S’il fallait une preuve supplémentaire de la pente autoritariste dans laquelle s’enfonce actuellement le gouvernement israélien, on la trouvera dans le traitement qu’il réserve aux intellectuels critiques. Ainsi du cas d’Eva Illouz, contributrice fidèle de la revue K. : sa nomination au Prix Israël vient d’être contestée par le ministre israélien de l’Éducation, au motif qu’elle diffuserait une « idéologie anti-israélienne », accusation qui évolue dans ses derniers développements vers celle d’une trahison du peuple juif. Pour revenir sur cette affaire, et ce qu’elle donne à voir de l’état de la démocratie israélienne, Eva Illouz a accepté de répondre à nos questions. Elle évoque dans cet entretien l’inconfortable position qui est la sienne, dans laquelle se réfracte l’étau qui enserre les juifs n’ayant pas oublié leur attachement au progressisme : « traitres » à l’universalisme de gauche pour leur défense de l’idée sioniste, « traitres » à Israël pour leur critique de l’autoritarisme de son gouvernement et pour leur défense des droits des Palestiniens…
Qu’après le génocide arménien et la Shoah, la passion génocidaire ne soit nullement éteinte, c’est ce qu’ont révélé les crimes commis au Rwanda en 1994, par leur ampleur inouïe et leur caractère systématique d’exécution de chaque membre du peuple tutsi, visé à la fois individuellement et indistinctement. À l’heure où les rescapés vieillissent et où le négationnisme du crime qui les a frappés continue de circuler, et alors que les usages contemporains du terme de génocide dénotent une volonté d’anathème plutôt que de mise en intelligibilité de la situation, il nous a semblé nécessaire de rappeler ce qu’engage la mémoire du génocide. C’est pourquoi nous republions un reportage écrit en 2007 pour Charlie Hebdo par Stéphane Bou, qui interroge la durée du génocide des Tutsis et le travail mémoriel propre à cette épreuve.
Tout le monde apprécie les œufs en chocolat, et la saveur de l’agneau pascal (ou de ce qui en tient lieu) reste finalement assez consensuelle. Plus discriminant déjà est l’appétit pour le miracle de la résurrection et la rédemption des péchés. Mais, s’il est un mets d’exception que seuls certains savent goûter à sa juste valeur, c’est celui de la parole échangée. À l’occasion de la Pâque juive et du repas du seder, Ivan Segré nous a confié un texte interrogeant ce que l’on trouve à se mettre sous la dent lors de ce « festin de paroles », où se partage le récit d’une libération qui n’en finit pas de s’accomplir. Le comparant au banquet gréco-romain, il met en évidence l’opposition juive à l’usage de la liberté et de la parole que font les maîtres.