# 110 / Edito

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, est-il un terroriste ? Ses partisans le contestent et – depuis qu’il a été expulsé vers la France en 2022, dans le cadre d’une procédure judiciaire qu’il est tout à fait légitime et nécessaire de discuter – l’invitent régulièrement ici et là comme, par exemple, récemment à l’EHESS, pour parler « droits de l’Homme » et témoigner de son statut de combattant pour la liberté persécuté. Il faut dire que son extradition a été quelquefois qualifiée de « déportation », et ceci jusque dans les hautes sphères de la politique internationale, et que selon Salah Hamouri, « à travers [sa] personne, c’est d’un processus de nettoyage ethnique dont il s’agit. » Mais là où on en perd son latin, c’est que le même Salah Hamouri, qui ne nie ni ne confirme son appartenance au Front populaire de la Palestine (FPLP), organisation classée comme terroriste par l’Union Européenne, les États-Unis et d’autres États, a lui-même plaidé coupable devant un tribunal militaire israélien dans le projet d’attentat contre le rabbin Ovadia Yosef, sans jamais, par la suite, faire appel de ce jugement devant les instances juridiques supérieures ni devant la Cour Suprême d’Israël. De quel côté des droits de l’Homme se trouve donc Salah Hamouri ? Lors de la rencontre co-organisée dans la cafétéria de l’EHESS par la Ligue des Droits de l’Homme et l’Association France-Palestine Solidarité, l’UEJF est venue pour rappeler quelques faits concernant Salah Hamouri. Les étudiants ont été mis à la porte, violemment, la contradiction qu’ils entendaient apporter n’étant pas la bienvenue. Notre collaborateur à la plume acerbe, Karl Kraus, revient dans K. sur cet événement qui voit les nobles causes de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’Homme prises dans un pataquès qui mérite que l’on y recherche un peu de clarté.

Nous republions cette semaine le texte par lequel Sylvaine Bulle nous introduisait il y a quelques mois à ce qu’elle désigne comme « l’anarcho-judaïsme ». Au sein de ce courant théorique – élaboré au tournant du XIXe et du XXe par des intellectuels, et parfois des rabbins, éduqués pour la plupart d’entre eux dans les yeshivot d’Europe de l’Est – a émergé une pensée écologique préfiguratrice des formes d’organisations communautaires et mutualistes, où la relation entre la terre et les enjeux sociaux est affirmée avec force.

Bambi n’est pas que le nom du célébrissime dessin animé réalisé par Walt Disney en 1942. C’est d’abord un livre – Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois (1923) – qui, à l’époque de son adaptation, était interdit par les nazis, comme toute l’œuvre de son auteur Felix Salten (de son vrai nom Siegmund Salzmann). Loin de l’édulcoration de Disney, le Bambi original n’a rien du simple récit bucolique pour enfant. C’est une allégorie chiffrée de la condition juive en Europe au début du siècle : un récit de l’histoire tragique de persécutions et de solitude d’un groupe minoritaire. Mais un récit qui se veut politique puisqu’il peut également se lire comme un pamphlet anti-assimilationniste. C’est en tout cas la lecture qu’en proposait l’historien et journaliste américain Mitchell Abidor dans K. et que nous republions…

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.