Après l’annonce par Benjamin Netanyahou d’une « pause » dans le processus d’adoption de la réforme de la justice, la crise que traverse Israël semble provisoirement suspendue. Pour autant, la mobilisation contre le gouvernement, qui vient d’approuver la formation d’une « garde nationale » sous la direction du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir ne cesse pas. Le combat pour la démocratie est toujours engagé et doit être d’autant plus réfléchi que dans le cas d’Israël, cette dernière a une connotation particulière. Car l’État d’Israël a pour singularité de devoir être à la fois démocratique et juif – or, c’est le signifiant « juif » qui, tout comme celui de « sionisme », sont aujourd’hui sujets à débat. Aussi, ce combat touche à la fois les israéliens comme la plupart des juifs ; et la diaspora s’est d’ailleurs manifestée d’une manière sans doute inédite, non pas tant pour témoigner d’un attachement que d’une inquiétude qui la concerne en propre. Dans ce moment de « suspension » marqué par les fêtes de Pessah et en attendant de voir comment Netanyahou mettra fin à la « pause », nous revenons dans K. sur cette séquence politique que traversent Israël et les juifs avec deux textes : « La crise israélienne comme opportunité », par Bruno Karsenti, et « Prions », par Danny Trom – lequel se penche sur l’histoire de la prière pour le royaume, mais aussi sur celle de la prière pour l’État d’Israël, rédigée en 1948 peu de temps après la Déclaration d’indépendance du 14 mai.
Enfin, K. republie cette semaine une nouvelle de Michael Freund. Un conte de Pessah, où il est question de réfugiés juifs ukrainiens et de l’hôte bougon qui les héberge : « Nous allons accueillir, Liliane et moi, des réfugiés ukrainiens. Juifs. J’avais laissé mes coordonnées à une association juive qui cherche des lieux d’hébergement pour des familles ayant fui la guerre. Ce matin j’ai reçu l’appel d’une certaine Esther qui voulait des précisions sur le logement que nous proposions. J’en ai donné une description sommaire : un studio indépendant, attenant à notre appartement, d’une trentaine de m2, tout équipé. La première question d’Esther a été de savoir si c’était casher. J’ai répondu que non, ce n’était pas casher. « Mais c’est casherisable ? » a-t-elle insisté. La question était de pure forme : tout est casherisable, bien sûr, mais Esther voulait savoir si nous étions prêts à accueillir des Juifs pratiquants. J’ai sèchement dit que non, que le studio n’était pas casherisable, qu’il ne pouvait pas l’être et que, de toutes façons, je ne voulais pas de Juifs orthodoxes »…