14/03/2022
Nous allons accueillir, Liliane et moi, des réfugiés ukrainiens.
Juifs.
J’avais laissé mes coordonnées à une association juive qui cherche des lieux d’hébergement pour des familles ayant fui la guerre. Ce matin j’ai reçu l’appel d’une certaine Esther qui voulait des précisions sur le logement que nous proposions. J’en ai donné une description sommaire : un studio indépendant, attenant à notre appartement, d’une trentaine de m2, tout équipé.
La première question d’Esther a été de savoir si c’était casher. J’ai répondu que non, ce n’était pas casher. « Mais c’est casherisable ? » a-t-elle insisté. La question était de pure forme : tout est casherisable, bien sûr, mais Esther voulait savoir si nous étions prêts à accueillir des Juifs pratiquants. J’ai sèchement dit que non, que le studio n’était pas casherisable, qu’il ne pouvait pas l’être et que, de toutes façons, je ne voulais pas de Juifs orthodoxes.
Mon intransigeance a eu pour effet de nettement refroidir mes rapports avec Esther. Elle ne s’attendait pas à une telle réaction. Son association recherchait désespérément des hébergeurs, elle remuait tous ses réseaux pour en trouver, je m’étais proposé et voilà que j’imposais une contrainte.
Je ne le comprends pas moi-même, mais c’est épidermique : j’éprouve une aversion inexplicable envers les religieux, qu’ils soient juifs, cathos, musulmans, ou n’importe quoi…
Avant de raccrocher, Esther m’a demandé de lui envoyer quelques photos du studio. Elle voulait aussi savoir si j’attendais une contrepartie financière. Bien sûr que non. Je lui ai juste précisé que nous ne pouvions pas nous occuper des hôtes qu’elle nous envoyait : ils devaient faire leurs courses et subvenir à leurs besoins indépendamment de nous.
Je me demande maintenant si mon obsession anti-religieuse n’a pas mis fin à l’aventure. Je le regrette un peu. Liliane, à qui j’ai fait part de ma conversation avec Esther, semble pour sa part plutôt soulagée.
16/03/2022
Je crois que j’ai bien fait d’insister pour ne pas avoir de religieux chez nous. Hier, un ami nous a parlé du pèlerinage à Ouman, qui accueille chaque année en Ukraine des milliers de pèlerins juifs venus du monde entier. Ce sont des fanatiques. Il y a bien sûr parmi eux beaucoup de Juifs ukrainiens. Depuis le commencement des hostilités, une grande partie d’entre eux a été accueillie par Israël. Mais, si j’ai bien compris, il y a les irréductibles, ceux pour qui ce pays reste interdit tant qu’il ne recouvre pas l’intégralité de la Terre Sainte. Ce serait principalement ceux-là que l’association a fait venir en France. Notre ami nous a mis en garde : on allait insister pour nous refiler quelques spécimens de cette espèce, il y avait beaucoup de demandes et peu d’hébergements.
Ces paroles ont eu pour effet de faire revenir Liliane sur sa décision, et plus encore : même si on nous garantissait les plus athées des Juifs, des Juifs non juifs en quelque sorte, elle ne voulait plus entendre parler de cette histoire. Nous avions accueilli une succession de migrants ivoiriens ces derniers mois et elle avait envie de se reposer. Si jamais Esther rappelait, je devais l’informer que le studio n’était plus libre, que ma femme l’avait promis à une de ses amies dans le besoin… Et d’ailleurs, je n’avais pas d’explications à donner, mais juste à dire Niet.
Cela m’ennuyait de revenir sur ma proposition. Pour moi, une parole est une parole, on ne trahit pas un engagement. Je n’étais pas d’accord avec Liliane, nous nous sommes disputés. Je n’aime pas cela.
Du coup, j’ai passé une très mauvaise nuit. J’ai rêvé de réfugiés, des Juifs ivoiriens religieux. Dans mon rêve, le studio était inondé, inhabitable. Personne pourtant ne me croyait et je courais d’un ami à l’autre à la recherche d’une chambre libre, d’un abri, d’un matelas pour accueillir quelques-uns de mes coreligionnaires…
Une fois réveillé, j’ai rediscuté de la situation avec Liliane : si on mettait des conditions draconiennes, est-ce qu’elle accepterait ? Un couple avec un enfant maximum, non religieux, tous trois fois vaccinés contre le Covid, plus un test que leur ferait Liliane dés qu’ils auront franchi le seuil de notre porte… En même temps, ces exigences refroidiraient sûrement les gens de l’association, et c’était le but recherché.
Liliane n’a plus rien trouvé à m’objecter. J’ai donc écrit à Esther pour lui dire que j’étais toujours prêt à accueillir une de leurs familles de réfugiés, sous réserve des conditions que j’avais déjà mentionnées. Pour faire bonne mesure, j’ai ajouté qu’aucun Juif ne respectant le Shabbat ne pouvait venir car il y avait deux interphones qui défendaient l’entrée de notre pavillon-sur-jardin. En fait, il n’y en a qu’un, mais il fut un temps question d’en installer un autre. J’ai précisé que nous étions des personnes âgées, à risque, et qu’il était nécessaire que nos futurs hôtes (deux adultes et un seul enfant ) se soumettent à un test antigénique que leur ferait ma femme, qui est médecin.
21/03/2022
Après une semaine sans aucune nouvelle, coup de théâtre, j’ai reçu ce matin un appel d’Esther : étions-nous toujours d’accord ? Et si oui, à partir de quand ? Elle nous proposait un couple avec un enfant d’environ 4 ans, une famille non religieuse, bien sous tous rapports, vaccinée… Oui, bien sûr, ai-je dit, pris de court. Pas de problème. Je rappellerai pour confirmer après avoir parlé à ma femme.
Liliane bien sûr était contrariée, mais nous ne pouvions plus refuser. Il fallait maintenant, bon gré, mal gré, nous accommoder de la situation. Et donc préparer le studio, le ranger, faire un ménage complet, y mettre draps et serviettes. C’était du travail en perspective, mais, comme je l’ai dit à Liliane, rendre un service consiste d’abord à en accepter les côtés négatifs. Sinon, ce ne serait pas un service…
J’ai donc rappelé Esther pour proposer qu’ils viennent mercredi, après-demain, vers 9h. Je lui ai récapitulé une fois de plus toutes mes exigences. Elle m’a tranquillisé. Il n’y aurait pas de problème. On allait tout mettre par contrat avec une assurance. L’association s’engageait à les prendre en charge pour tout ce qui ne relevait pas du logement et leur fournirait ce dont ils avaient besoin : nourriture, transports, papiers, etc.
Pour combien de temps pouvait-on les accueillir, m’a-t-elle demandé : trois mois ça irait ? J’ai marchandé à deux mois, après on verrait.
23/03/2022
Ils étaient censés arriver à neuf heures. À dix heures et quart, toujours personne. Liliane s’est énervée. Manifestement, elle regrette notre décision. Et d’abord, a-t-elle soudain avancé, comment se fait-il que ces gens aient pu quitter l’Ukraine, alors que tous les hommes valides sont réquisitionnés pour la défense de leur pays ? Est-ce que je ne trouve pas cela suspect ? Est-ce que ce sont des vrais réfugiés et non pas des tire-au-flanc profiteurs ?
Je téléphone à Esther pour lui demander ce qui se passe : ils devraient être là depuis une heure. Elle me dit qu’ils sont en route avec leur chauffeur, ils seront chez nous dans une dizaine de minutes. Je m’étonne qu’elle ne soit pas avec eux. Elle est désolée, elle a trop à faire, elle n’a pas pu se libérer.
Je suis furieux, et je le lui fais sentir. Qu’est-ce que c’est que cette organisation : on devait m’appeler hier pour préparer la rédaction du contrat, de l’assurance, et rien n’a été fait. Esther devait venir pour faire l’intermédiaire, et elle nous laisse en plan. Quelle langue parlent-ils d’ailleurs, ces Ostrogoths ? Elle ne sait pas trop, l’ukrainien, le russe sûrement, peut-être l’hébreu. Ça me fait une belle jambe… Puis je réalise. L’hébreu ?
Ils sont là finalement à 10h30, un couple assez jeune avec leur gamin. Le chauffeur aide à transporter les bagages. Nous nous présentons. Il y a Davyd, Mariya et le petit Markus. Je leur fais voir le studio, qui bien sûr leur semble un palace (ils sont restés plusieurs semaines dans une minuscule chambre d’hôtel). Ils me remercient. Ils nous ont apporté un cadeau, des friandises probablement pêchées au sein de l’association. Pendant que je parle avec eux, Liliane emmène le petit et lui donne une peluche dont il est ravi. Elle leur a demandé s’ils étaient vaccinés, et Davyd lui a montré son pass vaccinal. Trois doses de Pfizer, nous sommes rassurés.
Je les ai emmenés tout à l’heure au Franprix pour faire des courses. Le magasin leur semble hors de prix, ils ne prennent que les produits de première nécessité. Je leur indique l’existence, à 10 minutes de marche, d’un Lidl, moins cher que le Franprix. Ils prennent des notes. Davyd parle un très mauvais anglais, et Mariya pas un mot. Les échanges sont laborieux. Pendant qu’ils arpentent les rayons, le gamin prend gâteaux et sucreries qu’il met dans le caddy. Les parents les reposent dans les rayons, sauf à la fin où, de guerre lasse, ils le laissent prendre une friandise.
25/03/2022
Nous les avons invités à dîner. Petite incompréhension au sujet de l’heure. J’ai envoyé à Davyd un texto pour savoir le moment qui les arrangerait. On convient de les accueillir une demi-heure plus tard, mais une heure passe et ils ne sont toujours pas là. Liliane a fini de tout préparer, j’ai mis la table et débouché le vin… Finalement, je leur envoie encore un texto : ‘It’s ready’. Ils arrivent enfin. Peut-être ont-ils eu des problèmes avec leur gosse. Le petit Markus est touchant.
Nous bavardons, donc. Davyd a 31 ans, il porte une courte barbe, des lunettes à monture ronde, l’air plutôt intello. Elle a quarante ans, blonde. On devine qu’elle a été une beauté. Elle a un fils de14 ans d’un ancien mari, tous deux restés à Odessa.
Davyd, Mariya et Makcus, eux, sont partis le 25 février en voiture. Je n’ai pas très bien compris, ai-je demandé : je croyais que les hommes valides étaient réquisitionnés et qu’ils ne pouvaient pas quitter l’Ukraine. Davyd m’explique qu’il a la double nationalité, ukrainienne et israélienne. Il a passé trois ans en Israël, où il a appris l’informatique.
Ils mangent peu, hésitent pour chaque plat. J’ai l’impression qu’ils se forcent. Markus a laissé la moitié de son assiette. Il a à peine touché au cornet de glace que nous lui avons donné au dessert. Cela m’intrigue. Nous en parlons après avec Liliane : elle prétend qu’ils ont dîné avant de venir, et qu’ils n’ont accepté notre invitation que par politesse.
01/04/2022
Je ne sais pas comment Liliane a fait, mais elle s’est débrouillée comme un chef : grâce aux contacts, ministres ou députés qu’elle a dans sa patientèle, elle a réussi rapidement à faire inscrire le petit Markus à l’école juste à côté de chez nous.
Ils arrivent à s’organiser, pour les courses et le reste. On ne les voit quasiment pas. Ils reçoivent une aide de l’état, environ 26 euros par jour, plus des colis de l’association.
Nous leur avons présenté Katia, une amie qui parle russe. Du coup nous avons pu en apprendre un peu plus sur eux. Mariya est inquiète pour sa mère et son fils aîné, tous les deux restés à Odessa. Elle a du mal à retenir ses larmes. Une note soudaine de réalité dans ce qui n’était pour nous jusqu’à présent qu’une abstraction…
04/04/22
Dans dix jours, c’est le Seder. Nous le fêtons tous les ans en famille avec quelques amis. Depuis longtemps, ce n’est plus pour nous une fête religieuse. Il n’y a ni prières ni bénédictions. C’est simplement devenu une fête traditionnelle pour nous rappeler que nous faisons partie du peuple juif, et que l’histoire de ce peuple reste importante pour nous, pour nos enfants et nos petits-enfants.
J’aurais voulu inviter nos Ukrainiens, mais ils vont retrouver, dans les locaux de l’association, les émigrés qu’ils ont côtoyés lors de leur périple.
C’est curieux. J’ai l’impression qu’ils sont vraiment timides. Quand nous leur proposons de dîner avec nous, ils hésitent, disent qu’ils ne veulent pas nous déranger, que ce que nous faisons pour eux est déjà bien suffisant. Il faut insister, leur répéter que cela nous ferait plaisir. À table, ils restent un peu coincés, touchent à peine à leur assiette. Le petit ne mange presque rien. Je ne sais pas comment ils font. Liliane me dit qu’ils sont traumatisés, que c’est normal. Qu’il faut attendre, ne rien leur demander, ne rien leur imposer.
05/04/2022
Ils laissent souvent la lumière allumée la nuit. Apparemment, le petit Markus a besoin de cela pour dormir. Nous leur avons proposé une veilleuse, celle qui sert à nos petits-enfants, mais ils n’en ont pas voulu. Souvent, aussi, ils écoutent de la musique le soir, assez fort d’ailleurs, et parfois jusqu’à tard. J’ai voulu leur faire une réflexion, mais Liliane m’en a dissuadé. Ils ne font cela que le week-end, et ce n’est rien à côté des fêtes bruyantes que font, trop souvent, nos voisins…
09/04/2022
Nos réfugiés ont pris les coordonnées de Katia. À part les gens de l’association et leurs compagnons d’infortune, c’est leur seule relation ici. Katia est gentille, elle leur consacre du temps et cherche à les aider. Elle est venue encore chez nous hier pour les voir et bavarder avec eux. En fait, nous a-t-elle appris, la lumière qui reste allumée la nuit, ce n’est pas pour Markus. C’est pour sa mère, pour Mariya. Elle fait des cauchemars la nuit.
12/04/2022
Tout à l’heure, j’ai croisé Davyd et Mariya dans l’entrée. Ils portaient trois paquets de Matzot, des paquets doubles, ceux de la marque Rosinski, rouge et blanc. Davyd, devant mon air surpris, m’a expliqué qu’ils leur avaient été donnés par l’association. Ça leur permettra au moins d’économiser sur les achats de pain.
13/04/2022
Liliane est contente finalement que nos ukrainiens, comme nous disons, aient décliné notre invitation au Seder de demain soir. Vingt-et-un convives, ça fait quand même beaucoup. Sans compter qu’ils ne connaissent quasiment personne, et qu’il nous faudrait parler anglais pour qu’ils puissent participer un peu. Ils seront mieux avec leurs contacts de l’association…
J’ai envoyé hier soir un texto à Davyd pour lui demander si mardi ou jeudi de la semaine prochaine leur conviendraient pour dîner. On inviterait aussi Katia. Il n’a répondu qu’aujourd’hui. C’est quelque chose qui m’intrigue chez eux, d’ailleurs : ils ne répondent jamais directement dans la foulée à un texto, un mail ou un message oral. Comme s’il leur fallait le temps de se décider, de peser le pour et le contre. Cette semaine ça n’ira pas, m’a-t-il écrit, mais la semaine prochaine, avec plaisir. Je me suis demandé ce qui les retenait. Ils n’ont rien d’autre à faire…
17/04/2022
Ce qui s’est passé hier… Je ne comprends pas, je ne comprends rien. Quelque chose d’ahurissant, de complètement fou. Qui aurait pu imaginer ? Cette nuit, ce matin, nous avons vécu, Liliane et moi, comme dans un brouillard, perdus entre des lignes de force que nous ne pouvions maîtriser. Il y avait le repas de ce soir, bien sûr. Il fallait s’en occuper, on n’improvise pas pour 21 personnes, il y avait les dernières courses à faire, la grande table aux tréteaux à installer, les couverts à préparer…
Les couverts, justement. Nous nous sommes aperçus en comptant et recomptant le nombre d’invités que nous n’avions pas assez de vaisselle. Liliane a suggéré que, plutôt que de nous servir de gobelets, de couverts en plastique et d’assiettes en carton, nous allions chercher ce qui nous manquait chez nos Ukrainiens.
Nous allons donc jusqu’à la porte du studio pour les leur demander et là, nous entendons de la musique. Le même genre de musique qu’ils aiment mettre le week-end, du jazz. Assez fort, comme toujours. Sauf que, en général, ils font plutôt cela le soir.
Nous avons hésité à frapper, de peur de les déranger, indécis pendant quelques secondes. Et soudain, d’une manière totalement inattendue, nous avons perçu, par dessous le solo de saxo, les accents d’une mélopée juive, chantée à l’unisson par Davyd et Mariya. Une mélodie que nous connaissions bien, des paroles qui nous étaient également familières.
C’était le chant, la prière qu’on fait la veille du Seder.
La Bedika !
Comment était-ce possible ?
Les rideaux avaient été tirés, mais, par une fente, on pouvait voir ce qui se passait à l’intérieur.
Et nous avons vu.
Davyd, une kippa sur la tête, une bougie dans une main, un livre dans l’autre, psalmodiait la prière traditionnelle. Devant lui, sur une soucoupe, étaient rassemblés quelques fragments de pain. Mariya, couverte d’un fichu, tenait Markus dans ses bras. Elle lui parlait doucement en lui montrant le petit tas de pain et la bougie. Puis Davyd a approché la bougie de l’assiette et prononcé les paroles rituelles.
Nous étions abasourdis : ce qui s’était passé, ce à quoi nous avons assisté, c’était tout simplement l’épilogue de la recherche du Hametz.
Nous nous sommes retirés.
Qu’est-ce que cela voulait dire ?
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai d’abord pensé qu’ils se préparaient à retrouver le lendemain leurs amis au sein de l’association. Qu’ils répétaient en quelque sorte. Pour être prêts. C’était absurde, bien sûr. La prière n’était pas lue sur du phonétique, elle coulait des lèvres de Davyd comme de quelqu’un qui lisait et comprenait couramment l’hébreu.
« Le jazz, a soudain réalisé Liliane. C’était toujours à Shabbat qu’ils le mettent. C’est pour couvrir leurs prières… »
Est-ce que c’était cela ? Des Juifs pratiquants qui s’étaient cachés et qui, parce que nous avions dit que nous n’accepterions pas des froums, s’étaient rendus clandestins sur les instructions de l’association.
Nous avons attendu qu’ils aillent rejoindre leurs amis afin de pouvoir entrer dans le studio et voir de quoi il retournait.
Bien rangés sur les étagères, nos étagères, au milieu des livres que nous avions laissés : des livres de prières, des Téfilim, un Thalit…
De juifs froums parmi les froums qui, à cause de nous, s’étaient déguisés en laïcs, qui avaient caché leur religion, leurs croyances, qui avaient fait Shabbat dans l’ombre et qui fêtaient Pessah dans l’ombre.
« Des marranes, a dit Liliane. Tu te rends compte ? »
Et elle s’est mise à pleurer.
Michael Freund
Michael Freund est l’auteur du ‘Puzzle du chat’ (Edition Michel de Maule) et de ‘La Disparition de Deborah L.‘, aux Éditions du Seuil.