France : les Juifs sont-ils seuls… ou au cœur d’une Nation fragmentée ?

Martine Cohen est sociologue, spécialiste des évolutions du judaïsme français. Le texte qu’elle nous autorise à publier cette semaine dans K. est extrait de son récent ouvrage : Fin du Franco-judaïsme ? Quelle place pour les Juifs dans une France multiculturelle ? (Presses Universitaires de Rennes, 2022). Il figure plus précisément dans le chapitre « Dissonances politiques », dans lequel l’auteure recense les sources de malaise qui fragilisent le « franco-judaïsme ». Dans la suite de l’ouvrage, l’auteure analyse également les évolutions qui permettent de penser qu’un nouveau franco-judaïsme est en voie de recomposition.

 

Manifestation parisienne en hommage à Ilan Halimi et contre l’antisémitisme, 26 février 2006, Wikimedia Commons

 

[…] Les faits sont connus : l’augmentation des actes anti-juifs est allée croissant, jusqu’à donner lieu à des meurtres à plusieurs reprises (2006, 2012, 2015, 2017 et 2018), motivés dans plusieurs cas par l’identification des Juifs avec la domination israélienne sur les Palestiniens. Mais si ces actes anti-juifs ont été en effet souvent corrélés avec des moments de crise aigüe dans le conflit israélo-palestinien (période de l’Intifada, guerres récurrentes à Gaza), les analyses de la CNCDH[1] nous disent aussi qu’un niveau « structurel » d’hostilité envers les Juifs se maintient désormais indépendamment des crises moyen-orientales, et qu’il s’appuie sur la résurgence de thèmes antisémites plus anciens, associant « les Juifs » à la richesse ou au pouvoir. Un autre thème classique est également réapparu avec force, celui du « complot juif » : celui-ci se déploie entre l’« invention » par les Juifs des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et leur « pouvoir » dans la banque, les médias ou les milieux politiques. Ce complotisme se diffuse très rapidement grâce au développement sans précédent des réseaux sociaux depuis les années 2000. Face à cela, même les condamnations en justice à répétition, où l’on a vu Jean-Marie Le Pen rejoint par les nouvelles figures d’Alain Soral et de Dieudonné, semblent impuissantes à juguler ce déferlement.

Alors que des Juifs, en butte à ces agressions ou gagnés par un sentiment d’insécurité, quittent la France ou migrent vers des localités plus sûres à leurs yeux[2], et que d’autres délaissent les écoles publiques, leur sentiment de solitude s’accroit lorsque des assassinats, celui d’Ilan Halimi en 2006 et ceux de l’école Otzar Hatorah de Toulouse en 2012, ne sont suivis d’aucune manifestation massive d’indignation, contrastant avec ce qui s’était passé lors de la profanation du cimetière de Carpentras en 1990. Peut-être est-ce parce que la perception générale des violences est étonnamment marquée, dans une partie des reportages des médias, par une vision symétrique des deux populations, juive et maghrébine : l’expression courante de violences « intercommunautaires » n’implique-t-elle pas que des Juifs seraient eux aussi à l’origine de ces violences (à l’égard des musulmans), et qu’il faudrait alors renvoyer dos à dos les deux « communautés » et « leurs » problèmes trop complexes ? Une autre forme de refus d’accorder à l’antisémitisme une attention à la hauteur de sa gravité consiste à souligner que le « vrai » racisme concernerait prioritairement les populations maghrébines ou noires, ou que celles-ci seraient « stigmatisées » par les accusations d’antisémitisme à leur encontre. La dénégation s’appuierait sur l’idée que les victimes de discriminations ne pourraient pas devenir elles-mêmes auteurs d’actes racistes – ou encore que des raisons psychologiques et sociales les en disculperaient en quelque sorte.

Ainsi, alors que les hommes politiques auraient enfin pris la mesure du problème – ce dont atteste la création de la Délégation Interministérielle de Lutte contre le Racisme et l’antisémitisme (DILCRA) en février 2012, à la veille des attentats de Mohammed Merah à Montauban et Toulouse – la société française serait-elle devenue indifférente, doutant parfois de la réalité de cet antisémitisme lorsque le mobile crapuleux semble prévalent, comme ce fut le cas pour l’assassinat d’Ilan Halimi malgré la présence d’un stéréotype antisémite classique : le lien entre les Juifs et l’argent ? À moins qu’il ne s’agisse d’un sentiment de lassitude ou d’incompréhension et d’impuissance devant la difficulté à appréhender les multiples fils de ces expressions antijuives.

Une autre source de confusion sur ce qu’il convient ou non de qualifier d’antisémitisme proviendrait de l’extrême sensibilité de la société française à ce sujet, en raison du passé vichyssois. Elle peut conduire les uns à dénoncer des actes comme « antisémites » avant même que cela soit confirmé par une enquête, alors qu’à l’inverse d’autres vont rester sur la réserve et refuser de recourir à cette qualification au nom d’une définition exclusivement politique ou idéologique du phénomène : ainsi Théo Klein refusa-t-il de qualifier comme antisémites les agressions des premières années parce qu’il n’y voyait aucune « politique d’État » (ni « organisation » ni « volonté d’éliminer les Juifs »), tandis qu’Esther Benbassa appela à la prudence devant l’assassinat d’Ilan Halimi, qui semblait n’être qu’un acte de délinquance. Mais loin de ces précautions, d’autres se sont laissés aller à des comparaisons excessives, comme le président du CRIF Roger Cukierman comparant les attaques contre une synagogue parisienne de la rue de la Roquette ou contre des commerces cashers à Sarcelles, en marge des manifestations de juillet 2014, à une « Kristallnacht » [Nuit de Cristal], ajoutant « on a échappé de peu à un véritable pogrom[3] ». Face à cet alarmisme de plusieurs responsables institutionnels juifs, d’autres appellent plutôt à retrouver ensemble le « rêve français », comme le fit le Grand rabbin de France Haïm Korsia au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Mais les personnalités juives publiques parlant ainsi sont plutôt rares.

À cette confusion des repères fait écho la diversité des analyses de chercheurs, reprises et diffusées de manière plus ou moins fidèle ou polémique dans l’opinion publique. Les actes anti-juifs sont-ils un écho (« une importation ») du conflit israélo-palestinien en France, les jeunes Maghrébins-musulmans s’identifiant aux Palestiniens et attaquant ceux qu’ils assimilent aux Israéliens (motif explicite des assassinats de Merah dans une école juive de Toulouse en mars 2012) ? Relèvent-ils d’abord d’un problème social où la relégation dans des ghettos urbains suscite chez leurs habitants un sentiment de jalousie à l’égard des Juifs, perçus comme ceux qui ont « réussi » et possèdent « tout » ce qu’ils n’ont pas[4] ? D’autres adoptent une perspective idéologique plus générale, comme Pierre-André Taguieff lorsqu’il parle de « nouvelle judéophobie », y voyant l’association étroite, à une échelle dépassant largement la France, entre « l’antisionisme » virulent d’une partie de l’extrême gauche et l’hostilité fondamentale des milieux islamistes à l’existence même d’Israël – association désignée habituellement par l’expression d’« islamo-gauchisme[5] ». Deux ouvrages récents, dont les auteurs se situent eux-mêmes comme proches de cette extrême-gauche, ont analysé et dénoncé avec amertume la charge d’antisémitisme que véhiculait l’« antisionisme » de leurs amis, implicitement le plus souvent[6]. Quant à l’historien Georges Bensoussan, il souligne plus spécifiquement la part prise par les jeunes musulmans issus de l’immigration et le recul de l’État dans les « territoires perdus de la République[7] ». L’historien développera par la suite la thèse d’un « antisémitisme musulman » ancien, préexistant à la création d’Israël et au conflit israélo-palestinien. Si les études d’opinion de la CNCDH n’accréditent pas la thèse d’une « nouvelle » judéophobie ou d’un antisémitisme de l’extrême-gauche mais soulignent plutôt la permanence de cet antisémitisme dans les milieux d’extrême droite[8], l’étude déjà ancienne (2005) de Sylvain Brouard et Vincent Tiberj conforte pourtant l’idée d’une disposition plus grande des musulmans les plus pratiquants vis-à-vis de ces préjugés antisémites[9]. Bien que de nombreux témoignages évoquent l’identité « musulmane » ou « arabe » des auteurs de ces actes antijuifs, ces témoignages ne peuvent être confirmés ou infirmés par les statistiques disponibles : les agresseurs sont rarement retrouvés et aucune statistique ethnique n’est autorisée. Une analyse synthétique des données chiffrées permet pourtant au sociologue Simon Wuhl de montrer que le plus actif des « foyers de la haine antisémite », celui d’où proviennent les agressions au quotidien et les attentats meurtriers, se situe bien du côté des populations arabo-musulmanes, même si celles-ci sont loin d’être majoritairement impliquées dans ces manifestations[10]. Cette réalité est difficile à accepter pour beaucoup, notamment parmi les chercheurs, comme si le risque de stigmatisation des musulmans dans leur ensemble, bien réel certes, interdisait d’en parler.

Antisémitisme d’origine musulmane (allié éventuellement à celui de l’extrême gauche) ou d’extrême droite ? Nouveau ou ancien ? Ces thèses opposées, brossées ici à grands traits, traduisent la difficulté à appréhender un phénomène complexe à travers des catégories d’analyse trop figées ou anciennes. C’est cette réflexion que développe le politologue Samuel Ghilès-Meilhac dans un article paru en 2015 dans la Revue d’Histoire moderne et contemporaine[11]. Il y relève d’une part le hiatus existant entre des sondages d’opinion montrant (selon la CNCDH) que les Juifs seraient le groupe minoritaire le mieux accepté par la société française et l’augmentation du nombre d’actes antijuifs[12]. S. Ghilès-Meilhac souligne également à quel point nos catégories d’analyse habituelles, opposant des « établis » à des « marginaux », ou des « intégrés » à des « discriminés », empêchent de saisir un antisémitisme qui touche aujourd’hui des populations parfaitement intégrées et ne subissant aucune discrimination systémique (les Juifs), mais qui font pourtant l’objet d’attaques de la part de personnes elles-mêmes victimes de racisme. Ces oppositions étant plus particulièrement prisées par la gauche, celle-ci serait alors plus en difficulté pour admettre l’existence de cet antisémitisme et s’y confronter. Ce type d’analyse, qui permet de comprendre le « divorce » avec la gauche d’une partie des Juifs de France[13], recoupe ce que d’autres dénoncent sur un ton plus polémique comme l’« antiracisme dévoyé » de la gauche, pour laquelle seuls les musulmans seraient les vraies victimes de racisme qu’il faudrait défendre, disculpant par là même ces musulmans de leur antisémitisme. Quant aux sociologues Michel Wieviorka et Farhad Khosrokhavar, ils proposent une analyse multifactorielle, prenant en compte tant l’histoire longue (des persécutions antijuives et de la période coloniale en particulier) que les facteurs géopolitiques contemporains (conflit israélo-palestinien), pour comprendre d’une part les perceptions négatives réciproques et les sentiments d’hostilité, pour appeler d’autre part à un dialogue entre juifs et musulmans et à une reformulation du modèle républicain dans le sens d’une véritable ouverture au pluralisme culturel et religieux de la société[14].

Couverture du livre de Martine Cohen

Le sentiment d’une fragmentation sociale gagnant en importance au fil des années 2000 (notamment depuis les émeutes urbaines de 2005), le thème de la « solitude des Juifs[15] » va se transformer progressivement pour faire émerger finalement la figure des Juifs comme « sentinelles » d’une République en danger, soit parce que celle-ci serait mise en échec dans des « territoires perdus », soit parce que les Juifs seraient les premières victimes d’une bataille menée plus largement contre la France par des musulmans ou des islamistes. Les attentats terroristes de l’année 2015, ceux de janvier (contre le journal Charlie Hebdo et le magasin Hyper-casher) et plus encore ceux de novembre qui visaient des populations non spécifiquement ciblées (des « innocents » en quelque sorte), auraient-ils joué dans le sens de cette (ré-)inclusion des Juifs dans le « tableau de famille » de la société française ? L’argument est déjà énoncé en fait avant 2015. Le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut, après avoir adopté le thème du « grand remplacement », lui associe en 2012 celui d’un « nouveau franco-judaïsme », basé non plus sur l’idée positive d’une symbiose judéo-française mais sur une communauté de destin malheureux entre les Juifs et la France : s’attaquer à des Juifs, c’est viser la France[16].

Si l’on peut parler ici d’un franco-judaïsme paradoxal parce que « victimaire », on ne peut qu’être frappé aussi par cette tentative de briser le sentiment de solitude des Juifs en plaçant ceux-ci « au centre » d’une bataille à mener, tant pour sauver la République (menacée de fragmentation et dans ses valeurs fondamentales) que pour sauver l’idée même d’une France (une France idéale) qui serait toujours l’amie des Juifs. Les responsables institutionnels et les intellectuels juifs reconnaissent d’ailleurs les efforts considérables déployés par l’État pour les protéger (même si leur efficacité semble limitée) et certains s’engagent dans des rencontres avec divers secteurs de la société (des acteurs religieux en particulier) qui ne manquent pas de leur exprimer leur sympathie lors des attentats. Ainsi, s’il y a un antisémitisme en France, la France elle-même ne serait pas antisémite[17].

Ce thème des Juifs comme « sentinelles de la République » est-il susceptible, si ce n’est de rétablir une totale confiance, au moins de limiter les départs des Juifs de France ? Rien n’est moins sûr ! On observe cependant que des Juifs voulant échapper à l’insécurité de leur quartier décident plutôt de déménager vers des localités plus sûres à leurs yeux, de rester en France donc.  On note aussi que des responsables du judaïsme organisé parlent à ce propos d’une « alyah de l’intérieur », établissant un parallèle avec l’alyah (« montée ») vers Israël, et semblent ainsi accorder une positivité paradoxale à ces déplacements, comme si la France restait à leurs yeux une terre d’accueil, …une terre toujours « promise » ?

Du slogan « Je suis Juif » qui accompagnait les « Je suis Charlie » ou « Je suis Musulman » lors de la manifestation du 11 janvier 2015, à la « Marche blanche » de mars 2018 en mémoire de Mireille Knoll, cette vieille femme rescapée de la déportation assassinée par un de ses voisins qui aurait crié « Allahou Akbar ! », les nouvelles manifestations publiques d’empathie exprimées à l’égard des Juifs témoigneraient-elles d’un lien renoué entre les Juifs et la France ? Les Juifs ne seraient donc plus seuls mais seraient devenus le cœur d’une France fragmentée et d’une bataille pour reconstruire une cohésion sociale[18] ? Mais le risque d’une telle position « centrale » de la lutte contre l’antisémitisme est que, loin de concerner tous les Français, elle soit perçue comme l’expression d’une concurrence avec les autres victimes de discriminations, et qu’elle puisse même paradoxalement « prouver » le « pouvoir des Juifs ». Ce serait là une des faiblesses de ce « franco-judaïsme victimaire ».

« Défendre Israël » (par-delà les désaccords éventuels sur sa politique), « sauver la France » : peut-on voir là les termes nouveaux d’une autre « double fidélité », dont la tonalité dramatique et défensive renvoie aux contextes de crise politique que connaissent les sociétés française et israélienne (start’up nation certes, mais bloquée face à une paix impossible). En France, la persistance des actes d’antisémitisme serait-elle l’un des symptômes d’une crise sociale, morale et politique sans précédent[19] ?


Martine Cohen

Martine Cohen est sociologue. Ses travaux ont porté sur le mouvement charismatique catholique français et sur la controverse sociale autour des sectes. Observatrice du judaïsme français depuis les années 1980, elle porte ici un regard renouvelé sur son histoire et sur son avenir en France.

Notes

1 Commission nationale consultative des droits de l’homme
2 Voir le livre de Fourquet Jérôme et Manternach Sylvain, L’An prochain à Jérusalem ? Paris, éd. de l’Aube/Fondation Jean-Jaurès, 2016.
3 Le député UDI Meyer Habib parla lui aussi de « Nuit de Cristal » à propos de ces débordements du 13 juillet 2014 (entretien accordé le 14 juillet sur une chaîne de télévision israélienne et rapporté par Lefigaro.fr, 21/7/14). Par leurs excès, ces responsables confortent une « concurrence des victimes » et l’« instrumentalisation » de la mémoire de la Shoah qu’ils dénoncent pourtant chez d’autres.
4 C’est la thèse du sociologue D. Lapeyronnie : Lapeyronnie Didier, Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui, Paris, Robert Laffont, 2008. Pour lui, l’identification aux Palestiniens ne viendrait qu’en second, pour conforter le sentiment victimaire. Une étude plus ancienne du sociologue Michel Wieviorka soulignait déjà la dimension essentiellement sociale de ces actes anti-juifs, cf. La tentation antisémite. Haine des juifs dans la France d’aujourd’hui, Paris, Robert Laffont, 2005.
5 Taguieff Pierre-André, La nouvelle judéophobie, Paris, Mille et Une Nuits, 2002.
6 Stora Brigitte, Que sont mes amis devenus ? Les Juifs, Charlie, puis tous les nôtres, Lormont, éd. Le Bord de l’eau, 2016, et Hirsch Robert, Sont-ils toujours des Juifs allemands ? La gauche radicale et les Juifs depuis 1968, Paris, Arbre bleu éd., 2017.
7 Brenner Emmanuel (alias Georges Bensoussan), Les territoires perdus de la République : antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, Paris, Mille et Une Nuits, 2002 (3e éd. augmentée, Paris, Pluriel, 2015).
8 Pierre Birnbaum, historien des mouvements antisémites de la fin du XIXe siècle, insiste lui aussi sur la persistance de ce vieil antisémitisme de droite dans la France d’aujourd’hui. Voir son livre Sur un nouveau moment antisémite : Jour de colère, Paris, Fayard, 2015.
9 Brouard Sylvain et Tiberj Vincent, Des Français comme les autres ? Enquête sur les citoyens d’origine maghrébine, africaine et turque, Paris, Presses de Sciences Po, 2005.
10 Wuhl Simon, « Les trois foyers de la haine antisémite en France », Plurielles, n° 22, 2020, p. 149-182.
11 Ghilès-Meilhac Samuel, « Mesurer l’antisémitisme contemporain : enjeux politiques et méthode scientifique », dossier « Antisémitisme(s) : un éternel retour ? » coordonné par Marie-Anne Matard-Bonucci, Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 2015, tome 62, n°2/3, p. 201-224.
12 Les enquêtes annuelles de la CNCDH montrent elles aussi que cette bonne acceptation des Juifs n’empêcherait pas la persistance de stéréotypes anciens sur leur rapport à l’argent et au pouvoir.
13 Un dossier publié dans Médiapart en février 2018 évoque le malaise « des gauches » devant cet antisémitisme. Trois articles sont proposés par Joseph Confavreux : « Antisémitisme : Les gauches suspectées. La genèse d’une gêne », 10 février 2018 ; « Aveugles à un “antisémitisme musulman” ? », 11 février 2018 ; et « Antisémitisme, antisionisme : comment, à gauche, sortir du piège », 14 février 2018. Voir aussi l’analyse de Fourquet Jérôme et Manternach Sylvain L’An prochain à Jérusalem ?, op. cit.
14 Voir leur livre Les juifs, les musulmans et la République, Paris, Robert Laffont, 2017.
15 Le thème est récurrent dans les articles de presse et les émissions radio. Shmuel Trigano en a fait le titre d’un livre publié en février 2015, Quinze ans de solitude. Juifs de France : 2000-2015 (Paris, Berg International).
16 À ma connaissance, Alain Finkielkraut a exprimé pour la première fois cette thèse d’un « nouveau franco-judaïsme » (sic) le 14 octobre 2012, lors d’une conférence organisée par le Bnaï Brith pour les dix ans de la publication du livre Les Territoires perdus. Voir aussi son livre L’identité malheureuse (Paris, Stock, 2013).
17 C’est ce qu’écrit Elie Barnavi dans sa Lettre ouverte aux Juifs de France (op. cit., 2002).
18 Plusieurs responsables gouvernementaux reprennent le thème d’une France « qui ne serait pas la France sans les Juifs » ; on se souvient notamment du discours de Manuel Valls après les attentats de janvier 2015.
19 La banalisation des violences verbales et physiques est bien analysée par l’écrivain Marc Weitzmann dans son essai Un temps pour haïr (Paris, Grasset, 2018).

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