Des universitaires israéliens face à l’appel au boycott de leurs universités

Comment les universitaires israéliens réagissent-ils à l’appel au boycott de leurs universités, et à l’idée qu’elles soutiendraient la politique menée par l’État hébreu ? Quelles relations entretiennent-ils avec le gouvernement Netanyahu, et comment la guerre a-t-elle affecté leur liberté académique ? Pour éclaircir ces questions, K. est allé les interroger directement. Nous publions les réponses des professeurs Itaï Ater et Alon Korngreen, membres du groupe « Universitaires pour la démocratie israélienne », ainsi que celles du professeur Eyal Benvenisti, membre du « Forum des professeurs de droit israéliens pour la démocratie ».

 

Quelles relations votre université, en tant qu’institution, ainsi que ses professeurs et étudiants, entretient-elle avec le gouvernement Netanyahou tel qu’il a été formé en novembre 2022 ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Depuis que le nouveau ministre de la Justice, M. Yariv Levin, a annoncé son projet de réforme judiciaire le 4 janvier 2023, des milliers d’universitaires issus de nombreux établissements d’enseignement supérieur israéliens ont exprimé leurs inquiétudes quant au projet du gouvernement d’affaiblir considérablement le système judiciaire et de faire évoluer Israël vers un régime autoritaire. À l’université de Tel-Aviv, plus de 1 000 professeurs ont signé un manifeste affirmant que la réforme judiciaire constitue une menace évidente pour la démocratie et l’avenir d’Israël. Le sénat de l’Université de Tel Aviv a également rendu publique une déclaration dénonçant la réforme judiciaire et s’est engagé à s’opposer activement aux changements. D’autres sénats universitaires ont fait des déclarations similaires. Au cours de la première semaine du semestre, le groupe de travail sur la démocratie de l’université de Tel-Aviv, composé de professeurs de toutes les facultés, a organisé une semaine de la démocratie sur le campus, avec des dizaines de conférences ouvertes portant sur les valeurs démocratiques. Les manifestations, qui partent souvent des campus pour se rendre aux carrefours les plus proches, sont devenues monnaie courante. Bon nombre de ces activités ont été organisées par un groupe de protestation populaire formé dans le milieu universitaire israélien et appelé « Universitaires pour la démocratie israélienne » (également connu sous le nom de « Pas de démocratie sans université »). Nous faisons tous deux partie de l’équipe dirigeante de cette organisation au sein de laquelle des universitaires de toutes les universités s’expriment publiquement pour s’opposer au gouvernement. Vous pouvez d’ailleurs consulter certains de nos messages traduits en anglais aux adresses suivantes :

https://www.bashaar.org.il/wp-content/uploads/2023/08/SpeakOut-29.04.23.pdf

https://www.bashaar.org.il/wp-content/uploads/2024/09/SpeakOut_2-September-2024.pdf

Eyal Benvenisti : Depuis le premier jour, le gouvernement Netanyahou a identifié les universitaires israéliens comme ses adversaires parce que nous sommes des libéraux qui soutenons l’État de droit, y compris le respect du droit international, et que beaucoup d’entre nous recherchent la paix avec les Palestiniens. Il déteste le fait que nous discutions de ces valeurs avec nos étudiants.

Ce gouvernement a-t-il exercé des pressions politiques sur les universités depuis son arrivée au pouvoir ? Dans l’affirmative, quelle forme revêt cette pression ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Les universités israéliennes sont politiquement indépendantes et jouissent de la liberté académique ; toutefois, des hommes politiques, dont l’actuel ministre de l’Éducation, ont tenté d’influencer le discours universitaire. Quelques exemples :

  • La Loi de bâillonnement académique : un projet de loi qui interdit aux professeurs d’exprimer leur soutien ou leur identification à des actes de terrorisme. C’est un fonctionnaire nommé par le gouvernement, et non les tribunaux, qui définirait la notion de « soutien à un acte terroriste ». En substance, cette loi prévoit l’introduction de censeurs politiques dans le monde universitaire. Elle prévoit également de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement sans indemnité et à des coupes budgétaires pour l’établissement en cause. Toutes les institutions universitaires ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à cette loi et les syndicats ont indiqué qu’ils feraient grève si elle était adoptée.
  • La décision du ministre de l’Éducation d’annuler le prix Israël, la récompense la plus prestigieuse décernée chaque année le Jour de l’Indépendance à des personnes ayant apporté une contribution significative à la science et à la culture (dont beaucoup sont des professeurs d’université). Cette décision a été annulée par la Cour suprême à la suite d’une pétition.
  • La nomination de personnes non qualifiées à des postes de direction au sein des organismes de réglementation qui supervisent le monde universitaire israélien. Ces personnes ne représentent pas les établissements publics d’enseignement supérieur et sont susceptibles d’affaiblir les universités, en particulier celles qui sont financées par des fonds publics, en permettant aux partis politiques d’influencer la répartition des fonds.

Eyal Benvenisti : De nombreuses mesures ont été prises pour limiter la liberté des établissements universitaires qui sont réglementés et financés par l’État, tandis que d’autres mesures sont conçues pour limiter la liberté académique des professeurs. Dans le passé, l’enseignement supérieur était réglementé par un organe professionnel apolitique. Le gouvernement s’efforce actuellement d’entraver l’indépendance de cet organe en s’appuyant sur le ministre de l’Éducation et des professeurs de droite. 

Outre ce changement institutionnel, divers efforts législatifs visent à limiter les libertés académiques des professeurs et à obliger les universités à licencier les professeurs exprimant des points de vue que les autorités peuvent juger offensants.

Eyal Benvenisti
Comment les universités réagissent-elles aux tentatives du gouvernement d’interférer avec leurs activités de recherche et d’enseignement ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Jusqu’à présent, les universités ont résisté aux tentatives d’ingérence dans leur travail de recherche et d’enseignement. Cependant, les présidents d’université (à l’exception du professeur Ariel Porat, président de l’université de Tel-Aviv) ont fait preuve d’une certaine timidité dans leur dénonciation de la situation plus générale à laquelle Israël est confronté, s’agissant notamment des menaces permanentes qui pèsent sur la démocratie libérale, l’État de droit et la vie des otages à Gaza. De nombreux présidents d’université hésitent à faire usage de leur statut de personnalité publique. Or, se concentrer uniquement sur les questions qui touchent directement le monde universitaire est une grave erreur.

Eyal Benvenisti : Quelques-unes d’entre elles, principalement celles qui dépendent le plus du régulateur de l’enseignement supérieur (pour l’approbation de nouveaux programmes éducatifs, etc.), restent silencieuses, mais la plupart tentent de résister par le biais d’initiatives collectives et individuelles qui contestent directement les initiatives néfastes ou qui interpellent le grand public par le biais des médias.

À votre connaissance, des collègues ou des étudiants ont-ils été expulsés d’une université israélienne pour avoir critiqué la politique du gouvernement et/ou la guerre à Gaza et/ou au Liban ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Il y a eu quelques cas. Cependant, nous aurions besoin de plus de détails pour répondre à cette question. Il serait préférable de la poser aux universitaires (principalement les vice-présidents d’université) qui collectent ces données.

Eyal Benvenisti : Je ne suis au courant d’aucun cas. De nombreux professeurs des universités israéliennes se sont élevés contre certaines politiques, la guerre ou des mesures militaires spécifiques, et aucun d’entre eux n’a été affecté en conséquence. Je n’ai pas connaissance d’étudiants expulsés pour avoir exprimé leurs critiques.

Il y a une autre question, qui concerne les réactions des universités aux discours qui soutiennent le Hamas ou la résistance à Israël. J’ai interrogé mes collègues pour m’assurer de ne rien manquer. Un rapport d’Adalah fait état des incidents survenus jusqu’au début de l’année 2024. Il y a deux cas d’universitaires de l’Université hébraïque et de l’Université de Tel Aviv qui ont été critiqués pour leurs déclarations. Nadera Shalhoub-Kevorkian a été conduite à prendre sa retraite. Quant au professeur Anat Matar, l’affaire s’est terminée sans que l’université ne prenne aucune mesure. En fait, il existe un certain nombre de projets de loi visant à obliger les universités à prendre des mesures énergiques contre les étudiants et les professeurs qui expriment leur critique du gouvernement ou qui « soutiennent le terrorisme », parce que les initiateurs accusent les universités de ne rien faire, ou de ne pas faire assez, pour contrôler la liberté d’expression sur les campus. Un article décrivant ces mesures (en hébreu) est disponible ici.  Par ailleurs, il existe une association d’étudiants de droite qui publie une liste noire des professeurs libéraux, supposément pour déconseiller aux étudiants de suivre leurs cours. La liste comprend l’adresse de leur bureau, leur numéro de téléphone et leur adresse électronique. Cette liste est très populaire. Si vous tapez mon nom sur Google en hébreu, elle apparaîtra en deuxième ou troisième résultat.

À votre avis, quel serait l’impact d’un boycott des universités israéliennes sur la politique générale d’Israël ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Un boycott des universités israéliennes aurait probablement un impact limité sur le changement des politiques officielles d’Israël, en particulier celles liées à la sécurité et aux affaires étrangères. Le gouvernement actuel considérerait ou percevrait probablement un boycott comme une attaque contre Israël plutôt que comme un appel à un changement de politique, ce qui entraînera une résistance accrue et le maintien des positions actuelles. Au lieu de faire pression sur le gouvernement pour qu’il change de cap, un boycott pourrait provoquer une réaction de défense, les responsables présentant l’action comme une preuve de l’hostilité internationale à l’égard d’Israël dans son ensemble plutôt que de se concentrer sur les politiques spécifiques mises en cause.

Eyal Benvenisti : Ce boycott profiterait à la coalition actuelle de deux manières. Premièrement, il nuirait aux universités (comme nous le verrons plus loin), ce qui va dans le sens des efforts déployés par le gouvernement en place pour affaiblir le monde de la recherche. Deuxièmement, il renforcerait l’idée que « le monde entier est contre nous », poussant ainsi la coalition à prôner l’isolationnisme auprès de ses partisans comme seule réponse adéquate.

Comment un boycott des universités israéliennes affecterait-il les universités israéliennes ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Un boycott nuirait considérablement aux initiatives de recherche et aux collaborations internationales, réduisant les possibilités de financement et étouffant les progrès universitaires. Il créerait également une barrière entre les universitaires israéliens et la communauté universitaire mondiale, limitant ainsi les échanges d’idées. De nombreuses universités israéliennes participent à des recherches novatrices dans des domaines tels que la médecine, la technologie et les sciences de l’environnement. Un boycott entraînerait la perte de partenariats internationaux essentiels pour faire avancer ces projets, ce qui, en fin de compte, entraverait les progrès dans ces domaines.

Itaï Ater

Les universités israéliennes dépendent fortement des collaborations internationales, non seulement pour le financement, mais aussi pour les échanges intellectuels et les projets de recherche conjoints. Nombre de ces collaborations contribuent de manière significative à des avancées scientifiques qui profitent aux populations du monde entier. Un boycott risquerait d’isoler les chercheurs israéliens de leurs pairs, d’étouffer l’innovation et de compliquer la tâche des universités israéliennes pour attirer les meilleurs talents, tant au niveau local qu’international. En l’absence de partenariats internationaux, il serait également plus difficile pour les universités de dispenser un enseignement de qualité à leurs étudiants, car ces derniers n’auraient pas accès aux recherches et aux évolutions les plus récentes.

Eyal Benvenisti : Le boycott ferait le jeu de la coalition actuelle. Il rendrait les universités israéliennes encore plus dépendantes du financement gouvernemental pour leurs recherches et affaiblirait ainsi davantage l’indépendance des professeurs. Chaque enseignant serait confronté au choix entre quitter Israël – le gouvernement ne s’en plaindrait pas – pour poursuivre ses recherches à l’étranger ou rester et adapter ses activités de recherche en fonction des vœux du gouvernement en vue d’obtenir un financement. Plus importants encore sont les liens sociaux avec les pairs étrangers qui offrent un soutien moral et académique. Ces liens renforcent la détermination des professeurs israéliens qui, autrement, se sentiraient de plus en plus isolés du public local, exposés aux critiques incessantes du gouvernement à l’égard du monde universitaire et vilipendés par des médias de plus en plus alignés sur les exigences de la coalition.

Comment pensez-vous qu’un boycott des universités israéliennes affecterait les jeunes générations en Israël, qu’elles soient juives ou arabes ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Le boycott risque d’exacerber les clivages sociaux en réduisant les opportunités de dialogue entre étudiants juifs et arabes dans le cadre universitaire. Les campus israéliens constituent des espaces uniques où des jeunes d’horizons divers se rencontrent, échangent et apprennent ensemble. En menaçant ces lieux de brassage, le boycott entraverait le rapprochement intercommunautaire, pourtant crucial pour dépasser les divisions sociétales.

Les étudiants juifs et arabes travaillent souvent ensemble sur des projets de recherche, des initiatives associatives et des travaux en classe, ce qui favorise le sentiment de partage d’un objectif commun et de respect mutuel. En boycottant ces institutions, la communauté internationale réduirait involontairement les possibilités d’interactions de ce type, ce qui pourrait accroître la méfiance et l’incompréhension entre les deux communautés. L’éducation, véritable levier de transformation sociale, transcende les clivages. Restreindre son accès risquerait d’ébranler durablement les fondements de la société israélienne.

En outre, les jeunes Israéliens, comme leurs homologues du monde entier, aspirent à faire partie de la communauté mondiale. Ils veulent étudier à l’étranger, collaborer à des projets internationaux et se confronter à des cultures et des idées différentes. Un boycott limiterait leur capacité à le faire, en leur donnant l’impression d’être coupés du reste du monde. Ce sentiment d’isolement pourrait conduire à une désillusion et à une frustration accrues, ce qui empêcherait les jeunes générations d’envisager un avenir de paix et de coopération. Au lieu d’encourager la division, il faudrait s’efforcer de soutenir les initiatives qui rassemblent les jeunes de différents milieux, tant en Israël qu’à l’échelle internationale.

Eyal Benvenisti : Pour les raisons que je viens d’évoquer, les étudiants israéliens recevraient une éducation de moins bonne qualité et perdraient la possibilité d’acquérir la capacité de développer des opinions critiques et bien informées sur le monde. Les universités israéliennes étant fortement impliquées dans l’éducation en général, la détérioration de la qualité de cette dernière affecterait en fin de compte l’ensemble du système éducatif en Israël.

Que pensez-vous du fait qu’en tant qu’individu, vous puissiez continuer à être accepté dans des universités européennes ou américaines, alors que l’institution dans laquelle vous travaillez est ostracisée par la communauté internationale ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Il serait décourageant d’être accepté individuellement alors que mon institution est boycottée. Le monde universitaire est fondamentalement une quête collective, et les progrès que nous réalisons sont souvent le résultat d’une collaboration institutionnelle. L’ostracisme à l’égard des universités entraverait les efforts collectifs et réduirait l’impact global de la recherche. 

L’idée d’être accueilli en tant qu’individu alors que mes collègues et mon institution sont mis à l’écart est profondément troublante. Elle porte atteinte à l’esprit de solidarité universitaire et à la conviction que les connaissances doivent être partagées et développées collectivement. Bon nombre des initiatives sur lesquelles je travaille sont des projets collaboratifs auxquels participent des collègues de mon établissement d’origine et des partenaires du monde entier. Si mon établissement était boycotté, ces collaborations en pâtiraient et la recherche serait compromise. Il me serait difficile de poursuivre mon travail si mes collègues étaient privés des mêmes opportunités.

Eyal Benvenisti : Je ne suis plus certain de la prémisse de cette question. En fait, il y a deux parties de la question. D’une part, je ne suis pas sûr que l’université de Tel Aviv soit ostracisée par l’ensemble de la communauté internationale. J’ai l’impression que beaucoup d’institutions et d’universitaires continuent à penser que l’université n’est pas le bras long du gouvernement israélien et que l’ostraciser fait le jeu du camp illibéral et populiste. Dans le même temps, il semble parfois que parmi ceux qui ostracisent les universités israéliennes, il y a de plus en plus de personnes qui étendent leur boycott à tous les universitaires juifs (par opposition aux universitaires arabes).

Est-il facile de travailler en tant qu’universitaire en Israël depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Il est de plus en plus difficile de travailler en tant qu’universitaire en raison des pressions politiques, des menaces qui pèsent sur la liberté académique et de l’incertitude générale qui entoure les institutions démocratiques d’Israël. Le climat politique a également conduit à un environnement plus polarisé, ce qui rend difficile le maintien de l’indépendance des universités. Les tentatives du gouvernement d’influencer le discours universitaire et de nommer des personnes non qualifiées à des postes clés ont généré un sentiment de malaise au sein de la communauté universitaire.

Alon Korngreen

De nombreux universitaires estiment que leur capacité à s’exprimer librement et à mener des recherches à l’abri de toute ingérence est menacée. Les changements législatifs proposés, tels que la loi sur le bâillonnement académique, soulèvent des inquiétudes quant à l’avenir de la liberté académique en Israël. Ces pressions empêchent les universitaires de se concentrer sur leur travail, car ils s’inquiètent constamment des répercussions potentielles de l’expression de leurs opinions ou de la poursuite de certaines lignes de recherche. L’instabilité entrave le recrutement et la rétention de chercheurs talentueux, réticents à s’engager dans un contexte où leur liberté académique est menacée.

Eyal Benvenisti : Lorsque ce gouvernement est arrivé au pouvoir, j’enseignais à l’étranger. J’ai décidé de revenir en Israël et de reprendre l’enseignement et la recherche pour soutenir la démocratie ici. La période a été difficile car il fallait répondre efficacement au barrage de lois et autres actes dirigés contre l’État de droit. En même temps, cette période a été une source d’inspiration, car beaucoup d’entre nous ont uni leurs efforts et nous avons découvert la joie de travailler pour une cause commune, une expérience qui n’est pas si courante dans la vie universitaire. Nous avons été en butte à des critiques sur les médias sociaux, mais cela n’a pas entamé notre motivation.

Qu’attendez-vous de la communauté universitaire internationale ?

Itaï Ater et Alon Korngreen : Nous attendons de la communauté universitaire internationale qu’elle soutienne les universitaires israéliens qui luttent pour préserver la liberté académique et la démocratie. La solidarité et l’engagement constructif, plutôt que le boycott, pourraient contribuer à amplifier les voix qui plaident en faveur d’un changement positif en Israël. La communauté universitaire internationale a un rôle à jouer en défendant les principes de la liberté académique et en soutenant les personnes qui s’efforcent de protéger ces valeurs dans des circonstances difficiles.

La communauté universitaire internationale peut s’élever contre les tentatives d’atteinte à la liberté académique en Israël. Des déclarations publiques, des pétitions et des campagnes de sensibilisation pourraient contribuer à attirer l’attention sur les difficultés rencontrées par les universitaires israéliens et à faire pression sur le gouvernement pour qu’il respecte l’indépendance des établissements universitaires. La solidarité des collègues du monde entier pourrait constituer une force puissante dans la lutte contre les tentatives de restriction de la liberté académique.

Eyal Benvenisti : J’attends de toute communauté universitaire qu’elle examine soigneusement les motifs et les implications de chacune de ses décisions.


Propos recueillis par Julia Christ

 

Itaï Ater est professeur d’économie à la Coller School of Management de l’Université de Tel Aviv et chercheur principal à l’Institut israélien de la démocratie.

Alon Korngreen est biophysicien et professeur à l’Université Bar-Ilan.

Itaï Ater et Alon Korngreen sont tous les deux membres du groupe « Universitaires pour la démocratie israélienne.

Eyal Benvenisti est juriste, titulaire de la chaire Whewell de droit international à l’université de Cambridge. Il était auparavant titulaire de la chaire Anny et Paul Yanowicz de droits de l’homme à la faculté de droit de l’université de Tel-Aviv. Il est membre du Forum des professeurs de droit israéliens pour la démocratie, créé en 2023 pour répondre aux projets de la coalition israélienne visant à modifier le système juridique.

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