La semaine dernière, Éric Zemmour écumait les plateaux télé pour faire la promotion de son dernier livre, La messe n’est pas dite : Pour un sursaut judéo-chrétien. Présenté comme un manifeste civilisationnel visant à redonner espoir à ceux qui regrettent la corruption de l’identité nationale française par les forces cosmopolites et autres islamo-gauchistes, Zemmour y exprime toutefois un constat acerbe : il y en a qui refusent de dire la messe. Cette matrice idéologique – toute laïcisée et nationalisée qu’elle apparaisse –, le texte de Gabriel Abensour nous en rappelle la parenté avec l’antijudaïsme catholique. La conception civilisationnelle de Zemmour peut bien se revendiquer « judéo-chrétienne », elle n’en exige pas moins des juifs une assimilation jusqu’au reniement, jusqu’au sacrifice de la conscience historique qu’ils ont d’eux-mêmes. Et le spectacle médiatique offert est d’abord celui d’une conversion publique à la France éternelle du « juif métèque » qui, dans le même geste où il prononce la messe nationale, assigne à la « remigration » ceux qui s’obstinent dans leur particularité.
Il y a cent ans, naissait en Lituanie, à Vilnius, le YIVO – Institut scientifique juif. Depuis la Seconde Guerre mondiale, où il fut déplacé à New York, le YIVO continue d’enseigner, de diffuser et de conserver la langue yiddish et la culture ashkénaze depuis les États-Unis. À l’occasion de son centenaire, Macha Fogel a rencontré pour K. l’historienne américaine Cecile Kuznitz, dont l’ouvrage YIVO and the Making of Modern Jewish Culture: Scholarship for the Yiddish Nation (Cambridge University Press, 2014) explore l’histoire de cette « Académie yiddish » et son rôle dans la construction d’une identité juive moderne.
En Suisse, du XVIIe au XIXe siècle, les villages de Lengnau et Endingen furent les seuls lieux où les juifs eurent le droit d’établir une résidence permanente. Aujourd’hui, seules les pierres gardent la mémoire de cette époque révolue. Pour K., la journaliste Évelyne Dreyfus et le photographe Éric Béracassat sont retournés sur ces terres documenter les traces d’une communauté presque effacée.