c’est la possibilité d’un autre destin pour la Nupes qui se dessine. Plutôt que de figer provisoirement des clivages qui n’attendent que le soir du second tour pour se réveiller, la Nupes pourrait aussi être la force active qui permettra à chacun de ses membres de faire le bilan de son passif et, espérons-le, de se réformer. C’est ce qu’elle a déjà permis au Parti Socialiste de faire, en renouvelant sa critique des dévoiements passés du Hollandisme ; réaffirmation plus que bienvenue. Le traitement de l’Affaire Corbyn par la France Insoumise, tout comme les multiples sorties de Mélenchon, appellent un geste d’autocorrection similaire ; du moins si la France Insoumise entend demeurer fidèle à l’héritage socialiste de la lutte contre l’antisémitisme ; combat qui a retrouvé ces dernières décennies toute son impérieuse nécessité. C’est une telle ambition, d’autocorrection interne, que permettrait au moins d’amorcer (ne surestimons pas les pouvoirs d’une charte) la signature massive, par l’ensemble des candidats des différentes forces réunies au sein de la Nupes, de la charte du groupe de travail d’Europe Écologie les Verts.
Le bénéfice en serait grand, au-delà des partis membres de l’alliance électorale. Le dernier point de la charte, par exemple, engage chacun de ses signataires à participer, au moins une fois au cours de son mandat, à une formation sur le sujet de l’antisémitisme. Si la charte devait recueillir l’assentiment des Insoumis, nombreux sont les acteurs du monde intellectuel et académique, spécialistes de l’antisémitisme, au premier rang desquels certains membres de la rédaction de notre revue, qui se chargeraient de bon cœur de proposer une telle formation. Formation qui commencerait par rappeler qu’historiquement la gauche a très longtemps abrité de nombreux antisémites, qu’elle fut même l’un des pôles de développement de certaines formes de l’antisémitisme moderne et que, dès lors, la dénonciation de l’antisémitisme présent à gauche peut aussi venir de gens qui espèrent sincèrement l’avènement du socialisme mais qui savent qu’un socialisme qui ne ferait pas de la lutte contre l’antisémitisme sa priorité n’en serait pas un.
On trouve pour l’instant peu d’Insoumis parmi les signataires de la charte. Pourtant, le groupe de travail d’Europe Écologie les Verts a tenu à ouvrir son processus de rédaction de la charte à des membres des autres partis de l’alliance électorale. Un groupe Whatsapp commun a donc été créé avec des représentants du Parti Socialiste, de La France Insoumise, etc. Côté France Insoumise, c’est la députée Danièle Obono qui a été intégrée à ce groupe de travail élargi. Mais cette dernière n’a toujours pas signé la charte qui en a résulté. Danièle Obono qui, vendredi dernier, accompagnait Jeremy Corbyn dans ses pérégrinations parisiennes a, en revanche, relayé le tweet de Danielle Simonnet qui dénonçait une « grossière manipulation » en commentant : « Internationalistes, antiracistes, avec Danielle Simonnet, on ne lâche rien ! En dépit de toutes les basses manœuvres politiciennes de la Macronie et de leurs allié-es. » Un problème avec l’antisémitisme ? Impossibles, nous sommes « antiracistes ». Des critiques légitimes ? Non, des « basses manœuvres politiciennes de la Macronie. » On connaît la chanson. Entre la charte et la chanson, il va falloir choisir. La lutte contre l’antisémitisme mais aussi l’avenir de la gauche en France implique de faire le bon choix.
Milo Lévy-Bruhl
Notes
1 | La Nupes ou « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » est l’alliance électorale constituée en France par les différents partis de gauche et de l’écologie (Parti Socialiste, Parti Communiste, Europe Écologie les Verts) sous l’égide de la France Insoumise (arrivée en tête des partis de gauche au premier tour des dernières élections présidentielles) en vue des élections législatives de juin 2022. |