L’histoire de l’immigration des Juifs soviétiques depuis 1990
200.000 Juifs soviétiques se sont installés en Allemagne depuis les années 1990. S’ils ont migré dans le pays des assassins, c’est en partie parce que l’Allemagne a mené une politique d’accueil très positive à leur égard, mais aussi parce que le judaïsme soviétique n’avait pas les mêmes représentations de ce pays que les Juifs de l’Europe de l’Ouest. Lisa Vapné nous raconte l’histoire de l’intégration complexe de ceux qui étaient d’abord désirés, puis ont déçu, et enfin jusqu’aujourd’hui se battent en grande partie pour être reconnus par leur propre communauté.
Lorsqu’un touriste visite Berlin aujourd’hui, il peut voir de nombreuses traces d’une présence juive dans la capitale allemande. Il est probable qu’il se rende dans le « musée juif » conçu par l’architecte Daniel Libeskind et que ses pas le mènent, à proximité du Bundestag, jusqu’à l’immense « Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe » inauguré en 2005. Il est tout autant probable que ses pieds foulent des pavés, ces Stolpersteine sur lesquels sont inscrits les noms et les dates de déportation d’anciens Berlinois, ou que ses yeux s’arrêtent sur l’étoile de David surplombant la coupole de la synagogue située sur l’Oranienburger Strasse. Toutes ces pierres, ces symboles, ces musées, ces mémoriaux qui s’offrent à la vue des passants racontent une histoire qui s’est mal finie entre les Juifs et l’Allemagne, entre l’Allemagne et ses Juifs. C’est une histoire où les Juifs sont là, mais appartiennent au passé. En revanche, dans le présent, les Juifs d’Allemagne, les vivants, ceux qui parlent russe, eux, restent le plus souvent invisibles.
Quand la Seconde Guerre mondiale se termine, les Juives et les Juifs encore en vie et se trouvant en territoire allemand sont peu nombreux : 15 000 Juifs d’Allemagne ayant survécu à la politique d’extermination font le choix de rester dans le pays, et 15 000 autres, dans des camps pour personnes déplacées, décident de s’y installer. Les descendants de ces deux groupes, aux histoires collectives très différentes, sont ceux qui représentent le plus souvent les Juifs d’Allemagne aujourd’hui – en tous cas, ils sont à la tête des institutions juives. Ils sont appelés les « alteingesessene Juden », ceux qui sont là depuis longtemps, même lorsqu’ils sont arrivés au sortir de la guerre.
Si eux sont les anciens, c’est qu’en République fédérale d’Allemagne (RFA), il y a eu depuis le début des années 1990 des nouveaux arrivants : plus de 200 000 en trente ans. Ces derniers représentent aujourd’hui 90% des Juifs d’Allemagne. Et ces Juifs qui sont présents majoritairement en RFA, dans les synagogues et les centres communautaires du pays, d’Est en Ouest, mais surtout à l’Est du pays où ils représentent le plus souvent la totalité de la population juive, sont originaires d’Union soviétique et des pays qui lui ont succédé. Ils ne sont pas vus comme des Juifs allemands, mais ils sont les Juifs d’Allemagne.
Que s’est-il donc passé pour que le russe devienne aussi la langue de la vie juive allemande ? Pourquoi ces Juifs d’Union soviétique sont-ils arrivés si nombreux en Allemagne ? En d’autres termes, comment ça a commencé ?
L’Allemagne qui prend la décision de rendre possible l’accueil de migrants juifs en provenance de l’Union soviétique n’est pas celle qu’on croit. C’est en République démocratique allemande que cette histoire a débuté. Elle commence alors que la RDA n’est plus que l’ombre d’elle-même, avant qu’elle ne se fonde dans la RFA, sa voisine. À ce moment-là, Egon Krenz, le « dernier communiste de RDA », qui estimait encore possible de choisir la réforme plutôt que la rupture, remplace Erich Honecker au poste de secrétaire général du parti communiste est-allemand (SED). Hans Modrow se trouve à la tête de son gouvernement d’unité nationale. Dans cette Allemagne de l’Est-là, théâtre de bouleversements tant sur la scène politique que dans sa société civile, la question des Juifs – pour éviter de dire la question juive – entre en scène de deux manières : par le prisme de la responsabilité de l’Allemagne de l’Est dans la Shoah et l’accueil des Juifs soviétiques menacés chez eux.
Trois mois après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, par deux déclarations, la RDA veut prouver au monde en général, et aux Juifs en particulier, qu’elle a changé. Le 8 février 1990, dans une lettre adressée au Congrès juif mondial, Hans Modrow reconnaît la responsabilité de l’ensemble du peuple allemand dans le passé nazi. La RDA, qui se considérait l’héritière des luttes antifascistes, accepte quarante ans après sa création, d’endosser, elle-aussi, la responsabilité historique dans la « persécution » des Juifs par le Reich. Puis, le 12 avril 1990, le Parlement est-allemand fraîchement élu, fait paraître une « déclaration de la Chambre du peuple sur l’histoire allemande » relative à la responsabilité de la RDA dans certaines pages sombres de son histoire : l’extermination des Juifs, la violence infligée au peuple soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, l’implication des troupes est-allemandes parmi celles du Pacte de Varsovie en 1968 dans la « suppression du “printemps de Prague” ». La RDA, dans ce qui sera la dernière année de son existence, veut gagner en légitimité sur la scène internationale et montre qu’une révolution fondamentale s’est opérée.
Au même moment, alors que la société civile est-allemande est invitée à prendre part à des tables rondes de discussions, l’Association culturelle juive de Berlin se fait le relai les rumeurs de pogroms dont la presse se fait aussi l’écho. L’appel de l’association qui est approuvé par la Table Ronde centrale[1] le 15 février 1990 disait :
« Depuis des semaines nous entendons parler des menaces de pogroms antijuifs dans différentes villes soviétiques. Les forces antisémites et nationalistes se sont organisées et menacent la vie des Juifs. Cette évolution menace non seulement la vie humaine ; elle remet aussi en question le succès de la Perestroïka en Union soviétique. Nous nous souvenons que, tout récemment, le monde entier a été témoin des persécutions et de l’extermination des Juifs par le fascisme allemand, c’est pourquoi nous vous demandons de ne pas répéter ce déshonneur du passé allemand. Une loi talmudique dit : toutes les lois doivent être rompues si une vie peut être sauvée. Pour cette raison, nous exigeons que la RDA crée les conditions d’un accueil immédiat aux Juifs soviétiques qui le souhaitent, indépendamment des instructions juridiques existantes[2] ».
Quelques mois plus tard, le 11 juillet 1990, le dernier gouvernement de la RDA, dirigé par Lothar de Maizière, répond aux sollicitations de l’Association culturelle juive de Berlin et de la Table ronde centrale, et publie un texte dans lequel il accorde l’asile « à un nombre limité de citoyens juifs étrangers qui sont menacés de persécution ou de discrimination[3] ». Un mois après, 800 Juifs soviétiques, arrivés avec un visa de tourisme, reçoivent un statut de résident permanent en RDA et rejoignent les 100 déjà présents à Berlin-Est depuis le printemps.
Pendant que les Juifs soviétiques arrivent par centaines à Berlin-Est, en RFA, certains aimeraient imiter leur voisin et que le gouvernement fédéral ouest-allemand prenne une décision similaire. Sans attendre, à Francfort sur le Main, Bayreuth ou dans le Land de Hesse, on cherche des solutions pour accueillir ces Juifs soviétiques : il n’est pas question de rester les bras croisés face à la situation de ces Juifs probables victimes d’antisémitisme en URSS. Pourtant, au cœur de l’été 1990, le gouvernement fédéral de la RFA conseille non seulement aux consulats de la RFA en Union soviétique de ne plus délivrer de visas aux Juifs, mais incite les consulats de la RDA à en faire autant[4] face à l’engouement suscité parmi les Juifs soviétiques devant la possibilité d’émigrer[5].
Heinz Galinski, président du Conseil central des Juifs d’Allemagne depuis 1988, exprime alors à Helmut Kohl son souhait que la délivrance des visas se poursuive, voyant dans la venue des Juifs soviétiques le seul moyen de renforcer une communauté juive allemande exsangue[6]. Un accord est scellé entre les deux hommes. Mais le droit et la législation sur l’accueil des étrangers vont devoir s’en mêler.
Les Juifs soviétiques entrent au Bundestag
Le 3 octobre 1990, les Länder de la RDA intègrent la RFA. La législation est-allemande sur l’accueil des Juifs soviétiques a eu la vie courte – le temps d’un été. Ces trois mois d’ouverture ont néanmoins été assez longs pour que des Juifs soviétiques, en particulier ceux qui avaient des attaches en RDA, saisissent l’occasion et prennent qui le train, le bus ou l’avion jusqu’à Berlin-Est. Assez long aussi pour que la gauche ouest-allemande ait l’idée d’imiter l’Est.
À partir du 3 octobre, les Juifs soviétiques qui se trouvaient jusqu’à ce moment-là en RDA, sont désormais dans un no man’s land juridique ; quand d’autres attendent en URSS de savoir s’ils pourront immigrer dans cette Allemagne tout juste réunifiée. Car, si les représentants des institutions juives allemandes souhaitent avoir plus de Juifs, encore faut-il que le gouvernement fédéral s’accorde pour trouver un cadre juridique pour les accueillir. L’Allemagne de 1990 ne se considère pas encore comme un pays d’immigration[7], mais une chose semble acquise lors des débats au parlement fédéral : elle doit accueillir les Juifs soviétiques, car ils sont victimes de persécutions qui ne peuvent laisser indifférents et qu’en plus, cela ne pourra faire que du bien à l’Allemagne d’avoir plus de Juifs… Cette idée est exprimée par plusieurs voix dans les débats au parlement, et de manière unanime.
Remontons au 24 octobre 1990, lorsque le député Dietrich Wetzel, du parti Union 90/Verts, propose au parlement cette résolution :
« Les changements révolutionnaires qui se sont déroulés en Union soviétique et qui résultent de la Glasnost et de la Perestroïka ont non seulement permis l’expansion des forces démocratiques, mais ont aussi déclenché des forces tant nationalistes qu’antisémites.
En conséquence, les Juifs soviétiques sont devenus les « boucs émissaires » du délabrement économique, écologique et spirituel de l’Union soviétique. La restriction dramatique de leur mode de vie et la menace de persécution immédiate ne peuvent être niées.
Si des Juifs soviétiques souhaitent fuir ces persécutions et qu’en dépit des crimes de guerre commis contre eux par le peuple allemand, ils souhaitent néanmoins immigrer en Allemagne, alors ils sont les bienvenus. (…)[8] ».
Le lendemain de cette résolution, le 25 octobre, la situation des Juifs soviétiques ou plus précisément, « l’entrée des Juifs d’Europe de l’Est » est inscrite comme question d’actualité à l’ordre du jour de la séance parlementaire du Bundestag et discutée par les députés qui prennent la parole. Le compte rendu de la séance plénière laisse penser que la discussion fut calme, peut-être un peu embarrassée. Il n’était plus question d’arrêter de donner des visas aux intéressés. Aucun député n’avait envie d’être le vilain petit canard qui s’opposerait publiquement à l’accueil des Juifs d’URSS. Nul n’ose dire que la migration des Juifs soviétiques n’est pas souhaitable, ni pensable. Ils semblent d’accord, il faut débattre, mais sans faire trop de bruit, car personne n’a intérêt à ce que des formules choc ne fassent la une des journaux le lendemain. Si la question qui demeure en suspens porte sur les modalités de l’accueil, tous s’accordent pour dire leur émotion face à la situation des Juifs soviétiques et affirment « la responsabilité particulière des Allemands à l’égard des Juifs ». La responsabilité historique, le poids du passé, la relation particulière à l’égard des Juifs ont été postulés par chacun des députés telles des évidences. Et tous ont manifesté leur souhait de circonscrire la question dans l’espace parlementaire. On peut supposer que la raison en est la crainte qu’une loi qui montrerait un traitement de faveur à l’égard des Juifs soviétiques soit mal vue dans la société allemande dans son ensemble.
Deux arguments principaux apparaissent en faveur de la non-restriction par le gouvernement allemand de l’entrée des Juifs soviétiques. En premier lieu, il s’agit pour l’Allemagne de se donner une nouvelle image. L’accueil des Juifs, a notamment expliqué le député Dietrich Wetzel, pourrait être une décision politique forte de la RFA réunifiée et renaissante, pour montrer au monde qu’il n’y a plus de raison d’avoir peur de l’Allemagne. De manière explicite, le projet de loi dit que l’entrée des Juifs soviétiques doit « être considérée comme un signe rassurant pour le futur démocratique de la nouvelle république allemande ». Accueillir les Juifs soviétiques, poursuit-il, permet de savoir « si et comment la nouvelle Allemagne veut vivre avec son passé », et si elle souhaite être vue à l’étranger comme un État qui désire rester « Judenrein ». Une présence juive plus conséquente, sur le thermomètre imaginaire de la normalité démocratique, apparait comme un indicateur positif pour la République fédérale. Elle permet à la fois de montrer que l’Allemagne a une politique d’accueil généreuse à l’égard de la population juive soviétique, mais aussi que les Juifs soviétiques perçoivent désormais en l’Allemagne un pays dans lequel il est possible de s’installer et vivre en paix.
Le deuxième argument est exprimé par la voix du secrétaire d’État Horst Waffenschmidt, parlant au nom du gouvernement fédéral : il s’agit encore d’un profit que la RFA pourrait tirer de cet afflux de Juifs soviétiques. Si l’Allemagne pense accueillir ces Juifs qui se présentent, ce n’est pas en raison d’une nouvelle politique migratoire, mais bien, précise-t-il, en raison de « la responsabilité particulière des Allemands à l’égard des Juifs ». Et il affirme ainsi que l’Allemagne pourrait tirer profit de cette migration dans la mesure où :
« L’afflux de Juifs et le renforcement des communautés juives conduisent assurément, et je l’exprime comme quelque chose de positif, à une revitalisation des éléments juifs dans la culture et la vie culturelle allemandes, qui jouèrent un si grand rôle par le passé. Je me rappelle simplement les nombreux prix Nobel, les musiciens et écrivains qui ont prouvé l’importance des éléments juifs pour la science et la culture allemandes. Nous devons aussi penser à cela quand aujourd’hui des Juifs d’Europe de l’Est cherchent à émigrer. »
Selon les propos du secrétaire d’État, l’Allemagne aurait donc tout intérêt à cette immigration qui n’en porte pas le nom, car les Juifs d’Union soviétique pourraient, à l’instar de leurs coreligionnaires de l’Allemagne d’avant 1933, contribuer au rayonnement du pays dans les domaines de la culture et la science. Autrement dit, les Juifs soviétiques sont fantasmés dans le miroir de quelques Juifs allemands d’antan comme des membres de l’élite de la société soviétique susceptibles d’alimenter intellectuellement et culturellement l’Allemagne appauvrie par le départ et l’extermination de « ses » Juifs. Sans en avoir forcément conscience, celui-ci réutilise l’image du « Juif intelligent »[10] héritée du racisme biologique du XIXe siècle. Waffenschmidt affirme ici que le pays a non seulement fait du mal aux Juifs, mais s’est nui aussi à lui-même en se privant de la culture et de la présence des Juifs dans la société. De plus, en laissant partir « ses » Juifs, l’Allemagne a offert aux États-Unis un potentiel important de prix Nobel. Un mois avant ce débat, lorsque l’immigration était compromise par Bonn, on pouvait déjà lire dans le journal Die Welt ces lignes écrites dans le même esprit pour le moins pragmatique, signées de Michaël Wolffsohn, un historien juif allemand conservateur :
« Le nombre de Juifs allemands est extrêmement réduit, les communautés sont vieillissantes et le potentiel professionnel comme intellectuel des Juifs soviétiques est énorme. L’Allemagne et les communautés juives allemandes pourront ensuite en profiter, comme les États-Unis après 1933 ont profité de l’immigration de l’intelligence juive en provenance d’Allemagne[11] ».
Une fois que l’accueil de principe est acté, deux questions demeurent en suspens. D’une part, accueillir les Juifs soviétiques, oui, mais combien et comment faire pour limiter le flux ? D’autre part, quel serait le cadre juridique pour les accueillir ?
Pas des migrants juifs, des réfugiés du contingent
Durant le débat du 24 octobre 1990, lorsque le député social-démocrate Peter Glotz avait déclaré que la RFA ne pourrait pas accueillir les « deux millions de Juifs »[12] que comptait l’Union soviétique, et qu’il ne serait pas déshonorant d’établir un système de quota comme il en existait aux États-Unis, en l’espèce de 40 000 personnes, les députés du parti Union 90/les Verts avaient rétorqué : « nous en avons eu jadis 600 000 ! » Les 600 000 Juifs du passé[13] dont il est question en octobre 1990, horizon démographique absolu, n’a pas été atteint puisqu’en trente ans moins de 250 000 Juifs sont arrivés en Allemagne dans le cadre de cette politique d’accueil.
Quelle que soit la responsabilité historique de l’Allemagne à l’égard des Juifs, elle ne pouvait pas créer ex nihilo une nouvelle catégorie migratoire selon le critère de l’appartenance religieuse afin de donner un cadre à cette migration. L’amendement 116 de la Loi fondamentale allemande permettait l’accueil sur son territoire d’Allemands qui avaient été déchus de leur nationalité entre 1933 et 1945. Mais cela ne concernait pas les Juifs d’URSS qui n’avaient aucune raison particulière d’obtenir ce qui aurait été un privilège migratoire. Le risque posé par l’instauration d’une politique migratoire « non raciste et pro-juive »[14] était au cœur des débats parlementaires. Comment réussir à camoufler par le droit cette sélection des Juifs soviétiques puis postsoviétiques, cette politique discrétionnaire de l’État allemand ?
Johannes Gerster du parti au pouvoir (CDU) avait alors justement insisté sur l’impossibilité constitutionnelle de l’existence de privilèges liés à l’appartenance d’un individu à une religion :
Le respect de la Constitution de l’État allemand et du principe d’égalité exige que nous mettions en œuvre une politique d’immigration cohérente, qui garantisse les mêmes droits à l’ensemble des personnes demandant à s’installer en Allemagne. Il est essentiel de ne pas l’oublier. Les Juifs d’Union soviétique ne sont ni des Allemands de souche ni des demandeurs d’asile ; leur situation légale est donc celle définie pour les réfugiés par la loi de contingent[15].
Très vite, il est apparu que les Juifs d’URSS voulaient immigrer en Allemagne pour d’autres raisons que les seules persécutions politiques ou religieuses[16]. Ces dernières auraient pu leur permettre, au cas par cas, l’obtention du statut de réfugié selon la Convention de Genève. Il restait à l’Allemagne comme seule possibilité de reprendre la législation préexistante sur les réfugiés du contingent [Kontingentflüchtlingsgesetz] qui avait bénéficié jusqu’alors aux boat-people vietnamiens permettant un accueil collectif de réfugiés avec les papiers d’identité comme seul sésame.
Ainsi, le 14 novembre 1990 le gouvernement fédéral répondant aux questions soulevées lors des débats parlementaires annonçait, de manière officielle, sa volonté de soutenir l’immigration des Juifs soviétiques :
« Le gouvernement fédéral est conscient des atrocités commises par l’appareil d’État national-socialiste à l’encontre du peuple juif et de la responsabilité historique de l’Allemagne dans ces crimes. Or, de nombreux Juifs soviétiques ont émis la volonté d’émigrer vers l’Allemagne pour se construire ici une nouvelle existence. Gardons-le à l’esprit :
– Une immigration bien organisée permettra de redonner vigueur aux communautés juives très affaiblies depuis la guerre.
– Le renforcement de la communauté juive permettra de rendre plus intense la contribution essentielle de cette dernière à la vie culturelle et intellectuelle allemande[17] ».
L’Allemagne invite donc les Juifs d’URSS à venir sur son territoire, mais concrètement comment met-elle en œuvre une politique migratoire à caractère à la fois religieux et ethnique ? Comment fait l’Allemagne de 1991 pour identifier qui serait juif et qui ne le serait pas ? Quels critères seraient opérants pour sélectionner les Juifs d’Union soviétique ?
L’enjeu de la « nationalité » juive
L’État allemand veut faire venir des juifs (au sens religieux du terme, puisque le sens « racial » est désormais caduc) pour renforcer sa Communauté juive. Un détail a échappé aux Allemands qui se sont, semble-t-il, peu intéressés à l’histoire des Juifs en URSS. Ce détail, c’est cette distinction entre la minuscule et la majuscule du mot en français[18]. Il n’y a pas officiellement de juifs en URSS : depuis le 23 janvier 1918, il n’existe plus d’état civil religieux. Car bien qu’en argot russe, on désigne les papiers d’identité sous le nom de ksiva, mot qui dérivant du yiddish provient de l’hébreu ketouba et désigne le contrat de mariage religieux, les documents religieux n’ont plus cours en URSS.
Ainsi, les autorités consulaires allemandes n’ont qu’une seule solution pour savoir qui est juif et qui ne l’est pas : se fier aux papiers d’identité soviétiques où figurait l’origine juive qualifiée de « nationalité ». La « nationalité » correspond à un héritage biologique puisqu’à partir de 1938, elle n’est plus laissée au libre choix de l’intéressé ; elle doit être attestée par un document écrit qui permet l’identification ethnique des parents. Lors de l’obtention du passeport soviétique à seize ans, les enfants issus de mariages mixtes devaient choisir une « nationalité » parmi celles de leurs parents. C’était alors, après un savant calcul, la « nationalité » la moins préjudiciable qui était choisie – donc très rarement la « nationalité » juive. Les enfants de pères juifs, pouvaient aussi à cette occasion changer leur nom de famille pour avancer presque incognito dans la société soviétique. Lorsqu’arrive la fin des années 1980 où la « nationalité » juive devient un précieux visa pour quitter l’URSS, il n’est plus question de faire disparaître l’origine juive – il devient au contraire nécessaire de ressortir tous les documents qui peuvent prouver ce qui a été auparavant dissimulé.
Il est donc possible pour l’Allemagne grâce aux papiers d’identité soviétiques de sélectionner des Juifs pour leur permettre d’immigrer. Mais si l’Allemagne aimerait que des juifs s’installent dans le pays, c’est in fine pour rendre plus vivace la vie juive allemande. Or, l’URSS n’ayant pas été un territoire propice à l’épanouissement du judaïsme pour les masses, seules des exceptions ont maintenu une pratique religieuse. Et parmi ceux qui souhaitent au début des années 1990 quitter l’Union soviétique pour aller en Allemagne – plus encore que vers Israël – le lien avec la religion juive est souvent ténu voire complètement absent.
De faux juifs ? La mise en doute de l’identité juive
L’Allemagne accueille sur son territoire une migration juive qui n’est pas pour autant une migration de juifs, on l’a vu, ou même de Juifs, car chaque migrant, même adoubé par les autorités consulaires, a le doit d’arriver avec sa famille qui ne l’est pas nécessairement[19]. En d’autres termes, les catégories de l’État allemand qui sélectionne des « réfugiés du contingent » et celles de la religion juive ne se superposant pas. Parmi ceux qui arrivent en Allemagne « par la voie juive », comme les intéressés l’appellent, seuls ceux dont la mère est juive – selon le principe de la transmission matrilinéaire du judaïsme – peuvent intégrer officiellement les Communautés juives allemandes. Et ce sont ces dernières qui assurent une partie de l’accueil matériel de ces nouveaux arrivants. Les autres, ceux qui ont un père juif, ou qui sont là avec leur mari d’origine juif ou leur femme d’origine juive, ne sont pas acceptés par les Communautés juives, ce qui produit une sorte de hiatus migratoire que l’État allemand veut corriger.
Dans les médias allemands, ce décalage entre les migrants juifs fantasmés et les migrants juifs réels va avoir pour conséquence de poser de plus en plus fréquemment, au fil de la décennie 1990, la question de l’authenticité de l’identité juive de ces migrants, telle qu’elle est perçue de manière normative par la société d’accueil. Cette mise en doute (la pensée qu’ils pourraient être des imposteurs puisqu’ils ne sont pas trait pour trait ceux qu’on espérait qu’ils seraient) aboutit à la formulation de nouvelles conditions d’accueil, plus restrictives, à partir de 2005, dont l’objectif tacite est de n’accueillir plus que des « vrais Juifs » sur le papier, des Juifs par la mère.
Mais déjà avant cela, au fil des années 1990, les conditions d’accueil pour ces migrants vont se préciser. À partir de 1995 il est nécessaire pour pouvoir postuler à l’émigration juive d’avoir au moins un parent juif et de pouvoir le prouver par des papiers d’identité. En termes mathématiques, si peu propices aux questions liées à l’identité, on passe cette année-là d’une admission des a minima ¼ à une admission des ½. Ce changement a cela de symbolique qu’à partir de cette date, la politique migratoire de la RFA à l’égard des Juifs devient plus stricte que celle d’Israël puisque la « Loi du retour » de l’État hébreu concerne les individus pouvant prouver qu’au moins un de leurs grands-parents est ethniquement juif.
Puis, à partir du 25 mars 1997, les conditions de sélection et d’accueil des Juifs des pays successeurs de l’Union soviétique apparaissent de manière encore plus explicite[20] et plus restrictive. En réaction, semble-t-il, à l’arrivée de « faux Juifs » (ici, d’individus munis de faux papiers juifs) seuls les documents originaux apostillés datant de la période soviétique sont acceptés. En plus de l’appartenance ethnonationale stricto sensu du candidat, il est demandé que celui-ci ne professe pas une autre religion que le judaïsme.
Le bon, le mauvais et le faux Juif
Trois idéaux-types émergent des débats publics allemands du mitan des années 1990, celui du bon Juif, du mauvais Juif et du faux Juif. Le premier, le bon Juif, est éduqué, a fait des études supérieures, il a un bon métier et en plus de cet accomplissement professionnel, demeure en lien avec le monde juif d’avant, perçu comme authentique. Il faisait partie de l’intelligentsia dans l’espace postsoviétique – ce qui dans l’espace allemand pourrait se traduire par une participation potentielle à la vie culturelle et intellectuelle allemande. On suppose que ses deux parents sont juifs et que plus de près que de loin, sa famille a été touchée par la Shoah. La politique d’immigration a été mise en œuvre pour accueillir ce type de Juif stéréotypé. Le deuxième type existe en opposition au premier : au contraire de ce dernier, le mauvais Juif n’est pas un intelligent (au sens russe du terme) il travaille dans le secteur secondaire ; lui et sa famille ont un père ou une mère juive, mais son sentiment d’appartenance à ce groupe est surtout cimenté par l’antisémitisme soviétique, et peu de choses le distinguent réellement du reste de la population non juive. Le troisième profil est celui du « faux Juif » qui s’est acheté sur un marché ou ailleurs des papiers d’identité idoines pour pouvoir immigrer en Allemagne. On ne sait pas combien ils sont mais, par ricochet, le doute au sujet de la véracité des papiers d’identité et de l’authenticité tout court de l’identité plane sur tous ceux qui immigrent en Allemagne au cours de ce Fälschungsdebatte, débat sur la falsification alimentée par la presse dans les années 1990. Voici un exemple extrait du Spiegel en 1999 :
« Près de 100 000 personnes sont arrivées depuis le début des années 1990 et l’on se demande chaque jour un peu plus si ce sont toujours les bons [die Richtigen] et s’ils le sont encore aujourd’hui. De part en part de l’Oural, le marché des faux papiers fleurit et pour des sommes à cinq chiffres en dollars, des citoyens de l’ex-Union soviétique sans confession [konfessionslose Ex-Sowjetbürger] se transforment en descendants de familles juives : il suffit d’un certificat de naissance ou d’origine [Geburts oder Abstammungsurkunde] qui atteste qu’au moins un parent du demandeur est d’origine juive. (…) Cela complique le travail de l’administration allemande, les rares fois où elle intervient. En ce moment même, le parquet de Schwerin procède à une enquête sur l’ex-président de l’Union des communautés juives en Mecklenburg-Poméranie Occidentale, Semjon Bronfman. Jugé pour recel de passeports volés, il est soupçonné d’avoir procuré de faux certificats d’origine juive à des Arméniens pour une somme allant de 5 000 à 10 000 dollars[21] ».
Et en 2004, dans la version internationale et anglophone du Spiegel, le ton diffère clairement de celui que l’on pouvait trouver quatorze ans auparavant en 1990 et qui encourageait alors l’immigration de « Juifs » ; l’article qui commente la possibilité d’une régulation encore plus forte de l’immigration des Juifs russophones, les décrit ainsi :
« La plupart d’entre eux viennent des strates socio-économiques les plus basses de l’ancienne Union soviétique, ils perçoivent l’aide sociale et se perdent dans la marginalité. […] La grande majorité des Juifs venus de l’ancienne Union soviétique ont des difficultés à trouver un emploi et vivent souvent de l’aide sociale. À Berlin, on estime que 80 % de la communauté juive – dont la majorité est constituée de nouveaux arrivants de l’Est – reçoit une aide de l’État, rapporte le Berliner Zeitung. Les Juifs de l’Est n’ont souvent que très peu de liens avec leur héritage juif et ne se rendent au Conseil central qu’afin d’obtenir de l’aide pour trouver du travail ou logements, mais pas pour intégrer la Communauté, ont noté les critiques[22] ».
Ainsi, quinze ans après le début de l’émigration des Juifs soviétiques en Allemagne, la « leçon de l’histoire » n’est pas que projeter espérances et fantasmes d’identité sur un groupe est peu pertinent. Les conditions de la mise à l’agenda de cet accueil des Juifs soviétiques ont été oubliées : il n’est plus question de parler des persécutions que les Juifs ont subies en URSS ou de l’antisémitisme. Ce qui compte c’est la pérennité du judaïsme allemand puisque le « maintien de la viabilité des communautés juives en Allemagne »[23] est la mission qui leur a été assignée. Or, peu religieux et pas toujours suffisamment juifs, ils semblent avoir échoué. Alors, la décision au plus haut niveau de l’État allemand semble être de les sélectionner davantage. En 1998, six ans avant que la réforme des conditions d’accueil n’entre en vigueur, le sociologue Jeroen Domernik écrit avec beaucoup de clairvoyance : « Toutefois, je doute fort qu’il soit possible de mettre un terme officiellement à cette politique. Cela ne serait possible que si la Communauté juive déclarait qu’elle ne considère pas ces nouveaux arrivants comme de véritables Juifs »[24].
La nouvelle loi de 2005
Alors que de 1991 à 2004, c’est la loi sur les « réfugiés du contingent » qui rendait possible cet accueil, à partir du 1er janvier 2005, l’Allemagne qui reconnait désormais qu’elle est un pays d’immigration, crée une nouvelle catégorie migratoire, celle des « migrants juifs » (Judische Zuwanderer). Encore une fois, personne n’ose abroger cet accueil. Depuis lors, les migrants ne sont plus accueillis dans le cadre d’une politique humanitaire, leur admission se produit désormais en raison d’un « intérêt politique particulier ». De manière officielle, ils ne sont donc plus catégorisés comme des réfugiés fuyant l’antisémitisme, mais comme des migrants de religion juive chargés de donner plus de vigueur à la Communauté juive d’Allemagne. La Communauté juive d’Allemagne a réussi à imposer de ne pas mettre un coup d’arrêt à ce flux migratoire, mais à faire en sorte que les candidats à l’émigration soient mieux choisis.
La nature des restrictions les concernant va se faire par à-coups au fil de propositions et contre-propositions dans des négociations entre l’État fédéral, les États fédérés et le Conseil central des Juifs d’Allemagne. Une idée n’a pas disparu au fil des années, celle exprimée par Charlotte Knobloch, alors vice-présidente du Conseil central des Juifs d’Allemagne, qui affirme en 2005 sa satisfaction que l’immigration continue puisque, dit-elle, « nous aspirons à ce que le nombre des Juifs en Allemagne atteigne le niveau qu’il avait avant la Seconde Guerre mondiale. Et pour cela doivent encore s’installer ici quelques centaines de milliers de personnes ». Il est décidé, entre autres, en 2005, que pour pouvoir immigrer en Allemagne, il faut qu’une Communauté juive religieuse vous accepte en son sein. L’ajout de cette condition a pour conséquence d’exclure de la politique d’accueil de la RFA les personnes dont seuls les pères sont juifs, puisque les Communautés juives orthodoxes ou progressistes, ne les considèrent pas comme juifs. L’évolution de la politique migratoire à l’égard des Juifs postsoviétiques laisse penser que l’État allemand s’est approprié les catégories religieuses du judaïsme afin d’accueillir des Juifs au sens ethnique, qui soient aussi des juifs au sens de la définition religieuse appliquée en Allemagne.
Aujourd’hui, les Juifs d’Allemagne sont à 90% ces Juifs d’URSS dont on a permis l’accueil, à la fois, car il est devenu difficile de le leur refuser et car ils étaient considérés tels des « frères de foi » [Glaubensbrüder] des juifs morts : ils ont été pensés, figés en symbole d’un renouveau possible d’une vie juive en Allemagne quarante-cinq ans après la Shoah. On leur a demandé implicitement, très vite, eux qui étaient le plus souvent âgés, de se délester de leur histoire pour en endosser une autre, de prendre les habits des Juifs d’Allemagne, partis ou morts ; sans voir, qu’à leur manière, eux et leurs enfants après eux, qui ne pouvaient qu’échouer dans la tâche qui leur avait été assignée, ont permis d’ouvrir des synagogues et des lieux communautaires dans des villes où en 1991, cela semblait encore impensable et d’enrichir par leurs différences la vie juive en Allemagne.
Lisa Vapné
Notes
1 | La Table ronde centrale de RDA se réunit pour la première fois le 7 décembre 1989 à Berlin. Elle se pensait comme un organe de transition en attente d’un pouvoir exécutif démocratique en RDA. Pour cette raison, la fin de son existence était, dès sa création, fixée au 18 mars 1990, date des premières élections législatives libres de RDA. |
2 | Helmut Herles et Ewald Rose, Vom Runden Tisch zum Parlament (De la Table ronde au parlement), Bouvier Verlag, Bonn, 1990, p. 161 |
3 | Ausländerbeaufragte des Senats, Bericht zur Integration und Ausländerpolitik, Senat von Berlin, Berlin, 1994, p. 42, cité par Jeroen Domernik, Going West. Soviet Jewish immigrants in Berlin since 1990, Avebury, 1997, p. 53. |
4 | Ibid, p. 131. |
5 | Selon Pavel Polian, cette décision de Helmut Kohl aurait été motivée par le fait qu’en août 1990 plus de dix mille demandes avaient déjà été déposées au Consulat est-allemand à Kiev. Voir Pavel Polian, Očerki evrejskoj èmigracii iz byvšego SSSR v nynešnûû Germaniû (Essai sur l’histoire de l’émigration des juifs soviétiques en Allemagne), http://berkovich-zametki.com/Nomer20/Poljan1.htm, page consultée le 8 novembre 2022. |
6 | Pavel Polian se réfère à des propos d’Ignatz Bubis, successeur de Heinz Galinski au poste de président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, dans son article cité ci-dessus. |
7 | « Deutschland ist kein Eiwanderungsland ». Cette phrase, extraite de la Loi sur le droit de séjour des étrangers de 1965, a été reprise dans le programme de la coalition CDU/CSU et FDP en 1982. |
8 | « Antrag des Abgeordneten Wetzel und der Fraktion Die Grünen/Bündnis 90. Eiwanderung sowjetischer Juden in die Bundesrepublik Deutschland », 11/8212. 24 octobre 1990, 1. Voir http://dip21.bundestag.de/dip21/btd/11/082/1108212.pdf, page consultée le 8 novembre 2022. |
9 | La ville n’avait alors pas de synagogue, mais dans la salle principale de la Communauté est accrochée une photographie de la synagogue. Depuis, la Communauté juive a acheté une Eglise protestante de la ville qui a été transformée en synagogue. Tous les participants viennent de l’ex-URSS. Encore aujourd’hui, tous les Juifs de la ville sont originaires de l’ex-Union soviétique. |
10 | Sander L. Gilman, Smart Jews. The Construction of the image of Jewish superior intelligence, University of Nebraska Press, 1996. |
11 | Michael Wolffsohn, « Bonn und die Juden » (Bonn et les Juifs), Die Welt, 15 septembre 1990. |
12 | Le dernier recensement de la population soviétique de 1989 comptabilise comme Juifs 1,4 millions de citoyens soviétiques. Il s’agit de personnes catégorisées comme telles par leur « nationalité » et correspond à la population dont les deux parents sont de nationalité juive. |
13 | Selon le recensement de juin 1933, organisé en Allemagne hitlérienne, il y avait alors 505 000 Juifs sur une population globale de plus de 65 millions d’habitants. D’après les résultats publiés dans Wirtschaft und Statistik, cités par René Crozet dans « Recensement de la population en Allemagne du 16 juin 1933 », Annales de Géographie, 1934, t. 43, n°244, p. 442. |
14 | Paul Harris, « L’immigration juive vers l’Allemagne réunifiée ou la renaissance d’une communauté », traduit de l’anglais par Maïa Grynberg, Yod, n°6, 1999, p. 45. |
15 | Gerster, CDU. Beratung des Autrags des Abgeordnten Wetzel und der Fraktion die Grünen. Deutscher Bundestag. Plenar-Protokoll, 31 octobre 1990, 18741-18742. Cité en français dans Paul Harris, « L’immigration juive vers l’Allemagne réunifiée ou la renaissance d’une communauté », op. cit., p. 45. |
16 | Les motifs d’émigration sont toujours multiples (antisémitisme, difficultés économiques, regroupement familial…) et il est impossible de considérer que l’un aurait la primauté sur l’autre. Voir Lisa Vapné, Les Remplaçants. Migration juive de l’ex-Union soviétique en Allemagne 1990-2010, Thèse soutenue à Sciences Po Paris, 2013, p. 342-369. |
17 | Antwort der Bundesregierung. Bundestags-Drucksache 11/ 8439. 14 novembre 1990. Cité en français dans Paul Harris, « L’immigration juive vers l’Allemagne réunifiée ou la renaissance d’une communauté » |
18 | Le russe distingue iudeï (juif) du evreï (Juif) et en allemand on parle indifféremment de Jude pour désigner juif ou Juif. |
19 | La question des mariages fictifs fera aussi l’objet d’attention lors des restrictions des critères d’immigration. |
20 | Teilrunderlass zur Zuwanderung von Juden aus dem Gebiet der ehemaligen Sowjetunion Az : 514-516-20/7 des Auswärtigen Amts vom 25.03.1997 (Directive circulaire partielle relative à l’immigration des Juifs du territoire de l’ex-Union soviétique Az : 514-516-20/7 du ministère des Affaires étrangères). |
21 | Florian Gless et Georg Mascolo, « Sehr schwieriges Ermittlungsfeld » [Un terrain d’investigation très ardu], Der Spiegel, n° 13, 29 mars 1999, https://www.spiegel.de/politik/sehr-schwieriges-ermittlungsfeld-a-8598acd6-0002-0001-0000-000010630150 |
22 | “Most are coming from the lower socio-economic rungs of the former Soviet Union, are collecting welfare and are getting lost in the margins. […] The vast majority of the Jews coming from the former Soviet Union have difficulty finding jobs and often live on social welfare. In Berlin, an estimated 80 percent of the Jewish community – the majority of them new arrivals from the East – receives state help, the Berliner Zeitung reported. The Eastern Jews also frequently have very little connection to their Jewish heritage and only go to the Central Council to get help finding work and apartments, but not to join, critics have noted.” Scott Lamb, « Jews in Germany : Stopping the Flood from the East », Spiegel Online International, 22 décembre 2004. |
23 | L’expression est extraite du rapport de la Commission indépendante sur l’Immigration, « Zuwanderung gestalten, Integration fördern » Bericht der Unabhängigen Kommission „Zuwanderung“ [Maîtriser l’immigration, encourager l’intégration], Berlin, 2001, p. 162-165 |
24 | « However, I would very much doubt whether it will be possible to revoke the policy formally. This would only be feasible if the Jewish community stated that it does not consider these newcomers to be true Jews ». Jeroen Domernik, « Implementing an open-door policy: Soviet Jewish immigrants in Germany », in Anita Böcker, Kees Groenendijk, Tetty Havinga et alii (dir.), Regulation of migration: International experience, Amsterdam, Het Spinhuis, 1998, p. 248. |