#65 / Edito

 

La semaine dernière, Milo Lévy-Bruhl – suite à la venue sur les terres de la Nupes d’un Corbyn que Danielle Simonnet continuait de défendre malgré la complaisance de l’ancien patron du Labour vis-à-vis de l’antisémitisme – proposait une réflexion indispensable sur la nécessité de cesser de se voiler la face quant à la réalité d’un regain général de l’antisémitisme qui n’épargne pas la gauche. Il en appelait ainsi à un geste d’autocorrection collectif – dont la charte, soumise par Europe Écologie Les Verts, qui « englobe l’ensemble des grandes questions contemporaines liées à la lutte contre l’antisémitisme » – pourrait être la promesse. Cette semaine, Danny Trom interroge autrement, et de manière plus pessimiste sans doute, l’hégémonie de LFI sur la gauche. Il le fait sous l’angle de sa dénomination – la France Insoumise – qui déroge à une tradition historique où l’espace social était pensé à travers des paires en tension : capitalistes/prolétaires ; bourgeois/ouvriers, etc. Or, la France Insoumise s’adresse aux « gens », insoumis ou encore soumis… Pour Danny Trom, le nom même La France Insoumise inclinerait structurellement au complotisme : « On s’interroge souvent sur le sens du mot populisme. La réponse est sous la main : transformer des relations d’interdépendance objectives en guerre de tous, de tous les gens, ceux insoumis et ceux encore soumis, contre l’un dominateur. »

Sobibor devrait avoir un nouveau mémorial cet automne, presque dix ans après que le projet des architectes Piotr Michalewicz et Marcin Urbanek ainsi que de l’artiste-historien Łukasz Mieszkowski ait été sélectionné. C’est ce dernier qui confie cette semaine à K. un texte inédit dans lequel il revient sur les enjeux de ce nouveau monument : Quel parcours organiser au sein du site ? Quelle expérience faire vivre au visiteur ? Łukasz Mieszkowski, en plus des plans et images qu’il propose, livre une revue de ses inspirations, des questionnements et des controverses auxquelles il a dû répondre. Sa théorie pourrait se résumer ainsi, dans ses propres mots : « protéger les morts et prendre soin des vivants ».  Il s’agissait pour lui de substituer à « l’architecture de l’effroi » – qui a inspiré la construction de nombreux espaces mémoriels au cours des dernières décennies – une architecture mélancolique de la perte sèche. Après avoir publié ces dernières semaines un article autour de la préface du Recueil Auschwitz mais aussi un reportage sur l’impossible mémorial de la Shoah de Londres, K. continue avec ce texte son exploration européenne des documents mais aussi des difficiles routes de la mémorialisation au présent.

Montrer aujourd’hui le crime,  hier exhiber les Juifs. Nommé en 1941 à la direction de l’institut d’anatomie de l’université de Strasbourg devenue Reichuniversität Straßburg, August Hirt y avait mis en place un projet de collection de « squelettes juifs ». Les expérimentations humaines criminelles dureront là-bas jusqu’en novembre 1944. En 2016, une Commission historique, internationale et indépendante a été mise en place, dont la mission était d’évaluer l’ensemble des collections médicales de l’université pour s’assurer qu’aucun reste humain provenant de victimes du nazisme n’y soit encore conservé, mais aussi de fournir des préconisations en termes de formation à l’éthique du personnel médical actuel et futur. Le rapport final de la Commission a été présenté à Strasbourg le 3 mai dernier. Maëlle Partouche a assisté à sa présentation. Elle revient sur ses conclusions et nous raconte l’histoire des abominations dont il rend compte.

 

 

Après Milo Lévy-Bruhl la semaine dernière, Danny Trom revient à son tour sur l’accord électoral inédit de la gauche française. Il réfléchit pour sa part et en particulier sur ce qui se niche derrière cet étrange nom de France Insoumise et l’imaginaire social et politique qu’un tel mot charrie. L’occasion ainsi d’indiquer le risque que constitue ce qui pourrait bien avoir été une « soumission » de toute la gauche à « l’insoumission » mélenchoniste.

En juillet 2013, les architectes Piotr Michalewicz et Marcin Urbanek ont remporté, avec l’artiste-historien Łukasz Mieszkowski, le premier prix du concours international pour le développement d’un nouveau concept de mémorial sur le site de l’ancien centre d’extermination de Sobibór. Le mémorial et le musée, qui seront placés sous la supervision du musée d’État de Majdanek, devraient être achevés à l’automne 2022. Łukasz Mieszkowski, dans un article inédit pour K., nous fait découvrir les coulisses de ce projet auquel il a participé et les critiques légitimes auxquelles il a dû répondre en voulant substituer à une « architecture de l’effroi » une architecture mélancolique de la perte sèche.

Créée en 1941, suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle au Reich, la Reichsuniversität de Strasbourg s’inscrivait dans le projet nazi de germanisation de ses territoires annexés. Que s’est-il passé exactement dans les murs de l’Université quand elle était aux mains des nazis ? On sait par exemple que le directeur de son institut d’anatomie a constitué une collection de squelettes de Juifs assassinés… En 2016, a été mise en place une Commission historique, internationale et indépendante, dont la mission était d’éclairer l’histoire de la Reichsuniversität entre 1941 et 1944. Elle avait notamment pour but d’évaluer l’ensemble des collections médicales de l’Université pour s’assurer qu’aucun reste humain provenant de victimes du nazisme n’y soit encore conservé mais aussi de fournir des préconisations en termes de formation à l’éthique du personnel médical actuel et futur. Retour sur le rapport final de la Commission.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.