« Il n’y a que le récit qui puisse recréer l’identité perdue d’une famille d’immigrants. C’est pour cela que mon grand-père passait son temps à raconter des histoires sur le « vieux pays », car là-bas, vous étiez quelqu’un. Tout le monde savait qui vous étiez, vous aviez un statut, et même de l’argent, vous apparteniez à un certain contexte, social et politique ; et maintenant vous n’êtes plus que l’une des vingt-deux millions de personnes arrivées aux États-Unis, et il faut repartir de zéro ; c’est une histoire avec laquelle j’ai grandi. » Identité, exil, mais aussi philologie : c’est à travers ces thèmes que se poursuit aujourd’hui la réflexion autour de son œuvre que Daniel Mendelsohn a engagée avec nous la semaine dernière. Dans ce deuxième épisode de notre grand entretien, pointent aussi les questions politiques les plus contemporaines qu’on retrouvera la semaine prochaine, dans le dernière épisode de ce passionnant échange.
Pour le reste du programme, c’est cap vers le nord ! En Islande d’abord, où le chercheur Vilhjálmur Örn Vilhjálmsson tentait en septembre dernier de nous expliquer pourquoi son pays natal résiste à enseigner l’histoire de la Shoah. Les autorités officielles islandais ont eu beau s’engager à initier l’enseignement de la Shoah en 2000 et 2002, ces promesse sont restées lettre morte. L’Islande où ce paradoxe d’un pays avec beaucoup d’antisémitisme pour si peu de juifs : « Plus je pense aux sympathies nazies des Islandais, à leurs sentiments antisémites dans un pays où il n’y a pratiquement pas de Juifs, plus je suis reconnaissant à la nature d’avoir fait de l’Islande une île et d’avoir éloigné ses habitants de leurs idoles fascistes sur le continent européen. »
Sur les mêmes latitudes, mais plus à l’est cette fois, c’est en Norvège qu’on s’arrête à nouveau. La journaliste Vibeke Knoop Rachline revient sur le « paragraphe de la honte » de la constitution de 1814, pourtant parmi les plus libérales de l’Europe d’alors : « Les Juifs sont toujours exclus du royaume ». Une anomalie ? Rien n’est moins sûr. Tant les Lumières – françaises notamment – qui l’ont inspirée ont été ambigües vis-à-vis des Juifs. Une ambiguïté qui traverse l’histoire de la société norvégienne depuis lors.