Politique - Antisémitisme

Jonas Pardo milite depuis plusieurs années à l’extrême-gauche, où il a longtemps caché son judaïsme. À la suite de l’attentat de l’Hyper Cacher, il décide, avec une poignée d’autres militants, de ne plus laisser passer l’antisémitisme qui s’y manifeste parfois et le déni qui l’entoure souvent. C’est la première étape d’un parcours qui le conduira à créer une formation à la lutte contre l’antisémitisme pensée spécifiquement pour s’adresser à la gauche. Dans cet article pour K. il raconte son parcours, détaille son atelier de formation et les diverses réactions qu’il suscite.

La sentence de Lavrov, soutenant que Zelensky pouvait être à la fois juif et nazi et que d’ailleurs Hitler avait du « sang juif », a frappé les esprits. Les réactions en Europe furent unanimes pour s’indigner face à ce qui a été perçu comme la parole obscène d’un dirigeant politique prêt à tout pour justifier la guerre d’agression que mène son pays. Or qu’est-ce qui recouvre exactement ce sentiment d’obscénité ? Est-ce vraiment l’expression d’un rejet du nazisme réel, celui qui avait la haine des juifs pour ressort ? Ou bien ce sentiment recouvre-t-il une ambivalence plus fondamentale du rapport que les Européens entretiennent avec les juifs, encore aujourd’hui ?

Bien qu’elle ait été réunie pour se consacrer prioritairement aux enjeux de pouvoir d’achat, les députés communistes et insoumis ont estimé nécessaire de profiter de cette session parlementaire estivale pour mettre au premier rang de leur combat une résolution condamnant le supposé régime d’apartheid institutionnalisé par l’État d’Israël. Au-delà des polémiques qu’elle a suscitées, Bruno Karsenti propose de lire cet empressement anti-israélien comme un énième symptôme de la crise de la critique que traverse la gauche française depuis plusieurs années.

Après Milo Lévy-Bruhl la semaine dernière, Danny Trom revient à son tour sur l’accord électoral inédit de la gauche française. Il réfléchit pour sa part et en particulier sur ce qui se niche derrière cet étrange nom de France Insoumise et l’imaginaire social et politique qu’un tel mot charrie. L’occasion ainsi d’indiquer le risque que constitue ce qui pourrait bien avoir été une « soumission » de toute la gauche à « l’insoumission » mélenchoniste.

Vendredi 3 juin dernier, Danielle Simonnet, figure de la France Insoumise, se félicitait du soutien de Jeremy Corbyn, venu de Londres battre le pavé de la quinzième circonscription de Paris où elle se présente pour la NUPES aux futures élections législatives. Indignations légitimes de ceux qui n’ont pas la mémoire courte : ils se souviennent de la complaisance du Labour vis-à-vis de l’antisémitisme  lorsque Corbyn en était le patron. Danielle Simonnet s’est insurgée : pour elle, Corbyn n’est que la « victime d’une grossière manipulation ». Milo Lévy-Bruhl – qui avec Adrien Zirah avaient déjà analysé dans K. le rapport de l’EHRC sur l’antisémitisme au sein du parti de gauche anglais – y revient cette semaine pour la bonne information de Danielle Simonnet. Il en profite pour réfléchir au destin d’une union de la gauche, sans aucun doute désirable aujourd’hui, à condition qu’une partie de ceux qui l’animent ne se voilent plus la face sur la réalité du regain de l’antisémitisme, y compris à gauche.

La pluralité des mises en accusation des juifs impose de retravailler en permanence les concepts qui servent à les caractériser. Depuis quelques années, la notion « d’antisémitisme secondaire » ou « antisémitisme de rejet de culpabilité » s’est ainsi imposée pour caractériser des nouvelles formes d’hostilité anti-juives qui se rapportent à la Shoah pour la nier, la relativiser, en inverser la responsabilité, etc.

C’est aujourd’hui, le 20 octobre, que le jugement de Cassandre Fristot a été rendu. Aussi, nous avons voulu revenir sur la rhétorique dont témoignait la pancarte, et son fameux « Qui ? », brandie par cette militante d’extrême droite lors d’une manifestation contre le pass sanitaire. L’image est vite devenue virale. Elle fournit un cas d’école d’un antisémitisme à décrypter, où il s’agit pour le locuteur de dire ce qu’il pense tout en se camouflant et de coder la violence de son propos pour le faire circuler dans l’espace public.

Le journaliste américain Abe Silberstein a été frappé, lors du dernier cycle de violence israélo-palestinien de mai dernier, par l’expression de l’antisémitise qui, sous la forme qu’elle a prise à cette occasion, manifestait un climat politique nouveau. Son texte pour K. témoigne de ses interrogations et d’une ambiance qui lui fait craindre que quelque chose de similaire à la situation européenne s’installe aux Etats-Unis.

Où l’on se demande pourquoi la définition de l’antisémitisme proposée par l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) suscite aujourd’hui autant de critiques et ce qui motive la « Déclaration de Jérusalem », publiée le 26 mars dernier…

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.