Né en 1925 à Vilnius, le YIVO – Institut scientifique juif – voulait être le « toit » de la culture yiddish. Cent ans plus tard, installé à New York, il reste la référence mondiale pour l’étude et la transmission de l’univers ashkénaze. À l’occasion de ce centenaire, nous avons rencontré l’historienne Cecile Kuznitz, qui retrace pour nous l’aventure intellectuelle et politique de cette institution unique.
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Cette année, le YIVO fête ses 100 ans. Mais qu’est-ce que le YIVO ? Le yidisher visnshaftlekher institut, ou Institut scientifique juif, créé en 1925 à Vilnius, en Lituanie (à l’époque Wilno, en Pologne) a pour objectif la conservation, l’enseignement et la recherche sur la culture ashkénaze à travers le monde. L’on pourrait dire que cette organisation a d’abord été pensée comme une sorte d’Académie yiddish : il s’agissait de standardiser, de défendre et d’illustrer la langue alors parlée par la majorité des juifs dans le monde, et de collecter tous les matériaux nourrissant sa culture. Cet institut scientifique juif, ou yiddish (yidish signifie « juif »), imaginé en Europe de l’Est et relocalisé pendant la Seconde guerre mondiale à New York, aux États-Unis, devient en anglais Institute for Jewish Research, mais garde son acronyme yiddish : YIVO. Aujourd’hui, abrité par le Center for Jewish History, il continue à étudier et à diffuser cette langue auprès d’un public d’étudiants et de chercheurs renouvelé. Pour en savoir plus sur les défis passés et actuels de « l’Académie française du yiddish », nous avons rencontré Cecile Kuznitz, historienne américaine spécialiste de la question, qui détient la chaire Patricia Ross Weis ’52 en histoire et culture juive au Bard College. Son ouvrage majeur, YIVO and the Making of Modern Jewish Culture: Scholarship for the Yiddish Nation (Cambridge University Press, 2014), explore l’histoire du YIVO et son rôle dans la construction d’une identité juive moderne à travers la langue et la culture yiddish. – Macha Fogel

Macha Fogel : Le YIVO a été créé en 1925. À quel point se trouve-t-on alors dans l’histoire de la langue yiddish ?
Cecile Kuznitz : À ce moment-là, il existe déjà une production culturelle très dynamique en yiddish. Tout d’abord, le yiddish est alors la langue quotidienne de la grande majorité de la population juive mondiale. En 1897, un recensement mené dans l’Empire russe a montré que 95% des juifs dans ce territoire parlaient yiddish. Et en 1925, les juifs ashkénazes constituent de loin la plus grande part de la population juive dans le monde, de sorte que l’on peut dire qu’environ 80% des juifs utilisent alors cette langue. En outre, un mouvement culturel très actif autour du yiddish s’épanouit depuis plusieurs décennies, depuis la fin du XIXe siècle, avec une presse, un théâtre, une littérature yiddish. Les premières écoles primaires yiddish séculaires sont apparues pendant la Première Guerre mondiale et se sont développées au début des années 1920. C’est alors que se fait sentir le besoin de créer une instance supérieure pour établir, selon une expression de l’époque, le toit de l’édifice de la culture yiddish séculaire : une institution dévouée à la recherche et à l’enseignement supérieur ainsi qu’à la standardisation du yiddish.
MF : Dans ces circonstances, pourquoi l’institut est-il édifié spécifiquement à Wilno, en Pologne – Vilna, en russe, Vilnè, en yiddish ?
CK : L’idée de créer un institut ne naît pas à Vilnè. Nokhem Shtif, linguiste et traducteur à l’initiative de ce projet, vit alors à Saint-Pétersbourg, où se trouve une communauté d’intellectuels et écrivains yiddish. Après la révolution russe, un grand nombre d’entre eux déménage à Kiev, puis à Berlin, où la scène culturelle yiddish et hébraïque est florissante dans les années 1920. Quand Shtif lance l’idée d’un « yidisher akademisher institut », un institut académique yiddish, il estime que son quartier général devrait se trouver à Berlin. Il envoie son projet à des connaissances dans d’autres capitales, y compris à New York. Mais c’est de Vilnè qu’il reçoit la réponse la plus enthousiaste. Là-bas se trouvent les linguistes et auteurs Max Weinreich et Zalmen Reyzen, qui ont déjà de leur côté réfléchi à un projet similaire, et qui découvrent avec exaltation le memorandum de Shtif. Ils se mettent aussitôt au travail. En fait, aucune décision formelle n’établit que le QG du YIVO se trouvera à Vilnè, mais cela apparaît comme une évidence tant l’énergie y est grande. En 1928, des plans sont établis pour construire un bâtiment abritant le quartier général du YIVO à Vilnè. L’institut possède et conservera des branches dans d’autres villes. Parmi ces dernières, la branche de Buenos Aires, en Argentine, continuera longtemps de fonctionner et deviendra en définitive une institution indépendante, laquelle existe toujours. Les branches de Miami et de Chicago ont perduré assez longtemps également.
MF : Esthétiquement, à quoi le bâtiment construit à Vilnè ressemble-t-il ?
CK : Les premiers bureaux du YIVO sont installés au domicile du linguiste Max Weinreich, qui devient la figure centrale de l’institut. Puis des locaux sont loués juste à côté. Enfin, un bâtiment entier est acheté, non pas dans la partie ancienne de la ville, aux ruelles étroites, où vit traditionnellement la communauté juive, mais dans un quartier neuf, avec de larges trottoirs bordés d’arbres. Pour entrer dans l’édifice, on traverse une pelouse, ce qui fait grande impression par comparaison avec les cours juives traditionnelles, surpeuplées et dénuées de toute verdure. Le YIVO a acquis un bâtiment de bois qu’il aménage pour faire des rayonnages, des bibliothèques, une salle de lecture… le tout est très moderne et aéré. L’image de l’institut est résolument tournée vers l’avenir.
MF : Idéologiquement, quel rôle le mouvement national juif joue-t-il dans la construction du YIVO ?
CK : A l’époque où le YIVO est fondé, il existe différents mouvements nationaux juifs. Le sionisme est l’un d’entre eux, le nationalisme diasporique en est un autre, qui estime que les juifs doivent continuer à habiter là où ils se trouvent mais en luttant pour leurs droits et en renforçant leur culture en tant que minorité. Pour de nombreux nationalistes diasporiques, développer la culture yiddish est essentiel, car il s’agit de la langue quotidienne des juifs en Europe de l’Est. À leurs yeux, l’un des objectifs du YIVO doit être de développer le prestige du yiddish et de créer une version standardisée de cette langue pour la rendre comparable aux autres langues européennes. Il faut documenter sa culture et l’enrichir afin de dépasser les préjugés qui lui sont défavorables à la fois chez les juifs et chez les non-juifs. Il s’agit de développer la fierté juive autant que de défendre aux yeux des gouvernements l’existence d’une minorité nationale juive avec une culture et une identité distinctes, dont il faut protéger les locuteurs.

MF : Les fondateurs du YIVO sont-ils engagés en politique ?
CK : C’est une question compliquée. D’un côté, ces fondateurs soutiennent, comme nous venons de le voir, la reconnaissance des juifs comme minorité nationale en diaspora. D’un autre côté, le YIVO se considère comme une organisation apolitique. Ses responsables, qui dirigent des travaux académiques, estiment que pour mener des recherches objectives, il faut se garder de prendre une position politique. En outre, en tant qu’établissement cherchant à documenter la culture juive, à collecter du matériel en toutes langues, représentant tous les facteurs de la vie juive, ils ont besoin d’être neutres. C’est d’autant plus délicat que cette période est traversée par de multiples débats entre de nombreux partis politiques. Parmi les sionistes, certains reprochent au YIVO de ne pas s’engager en faveur de leur courant. De même parmi les socialistes, des voix reprochent au YIVO de ne pas être plus proche de leurs combats. À l’intérieur même de l’institution, des membres du Bund réclament un plus grand engagement de l’institution en faveur du socialisme, et surtout, après 1933, un engagement public du YIVO au côté du camp pro-communiste, pour s’unir dans la lutte contre le fascisme. Par ailleurs, dans le même temps, on voit naître de graves frictions avec les instituts de recherche juive en Union soviétique. Au départ, celles-ci collaborent avec le YIVO, dont le fondateur, Nokhem Shtif, est même parti en 1926 travailler dans un institut de recherche soutenu par l’État soviétique à Kiev. Le YIVO commence par inviter à Vilnè des conférenciers juifs soviétiques. Mais alors que la situation politique se durcit en URSS, il devient impossible de garder ces liens amicaux. Les institutions soviétiques d’étude juive attaquent le YIVO et sa ligne apolitique. De leur côté, les dirigeants du YIVO tiennent à rester sur leur ligne : pas d’affiliation avec un parti ou un mouvement politique, au nom de l’intégrité académique. À partir de la deuxième moitié des années 1930, en réponse aux pressions, ils défendent leur volonté de lutter contre le fascisme par la recherche, en produisant des travaux qui contredisent la propagande raciale nazie.
MF : Que se passe-t-il pour le YIVO lorsqu’éclate la Deuxième Guerre mondiale ?
CK : Sans entrer trop avant dans les détails, résumons les choses ainsi. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, Max Weinreich, l’un des trois dirigeants principaux du YIVO à Vilnè, se trouve en route pour une conférence internationale et fait escale à Copenhague, où il reste bloqué. Pendant ce temps, à Vilnè, les Soviétiques occupent dans un premier temps le territoire, puis ils repartent et transfèrent la région de Vilnè au gouvernement d’un pays indépendant depuis 1918, la Lituanie.D’un coup, le YIVO ne se trouve plus en Pologne, mais en Lituanie, un Etat neutre dans la guerre. On espère d’abord que l’institut pourra continuer à fonctionner, ce qu’il fait pendant un an. Mais l’on hésite : Weinreich doit-il retourner à Vilnè ? Où partir pour New York, où il existe déjà une branche importante du YIVO ? Faut-il déménager avec lui le quartier qénéral de l’institut ? Au bout d’un an, les Soviétiques reviennent et occupent Vilnè. Enfin, près d’un an plus tard encore, les nazis envahissent la ville au cours de leur progression vers l’Est. Entretemps, Weinreich a fait le choix de partir pour New York, qui devient le nouveau quartier général du YIVO. Cela doit être un déménagement temporaire, le temps de la guerre – mais deviendra permanent. Je vous recommande les travaux de Kalman Weiser[1] et de David Fishman[2] pour comprendre cette période.
MF : Le QG passe donc de Vilnè à New York. Que se passe-t-il pendant la guerre au YIVO originel, en Lituanie ? Que deviennent ses employés, ses collections ?
CK : Pendant l’occupation soviétique, les livres, les archives, restent intouchés, mais le YIVO cesse de fonctionner comme institut indépendant et se voit incorporé à la bureaucratie soviétique. Quand les nazis arrivent, en revanche, tout est bouleversé. Ils ont un plan systématique de pillage des biens juifs à travers l’Europe : archives, bibliothèques, musées, collections privées, synagogues, objets de culte… Dès qu’ils occupent Vilnè, à l’été 1941, ils organisent plusieurs centres de tri, où ils font travailler de force des employés juifs et où ils envoient tous les biens juifs qu’ils ont pillés. Le bâtiment du YIVO est utilisé comme l’un de ces centres de tri. Ses employés, ainsi que d’autres travailleurs forcés sont chargés de trier non seulement les collections de l’institut, mais aussi des biens apportés d’ailleurs. Les nazis exigent qu’ils en sélectionnent une petite partie afin de l’envoyer en Allemagne. Ils prévoient de construire après la guerre un musée, afin de montrer au monde ce qu’était la culture des Juifs, une fois que ceux-ci auront été exterminés. Le reste du matériel est détruit ou recyclé.
MF : C’est à ce moment-là que certains employés du YIVO jouent un rôle héroïque…
CK : En effet, certains travailleurs forcés réunis dans le bâtiment du YIVO, mené par les célèbres poètes et partisans Avrom Sutzkever et Shmerke Kaczerginski, créent une « brigade du papier ». Ils volent du matériel (livres, archives, objets d’art…) que les nazis ont prévu de détruire et le font passer en contrebande dans le ghetto, où il est enterré dans des souterrains, ou bien à des Lituaniens non-juifs qui les aident, en-dehors du ghetto. Cette « contrebande » est possible car ils sont forcés de vivre dans le ghetto mais sont transférés chaque jour au bâtiment du YIVO, qui se trouve dans une autre partie de la ville, pour travailler. Ils ont donc des opportunités de contact avec des Lituaniens qui acceptent de coopérer, ou de rapporter des objets le soir au ghetto.

MF : Après la guerre, le YIVO de Vilnè n’existe plus. Les communautés juives d’Europe de l’Est ont été détruites. Le YIVO s’installe définitivement à New York. Qui fréquente alors l’institut ?
CK : Dans les années d’après-guerre, c’est une destination de choix pour les écrivains yiddish, les militants des écoles en yiddish, pour toute personne active dans le monde yiddish, ainsi que pour nombre de survivants de la guerre qui viennent s’y retrouver. Quand j’ai travaillé au YIVO dans les années 1990, il y avait encore beaucoup de juifs originaires d’Europe de l’Est, qui parlaient yiddish tout simplement, et qui venaient à la bibliothèque pour lire les journaux, les magazines, les dernières publications. A côté de cela, le YIVO a toujours attiré des chercheurs et des généalogistes du monde entier, grâce à ses collections, les plus importantes du monde sur la culture yiddish, la littérature, l’histoire des juifs de langue yiddish. Il existe aujourd’hui des dizaines de cours qui attirent des étudiants, donc quand on se promène au YIVO, à New York, on croise des étudiants, des chercheurs… Pendant 50 ans, le YIVO a proposé une université d’été pour apprendre le yiddish. Cette option existe de nos jours dans plein d’autres centres, à Tel Aviv, à Varsovie, à Paris… mais quand le YIVO a commencé, il était le seul et il attirait tous ceux qui voulaient apprendre la langue.
MF : Pouvez-vous dresser le portrait de l’étudiant de yiddish typique du YIVO aujourd’hui ?
CK : Il a toujours existé plusieurs catégories. D’un côté, des étudiants de master et des thésards, qui veulent apprendre le yiddish pour des raisons académiques, pour leurs études. Des musiciens, des acteurs qui veulent chanter en yiddish, ou écrire leurs propres chansons dans cette langue. Plus récemment, on voit apparaître deux nouveaux groupes. D’abord des étudiants plus jeunes, qui viennent de commencer la fac, ou bien même des lycéens, qui sont intéressés par le yiddish. Cet intérêt est neuf et se répand. Et puis un deuxième groupe d’étudiants bien plus âgés, retraités en général, qui ont le temps de faire des choses qui les intéressent. Il s’agit souvent de personnes qui ont entendu le yiddish dans leur enfance et regrettent que la langue ne leur ait pas été transmise. Ils souhaitent regagner cette partie de leur culture à présent qu’ils en ont le temps.
MF : Qu’est-ce qui explique, selon vous, le nouvel intérêt témoigné par de très jeunes gens, lycéens ou étudiants de licence, pour le yiddish ?
CK : Je dirais que pour certains d’entre eux, cet intérêt est lié à leur point de vue sur Israël, ou sur la situation en Israël. Peut-être que l’éducation juive qu’ils ont reçue en école juive, ou dans des mouvements de jeunesse juifs, était centrée sur Israël et sur le soutien au sionisme. Quand ils éprouvent des désillusions par rapport à Israël, certains d’entre eux perçoivent la culture yiddish comme une alternative. Ils s’intéressent par exemple au bundisme, un mouvement politique yiddishiste socialiste, qui était antisioniste. Il s’agit là d’une vision limitée de la culture yiddish à mon avis, mais c’est un élément qui attire certains étudiants. Il existe cependant des motivations plus larges, chez de jeunes filles et de jeunes garçons américains qui ne souhaitent pas forcément s’opposer au sionisme, mais qui sont insatisfaits du contenu culturel, de l’identité juive dans laquelle ils ont été éduqués. Ils trouvent que cette culture juive américaine mainstream n’est pas tellement connectée à l’histoire de leur famille, de leurs ancêtres. Ils ont reçu des cours sur la Shoah, mais ils veulent savoir ce qui existait avant les morts et la destruction. Pendant longtemps, il y a eu également beaucoup d’étudiants venus d’Europe de l’Est, intéressés par le fait que leur pays ait pu être un lieu marqué par la diversité culturelle, multiethnique. Par exemple, de jeunes étudiants polonais découvrent que la société polonaise avant la guerre comprenait des minorités juive, ukrainienne, allemande. Ce narratif les intéresse parce qu’il est différent de celui que l’extrême-droite déploie. On les rencontre moins fréquemment aux cours du YIVO à présent, d’une part à cause de la guerre en Ukraine, ensuite pour une raison bien plus heureuse : il existe désormais des cours de yiddish à Varsovie ; il n’est plus nécessaire de se rendre à New York.

MF : Quel est l’objectif du YIVO de nos jours, alors que le yiddish n’est plus, de loin, la langue de la majorité de la population juive ?
CK : A nouveau, je recommande les travaux de Kalman Weiser sur ce sujet. Bien sûr, les dirigeants du YIVO d’après la guerre, Max Weinreich au premier chef, doivent affronter un profond changement de situation. Le YIVO a été créé comme un institut pour les masses juives, et non pour une poignée d’intellectuels. Mais après la guerre, le yiddish n’est plus la langue parlée par la majorité de la population juive. Le YIVO change de langue de travail pour utiliser principalement l’anglais, notamment dans ses publications. Il s’agit de rendre son action accessible à un public intéressé par cette culture.
MF : De nos jours, le yiddish est parlé principalement au sein de communautés hassidiques, très présentes à New York. Le YIVO s’adresse-t-il aussi à ce public ?
CK : C’est une question intéressante. Le yiddish est en effet la première langue de ces communautés hassidiques. Quand je travaillais au YIVO dans les années 1990, je voyais déjà parfois des hassidim venir s’asseoir dans la salle de lecture pour consulter du matériel de la bibliothèque ou des archives. Le YIVO a voulu tenter de collecter le matériel produit en yiddish par ces communautés mais celui-ci est si abondant, que je doute qu’il parvienne à tout rassembler.
MF : Existe-t-il une différence entre le yiddish enseigné au YIVO et celui parlé par les hassidim ?
CK : Lors de sa création, le YIVO a produit une langue standardisée, qu’on appelle le klal yidish, pour pouvoir l’enseigner à l’école, l’utiliser dans des manuels. Cette standardisation a depuis lors constamment été critiquée de divers côtés. Depuis peu, des linguistes commencent à s’intéresser au yiddish hassidique et formulent de nouvelles critiques contre le klal yidish : si la majorité des gens qui parlent le yiddish, c’est-à-dire ces communautés hassidiques, le font selon d’autres règles, ne faudrait-il pas en tenir compte au YIVO ? De sorte que l’institut propose désormais des cours portant sur ce thème. Il existe une reconnaissance croissante du fait que ces communautés ne devraient pas être ignorées. Je pense que l’on pourrait faire encore beaucoup – non pas forcément pour attirer un public hassidique massif à la bibliothèque du YIVO – mais pour documenter leur culture et pour s’adresser aux hassidim. Il faut dire à ce sujet que la digitalisation des œuvres rend l’ensemble de la littérature yiddish profane accessible à bien des membres de ces communautés. Ils sont une minorité au sein de leurs groupes à s’y intéresser, mais en valeur absolue, du fait de la démographie galopante des cercles hassidiques, ils sont de plus en plus nombreux.
Propos recueillis par Macha Fogel
Notes
| 1 | “Coming to America, Choosing Yiddish: Max Weinreich and the emergence of YIVO’s American center,” in Lara Rabinovitch, Shiri Goren, and Hannah Pressman, ed. Choosing Yiddish: New Frontiers of Language and Culture. Wayne State University Press, 2012, 233-252. |
| 2 | The Book Smugglers: Partisans, Poets, and the Race to Save Jewish Treasures from the Nazis, ForeEdge, 2017 |