Entretiens

Dara Horn est journaliste, essayiste et professeure de littérature yiddish et hébraïque. Dans cet entretien, elle revient sur ce qui l’a poussé à écrire en 2021 People Love Dead Jews et sur la question qu’explore ce livre : pourquoi les juifs morts suscitent-ils tellement plus d’intérêt que les juifs vivants ? Entre ritualisation d’une mémoire stérilisée de la Shoah, fascination pour la figure du juif réduit à être victime impuissante et déni de l’actualité de l’antisémitisme, Dara Horn interroge la manière profondément ambiguë dont l’Occident, et en particulier l’Amérique, se rapporte aux juifs, et aux fantômes qu’ils évoquent.

Ber Kotlerman est né à Irkoutsk, en Union soviétique, en 1971. Il a grandi au Birobidjan, la « région autonome juive », fondée en mai 1934 aux confins de l’URSS, à la frontière chinoise, avec le yiddish pour langue officielle. « Son roman ‘Koydervelsh’, qui emmène le lecteur du Birobidjan à Tel Aviv, vient de paraître. Il s’agit de son quatrième livre de prose en yiddish : le premier, un recueil de nouvelles, a été publié à Tel Aviv, le deuxième, un thriller basé sur des responsa rabbiniques, a été publié à New York, et le troisième, une épopée familiale, à Buenos Aires. Cependant, tout ce qu’il écrit, dit-il, est d’une manière ou d’une autre lié à la région de son enfance, le Birobidjan. C’est le sujet de cet entretien avec Macha Fogel, réalisé en yiddish peu avant le 7 octobre.

Le livre des historiens Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani – Race et histoire dans les sociétés occidentales (XVe-XVIIIe siècle) – croise beaucoup de problématiques familières aux lecteurs de la Revue K. Il raconte la construction du concept de « race », tel qu’il intervient dans la pensée raciste, comme un processus s’étendant sur plusieurs siècles, depuis l’Ancien Régime impérialiste jusqu’à la période moderne. Il offre ainsi une histoire du racisme beaucoup plus riche que celles qui se limitent souvent aux théories scientistes de la fin du XIXe siècle. Surtout, le livre place la « question juive » au cœur de son histoire du concept de race : l’élection, l’obstination, l’invisibilité des différences sont autant de problématiques qu’ont rencontré les sociétés chrétiennes dans leur rapport aux juifs et dont le racisme porte la marque. Entretien avec ses auteurs.

Le film Shttl, d’Ady Walter, tourné en yiddish et en Ukraine, sortira en salle dans les mois à venir. Celui-ci offre l’occasion de s’interroger sur l’identité juive ukrainienne, dans l’histoire et jusqu’à aujourd’hui. Akadem a réuni le réalisateur Ady Walter, l’historien Thomas Chopard, spécialiste des Juifs d’Ukraine et d’Europe orientale, et Tal Hever-Chybowski, directeur de la Maison de la culture yiddish à Paris. K. transcrit ici l’essentiel de leur discussion, animée par Macha Fogel.

En septembre 2021, la journaliste Juliette Senik publiait dans K. un texte racontant son travail de documentaire sur les Juifs tentant d’obtenir leur nationalité espagnole. Ces démarches faisaient suite à la possibilité de « renaturalisation » ouverte par une loi espagnole pour les descendants des expulsés du XVe siècle. L’Espagne ne fut pas la seule nation à promulguer une telle loi. Au Portugal, le député José Ribeiro e Castro, fut l’un des deux promoteurs d’une loi de naturalisation similaire. Juliette Senik l’a rencontré et s’est entretenue avec lui… quelques temps avant que la loi ne soit gelée.

En Pologne, l’idée traditionnelle de la nation repose sur l’idée que la « polonité » est intrinsèquement attachée au catholicisme. Dans son dernier livre, la sociologue Geneviève Zubrzycki – en étudiant les contours de ce qui est régulièrement désigné comme un « renouveau juif » en Pologne – montre comment le philosémitisme des Polonais progressistes est une manifestation de leurs tentatives de briser l’équation entre la « polonité » et le catholicisme, afin d’articuler une conception plus inclusive de l’identité nationale.

Suite de l’entretien d’Avishag Zafrani avec les philosophes Gérard Bensussan et Ivan Segré sur les usages politiques de la tradition juive au sein de la tradition révolutionnaire moderne. Comment penser les processus de sécularisation d’éléments de la tradition prophétiques ou messianiques à l’œuvre à l’extrême gauche, et leur participation aux idées d’émancipation et de rédemption du monde ? Pourquoi cette permanence d’une pulsion théologico-politique dans le contexte de notre modernité politique européenne ?

Comment comprendre l’apparition d’un usage politique de la tradition juive au sein d’une certaine gauche radicale ? Cet usage est-il paradoxal, idéologiquement surdéterminé, ou procède-t-il d’un intérêt réel pour certaines sources religieuses, susceptibles de ressusciter un messianisme révolutionnaire ? Avishag Zafrani a posé la question aux philosophes Ivan Segré et Gérard Bensussan, tous les deux fins connaisseurs de la tradition juive autant que de celle de la gauche révolutionnaire.

Depuis cet été, Pinchas Goldschmidt n’est plus le grand-rabbin de Moscou, poste qu’il a occupé pendant près de trente ans. Né à Zurich, arrivé en Russie en 1988, à l’époque de Gorbatchev, pour travailler au rétablissement d’une vie juive au moment de la perestroïka, il a décidé de quitter son pays d’adoption après l’invasion de l’Ukraine, alors qu’il subissait des pressions pour soutenir la guerre. K. l’a rencontré à l’occasion de son passage à Paris pour une réunion de l’Institut pour la liberté religieuse et la sécurité en Europe (IFFSE) dont il est un des membres fondateurs, en tant que président de la Conférence des rabbins européens.

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Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.